Pourquoi il faut relire L’Esprit des lois…

Les 11, 12, 13 novembre prochains, la France accueille le Forum de Paris sur la paix. Voulu par le Président de la République, cet évènement est l'occasion de réunir tous les acteurs de la gouvernance mondiale - États, organisations internationales, gouvernements locaux, ONG et fondations, entreprises, journalistes, syndicats, groupes religieux et citoyens. Par Pierre Goguet, président de CCI France.
Le Forum de Paris sur la Paix.
Le Forum de Paris sur la Paix. (Crédits : Reuters)

Dès avant l'armistice, en 1917, la volonté des pouvoirs publics de repositionner la France comme une grande nation économique a conduit le ministre du Commerce, Etienne Clémentel, à soutenir l'internationalisation des entreprises françaises en mobilisant les ambassades. Sans le savoir, il jetait ainsi les bases de la diplomatie économique, politique publique à laquelle le réseau consulaire est indissolublement lié. En 1919, toujours à son initiative, la Chambre de commerce internationale, organisation destinée à représenter les entreprises de tous les pays, voyait le jour.

« Partout où il y a du commerce, il y a des mœurs douces », disait Montesquieu dans L'Esprit des lois. Pour ma génération et celle de mes enfants, cette vérité était presque absolue. Nous avons connu en quelques décennies seulement, l'émergence de puissances économiques mondiales en Asie, la chute du bloc soviétique et la renaissance de la Russie, le recul de la pauvreté partout dans le monde, la construction européenne, son marché et sa monnaie uniques. Et ce ne sont là que les faits les plus marquants de notre époque moderne.

Les failles du commerce

Un siècle après la Grande Guerre qui met un terme à la première mondialisation de l'Histoire, nous redécouvrons que le commerce n'est pas un instrument de pacification en soi. Il a ses failles. Depuis plus de vingt ans, les résistances à la globalisation des économies suscitent l'inquiétude et parfois la résistance des peuples. Comment ne pas les comprendre ? La crise financière de 2008 a considérablement marqué les esprits et modelé l'idée que la mondialisation pouvait être porteuse de dangers plus que de prospérité. Les institutions chargées de la gouvernance économique mondiale peinent à se réformer pour répondre à l'impérialisme de certaines nations et les évolutions technologiques sont de nature à remettre en cause les fondements économiques sur lequel notre modèle repose.

Dans ce contexte de mutations profondes, le rôle des Etats et, plus précisément, de l'Union européenne, est essentiel pour corriger les dérives de la mondialisation et assurer la protection de leurs ressortissants. Ils doivent peser dans les instances de régulation de la mondialisation et ne pas hésiter à intervenir lorsque des dérives sont avérées. A cet égard, le projet de taxation des GAFA doit nous inspirer. Non pas pour le principe de taxer, mais parce que les règles de droit doivent s'appliquer uniformément sur le territoire si l'on ne veut pas entretenir l'idée qu'il y a des « vainqueurs » et des « perdants » de la mondialisation.

Une formidable vitalité entrepreneuriale

Je souhaite apporter une note d'optimisme. Depuis qu'il existe, le réseau des chambres de commerce et d'industrie travaille pour les entreprises. Il forme des dirigeants - via ses écoles -, les soutient dans leurs démarches et les aide à se déployer à l'étranger. Dans toutes nos régions, nous constatons une formidable vitalité entrepreneuriale. L'évolution du monde est source d'opportunités. Les chefs d'entreprises savent que les deux-tiers des emplois de demain n'existent pas encore aujourd'hui et qu'il faut donc les inventer. « Si l'esprit de commerce unit les nations, il n'unit pas de même les particuliers », poursuivait Montesquieu. C'est à cette dernière tâche que nous nous employons, parce que c'est aussi par eux que le « plus jamais ça » des poilus de la Grande guerre restera un impératif absolu.

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Commentaires 3
à écrit le 12/11/2018 à 16:06
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Merci pour les services "gratuits" aux entreprises, -payant pour le contribuable-, mais que nul n'accepterait de payer s'ils étaient facturés. Il faut fermer ces CCI. Tous ces "services" peuvent être aisément trouvés dans le privé..

à écrit le 12/11/2018 à 13:56
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JEevais prendre Montesquieu et vous l'opposer directement: "“Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice.”" Faites attention les gars, ce n'est pas parce que vous n'a...

à écrit le 12/11/2018 à 13:01
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1918, c’est aussi une époque où la république était quasi haïe. Les lumières, tout le tralala et le cirque de la raison étaient pas longs d’etre mis à la poubelle. C’etait leur place et ils auraient mieux fait d’y rester. Les lumières avaient généré ...

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