Quand le numérique investit pleinement le BTP : place à la ConstrucTech !

Pierre Anjolras, président d’Eurovia et 14 dirigeants de startups présentes au Salon INTERMAT, nous donnent leur vision de la ConstrucTech !
(Crédits : Philippe Wojazer)

On compte en France les principaux majors mondiaux du BTP. C'est une chance car c'est un secteur d'excellence technique, synonyme d'emplois et synonyme de qualité des infrastructures et des équipements d'utilité publique qui sont conçus, construits et maintenus. Pour autant, il est souvent reproché à ce secteur de ne pas avoir adopté immédiatement les nouvelles technologies pour pivoter vers de nouveaux services, des gains de productivité, de nouvelles relations commerciales. Le secteur de la construction aurait-il été à la traine de la vague de la révolution digitale et de l'essor des licornes ?

735 millions de dollars investis dans les startups du secteur l'an dernier

Une lecture factuelle des innovations dans ces métiers depuis 20 ans et plus récemment les dernières levées de fond en série A, B ou C auprès des investisseurs de Sand Hill Road ou de Menlo Park par des startups du secteur des technologies de la construction démontrent le contraire. Ces entreprises ont reçu l'an dernier plus de 735 millions de dollars de capital-risque et Katerra, startup qui ambitionne de gérer l'ensemble d'un projet de construction de A à Z vient de lever à elle-seule début 2018 la somme de 865 millions de dollars. Enfin, The Boring Company, une société de construction de tunnels fondée par Elon Musk en 2016, illustre bien le foisonnement des initiatives entrepreneuriales sur ce secteur.

L'engouement que les investisseurs de la Silicon Valley confirment aujourd'hui pour le domaine de la construction n'est pas une surprise. Comme pour tous les autres secteurs, la « ConstrucTech » repose essentiellement sur des logiciels qui optimisent la productivité, l'expérience utilisateurs et le développement de nouvelles offres.

Mutation en cours d'un écosystème complexe

Certes, la construction est un écosystème particulièrement complexe avec de nombreuses parties prenantes et de multiples relations entre donneurs d'ordre, maitres d'œuvre, entreprises et intervenants sous-traitants. Ceci peut constituer un frein à la diffusion rapide d'un segment à l'autre.

Néanmoins, lorsque les différences technologiques deviennent trop importantes entre deux segments qui se jouxtent, les ajustements nécessaires sont apportés par le segment aval. Par exemple, lorsque la gestion, la circulation et la modification constante des documents et des plans contraint l'exécution des travaux en engendrant parfois des dépassements de coûts et de délais, ce sont les entreprises qui s'adaptent. Et il est désormais possible aujourd'hui, grâce à l'omniprésence des outils digitaux sur chantier (tablettes, smartphones, portables), d'appliquer instantanément et partout n'importe quel changement garantissant une excellence de la réalisation réduisant au maximum les risques tant humains que financiers.

Les startups au contact des grands acteurs sont de plus en plus nombreuses à proposer des applications mobiles, de l'intelligence artificielle, des objets connectés, de la robotique, de la réalité augmentée et virtuelle. Ces nouvelles technologies permettent des méthodes d'analyse prédictive, des retours d'information immédiats et tout un éventail de solutions mobiles transforme quotidiennement la productivité et la qualité du travail des constructeurs, des concepteurs et des aménageurs publics et privés.

D'autres startups, qui offrent par exemple des services de partage d'équipements, participent déjà à l'optimisation d'investissements fortement capitalistiques tout en créant de nouveaux revenus. Pour les levés topographiques en carrières par exemple, l'arrivée des drones commerciaux a changé la donne. De nos jours, un drone peut faire le relevé complet d'un terrain, au centimètre près, en divisant les coûts et le temps nécessaire par cinq. Et cette baisse n'est pas terminée.

Dans le monde du BTP, l'analyse et l'exploitation des données de chantier grâce au big data représentent des attentes fortes (70% des entreprises du secteur les placent dans le top 3 de leurs attentes*). Et pour cause, les gains de productivité qui en sont issus parlent d'eux-mêmes : jusqu'à 50% de défauts en moins, jusqu'à 4h économisées par jour, jusqu'à 25% de réduction des coûts**.

La France doit jouer pleinement son rôle d'incubateur

Cet écosystème de l'innovation se développe très bien et il faut continuer à l'encourager, en connectant ces jeunes pousses de l'innovation, ces game changers, à tous les acteurs du secteur. En France, la configuration des acteurs de la construction est unique. Il faut que la France soit fière de sa « ConstrucTech » et joue pleinement son rôle d'incubateur !

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* KMPG / RealEstech, 2018
** Roland Berger / Finalcad, 2018

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Les présidents des 14 startups du Village « Startup by Eurovia » du Salon Intermat 2018 : Guillaume Bonello - Led's chat, Frédéric Corolleur - Matos, Ronald Diquélou - OpenSafe, Charles Ele - Tout pour le forage, Jean-Luc Firmin -Sharemat, Yves Frinault - Fieldwire, Serge Grygorowicz - RB3D, Kevin Legault - Équipements à partager, Mélanie Lehoux - Ibat, Jimmy Louchart - Finalcad, Roland Melet - 360 Smart Connect, Florent Michels - Futurmap, Idir Ait Si Amer - Tracktor, Jean-Philippe Panaget - CAD.42 et Pierre Anjolras, Président d'Eurovia.

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