Un parlement pour faire changer tous les climats

La Tribune est partenaire du quatrième Parlement des Entrepreneurs d’avenir qui se tiendra les 4 et 5 décembre, avec l’Université de la Terre, à l’Unesco. Le thème, - « Faisons changer tous les Climats » - résonne avec l’urgence d’un accord à la COP21. Plusieurs entrepreneurs d’avenir témoignent dans La Tribune des défis qui nous attendent.
Jacques Huybrechts, Fondateur du Parlement des Entrepreneurs d’avenir

Depuis cette funeste soirée du vendredi 13 novembre 2015 ou 129 innocents et des centaines de blessés sont tombés sous les balles des fanatiques, l'issue des négociations de la COP 21, conférence pour le Climat et plus largement la question des enjeux climatiques pourrait semblés totalement dérisoires. Et pourtant, je ne le crois pas. Les dérèglements climatiques et leurs conséquences sont un symptôme et pour reprendre les mots écrits récemment par le médecin et biologiste Jean Claude Ameisen dans la revue « Le 1 », « la médecine nous a appris l'inefficacité des démarches consistant à ne traiter qu'un symptôme sans traiter les causes ». L'Humanité est malade et la planète et le climat en particulier en payent les frais.

C'est notre mode de développement économique, politique et social et notre chemin vers le progrès qui ne sont plus soutenables ni pour nos contemporains ni pour les générations futures.

Si nous voulions vraiment changer le climat, il nous faudrait impérativement changer tous les climats et prendre comme horizon de préoccupation et d'action : l'Humanité dans sa totalité et dans sa complexité. Saisissons l'occasion et profitons de la COP 21, qui malheureusement se tiendra dans ce contexte de peur et d'incertitudes, pour tous nous engager à des changements encore plus vastes et ambitieux.

À notre échelle, nous tenterons de le faire lors du quatrième Parlement des Entrepreneurs d'avenir qui se tiendra les 4 et 5 décembre, avec l'Université de la Terre, à l'UNESCO, lieu hautement symbolique, du progrès scientifique, éducatif et culturel, et qui fête son soixante-dixième anniversaire.Pendant deux jours, plus d'une centaine de dirigeants, en présence de plus de 8000 participants, seront réunis pour échanger, témoigner, débattre et proposer des solutions pour agir. Les frontières disciplinaires et culturelles seront abolies : Entrepreneurs, politiques, chercheurs, artistes et citoyens partageront leurs analyses, mais surtout leurs expériences afin de fertiliser l'envie d'agir autrement.

Clin d'oeil appuyé et complicité avec la COP21, qui se tiendra au même moment, le Parlement des entrepreneurs d'avenir se déclinera cette année autour d'un fil rouge éminemment en phase avec cette impérieuse nécessité de grandir en Humanité: Faisons changer tous les Climats. Le climat pris dans toutes ses dimensions, nous questionne largement sur les dysfonctionnements de nos sociétés et sur l'urgence d'une mobilisation collective : États, entreprises, ONG, citoyens, tous doivent s'engager à leur niveau pour un avenir meilleur.

Le Climat économique peut-il changer ? Oui, si nous agissons concrètement pour changer nos modes de production, d'échange et de consommations. Une autre économie peut émerger, plus solidaire, plus coopérative et collaborative.

Le Climat social peut-il s'améliorer ? Oui, si nous nous mobilisons sans faiblir pour d'autres solutions pour l'Emploi et pour inventer un nouveau contrat social.

Le Climat politique peut-il être plus serein ? Oui si nous décidons tous individuellement et collectivement de donner un nouveau souffle à notre démocratie. Oui si nous ne nous laissons pas aller au repli sur nous-mêmes et aux tentations identitaires et nationalistes. Et oui si nous allions nos forces pour écraser tous les fanatiques de cette planète.

Comment faire du Climat une priorité de tous ? En prenant conscience que tous nos actes quotidiens comptent et peuvent faire pencher la balance climatique.

Et notre Climat intérieur, personnel peut-il changer ? Oui bien sûr, nous avons la possibilité de grandir en Humanité. Rappelons-nous de cette merveilleuse phrase de Gandhi : Soyons le changement que nous voulons sur cette terre.

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Arnaud Deschamps

Arnaud Deschamps, DG Nespresso France

Le courage relationnel !

Le fantastique développement des outils digitaux donnent le sentiment que nous sommes en train de vivre une révolution technologique. Mais ne nous trompons pas, c'est d'abord et avant tout une véritable révolution relationnelle que ces canaux provoquent. D'abord parce qu'ils font tomber les silos relationnels au sein de l'entreprise, comme en dehors. Derrière les salariés se profilent désormais des consommateurs, des entrepreneurs, des citoyens qui ont envie de s'exprimer et d'agir. D'ailleurs, chacun d'eux a désormais le potentiel de co-construire individuellement ou collectivement le sens et l'intention de l'organisation. Ils ont autant d'influence sur le devenir des entreprises que leurs dirigeants.

Vis-à-vis de l'extérieur, l'entreprise ne peut définitivement plus se cacher derrière ses marques et ses produits. Elle doit révéler ses valeurs, ses croyances et agir en conséquence si elle souhaite que les  consommateurs, ses partenaires et les citoyens s'engagent à ses côtés.  C'est sur ces relations honnêtes et fortes au sein de son propre écosystème que l'entreprise du XXIe siècle doit ancrer son développement.

Et parmi tous les engagements de l'entreprise, il me semble que le développement durable est insuffisamment compris. Limité à quelques bonnes pratiques, il est souvent considéré comme un coût supplémentaire, que quelqu'un doit prendre en charge dans le jeu à somme nulle entre les producteurs, les distributeurs et les clients. Alors qu'en fait, c'est un formidable levier de croissance et une formidable opportunité d'innover et repenser nos modèles économiques. L'économie de l'usage, collaborative, circulaire, sociale et solidaire, le commerce équitable, la permaculture, l'agriculture en transition... sont autant de champs d'exploration porteurs d'avenir pour les entreprises qui s'y investiront. Elles incarneront ainsi cette fameuse révolution relationnelle, fondée sur une conscience collective et des valeurs communes, et permise par le saut technologique que nous sommes en train de vivre. C'est ce qui permettra l'émergence d'un nouveau leadership.

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Emmanuelle Duez

Emmanuelle Duez, The Boson Project, WomenUp

J'aimerais pouvoir être écolo

On me demande quel climat je souhaite, moi. Je pourrais vous parler du réchauffement climatique, du mouvement des populations, d'accès aux ressources vitales, d'ours polaires anorexiques... mais non.

Ces images, ces constats nous les connaissons, et il me serait assez simple sur ces 2 pages, de ramasser mon propos sur des considérations positives et universelles façon Miss France... mais non.

Je vais également vous épargner toute récupération politique du dernier drame en date en vous parlant d'un climat de sécurité. D'autres sont bien plus rompus à l'exercice.

Je ne suis pas écolo. Et pourtant j'entends. J'entends qu'en 30 ans, l'humanité a détruit 30% des ressources naturelles de la planète.

Et pourtant je lis. Je lis que sur les 47.000 espèces répertoriées, 17.000 sont menacées.

Et pourtant je vois. Je vois que les maigres efforts des grands pays industrialisés ne parviendront pas à endiguer l'augmentation du gaz à effet de serre.

Et pourtant je ressens. Je ressens le besoin criant de trouver une solution concertée à un problème qui s'aggrave dans l'attentisme général.

Et pourtant, je devrais probablement l'être. Puisque je m'engage à revaloriser ce que j'aime à appeler le Capital humain dans les organisations. Puisque l'impact du dérèglement climatique se mesure déjà en termes de vies humaines. Étendre mon engagement à un niveau plus global pourrait sembler logique. Simple. Mais non.

Mais j'aimerais pouvoir. J'aimerais pouvoir. Car des particules fines, j'en respire, comme vous tous. Si fines que mon engagement ne peut s'y accrocher. Leurs conséquences, bien que réelles ne sont malheureusement pas encore assez palpables pour que je prenne les armes.

J'aimerais pouvoir. Mais comment demander à ma génération de s'engager quand aujourd'hui l'écologie en France n'est plus qu'une force d'appoint dans un jeu politique désormais obsolète. L'utilité de la COP 21 relève pour moi du fantasme. Que quelqu'un m'explique son impact.

J'aimerais pouvoir. Mais il y a tellement de choses à faire avant. Chaque climat : politique, financier, sécuritaire, social mérite mon engagement. Je ne suis pas cynique, mais comment prioriser mon engagement ? Comment prioriser ce qui ne peut pas l'être ? Comment préserver le long terme alors qu'il y a tellement à faire au court terme ?

J'aimerais pouvoir être écolo, car dans un monde où l'écologie serait mon engagement premier, les autres grandes batailles auraient été gagnées.

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Eric Lombard

Eric Lombard, directeur général Generali France

Mutualiser les idées responsables pour infléchir les dérives climatiques

Alors que la France est endeuillée par les attaques terroristes, l'importance du rendez-vous de la COP21 peut prendre des accents secondaires. Le climat est pourtant un sujet essentiel au cœur de bien d'enjeux géopolitiques et qui conditionne notre avenir. Je vois un facteur d'espoir : la conscience récente que les dégradations climatiques nous sont imputables alors que nous sommes sept milliards d'individus, contre moins d'un milliard jusqu'au début du XIXe siècle.

C'est à cette époque que l'assurance s'est répandue dans nos économies, avec un rôle de « régulation » des risques. Deux cents ans après, les fondamentaux de notre métier sont questionnés. Pour que l'assurance soit possible, il faut que trois conditions soient réunies : qu'il y ait un aléa, que cet aléa soit quantifiable afin de pouvoir en déterminer un prix, qu'il soit « mutualisable » au sein d'une communauté d'assurés.

Or, jusqu'à quand l'aléa cèdera-t-il la place à la certitude ? Les « colères du ciel » qui s'intensifient impactent directement ces fondamentaux métier en générant des dommages d'une ampleur nouvelle. Depuis 1970, les réassureurs ont commencé de recenser les grandes catastrophes naturelles. Leur augmentation, de décennie en décennie, suit une tendance dont on peut s'étonner qu'elle n'ait pas inquiété et mobilisé davantage jusqu'ici.

Face à ces évolutions, l'assurance peut agir sur différents leviers : la gestion des actifs immobiliers et financiers que nous pouvons diriger vers l'économie verte, le pilotage responsable de notre propre activité. Mais le levier sans conteste le plus puissant que nous puissions actionner est celui de nos clients. Nous avons des millions de clients particuliers, professionnels ou entrepreneurs. Nous pouvons avoir auprès d'eux une action puissante pour les inciter à des comportements plus responsables. Notre métier est de mutualiser les risques, mais nous pouvons aussi mutualiser les pratiques vertueuses en les partageant avec nos clients. Avec des systèmes de bonification, nous pouvons inciter ceux qui concourent à mieux maitriser leurs risques en adoptant des comportements responsables ou des politiques de responsabilité sociale et environnementale. Chacun peut agir sur le terrain de la responsabilité pour infléchir les évolutions du climat.

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Stéphane Distinguin, Président de Fabernovel

Encore un effort pour être vraiment révolutionnaire !

Le climat que j'aimerais changer, c'est celui de mon microcosme, ce microclimat au temps californien. Il y fait beau toute l'année. Ce n'est pas tant que je rêve de pluie ou d'un bon éclatement de la bulle, pour que la température retombe. Je ne suis pas un entrepreneur qui déteste la croissance, comme Giono, le provençal qui n'aimait pas le soleil.

Il me saute aux yeux que la filière numérique dans laquelle je file des jours heureux m'emploie pour manger le monde et le transformer, ne s'ouvre pas assez, finalement.

Deux vœux donc à partager avec mes «  camarades de l'écosystème », si prompts à l'incantation magique du « sésame ouvre-toi », du tout-open, source, data, innovation... car deux dimensions fondamentales nous manquent.

La nature. S'il est une méthode qui a fait l'unanimité depuis 10 ans, c'est le Design Thinking de Tim Brown, fondateur d'IDEO et père de la D.School de Stanford. Ses fondements sont l'étude anthropologique, de terrain, et l'itération. Les méthodes dites agiles qui forment la doxa de la culture et des développements numériques en sont très proches. Rendez-vous compte que la nature, le recyclage, la réflexion d'une conception et d'une production par essence biodégradable n'est pour ainsi dire jamais prise en compte sur les slides et les matrices de ceux qui conçoivent et construisent les produits et les services de notre futur forcément connecté. Centré sur l'utilisateur, frugale et agile, itérative, mais trop souvent pour ne pas dire systématiquement détaché de la nature et de son impact sur l'environnement. Le numérique ne tient pas son rang et c'est sans doute le seul sujet sur lequel sa capacité à tout accélérer m'inquiète.

Et la diversité ? Second vœu, changer le climat, cela peut aussi être d'ouvrir les portes et les fenêtres pour laisser passer un courant d'air frais dans un microcosme  qui innove et crée sans faire suffisamment de place aux femmes, aux minorités, aux jeunes moins « bien diplômés ». Paradoxe d'un monde qui aime la disruption entre insiders. Combien d'Afro-Américains patron de start-up ? Mais cela nous arrange bien de pointer du doigt les leaders qui ne donnent pas l'exemple : quelle serait la réponse en France ?

Le numérique est, j'ose l'écrire, un cadeau du ciel au moment où il s'apprête à nous tomber sur la tête. Il est nécessaire et urgent d'utiliser sa puissance et sa capacité de transformation, sa culture du risque et des défis globaux aussi. Ouvrons-les ouverts, je sais qu'ils peuvent faire plus.

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Tristan Lecomte, Fondateur de PUR Projet

Changer son climat intérieur.

Les enjeux climatiques et plus globalement les défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés sont colossaux, il faudrait par exemple planter 260 millions d'arbres par jour pour compenser l'empreinte carbone mondiale, alors qu'à l'inverse de cela, nous en détruisons plus de 20 millions par jour...

C'est l'ensemble de notre mode de vie que l'on doit changer, et ceci ne peut passer que par un changement individuel et personnel. L'origine de tous ces désordres se trouve au plus profond de chacun de nous, dans la fracture de notre rapport à la Nature. Nous avons à présent peur de la Nature, en particulier pour les populations urbaines, de plus en plus nombreuses, "élevées hors sol". La Nature nous parait extérieure à nous-mêmes, étrangère, alors qu'en fait elle nous définit.

La vue du moindre moustique ou insecte entraîne irrémédiablement une peur et l'envie de le détruire, on le ressent comme une menace, alors qu'il constitue une partie de la chaîne alimentaire qui nous nourrit. On s'est orienté vers le fait de contraindre artificiellement la Nature, dans le domaine agricole par exemple, alors que celle-ci recèle d'interdépendances multiples bénéfiques a l'Homme, au-delà de ce que tout ce que nous pourrons inventer par nous-mêmes. Il faut donc opérer une révolution copernicienne de notre rapport à la Nature.

Au niveau du monde économique, il en est de même, on concentre tous nos efforts sur la création de valeurs artificielles souvent néfastes à la vie de la Terre, dans le domaine énergétique, agricole, financier... La création de valeurs écosystémiques (de services environnementaux : climatiques, biodiversité, sol, eau...) est pourtant le plus gros gisement de croissance et de création d'emplois qui existe aujourd'hui avec le secteur des nouvelles technologies. L'ancien modèle, lui, est mort, et n'arrive plus à générer de la croissance. Pour envisager ce changement, il faut revenir à soi, ses motivations, ses valeurs, ce qui nous rend vraiment heureux. Est-ce la production et la consommation de produits vides de sens et destructeurs, ou la création de produits et services bénéfiques a l'Homme, son écosystème et les générations futures ?

Agir pour le bien commun rend heureux, c'est même l'unique voie d'un bonheur durable, nous en faisons tous l'expérience quand nous nous engageons. Pour résoudre la question climatique, nous devrons tous, pays riches en tête, opérer ce changement, pour notre propre bien-être et celui des générations futures.

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Blanche Segrestin

Blanche Segrestin, Professeur, Chaire « Théorie de l'Entreprise. Modèles de gouvernance & Création collective », Mines ParisTech, PSL Research University

Changer la logique de la gouvernance d'entreprise. Vers une gouvernance renversée ?

Depuis que les codes en ont formalisé les principes, la gouvernance d'entreprise vise à discipliner le comportement des dirigeants afin qu'ils agissent au mieux des intérêts des actionnaires. Tout porte à croire que c'est une gouvernance renversée qu'il nous faut pour l'avenir : une gouvernance qui n'aligne pas les comportements des dirigeants sur l'intérêt des actionnaires, mais qui assure au contraire aux entrepreneurs la possibilité de poursuivre des finalités sociales et environnementales et qui engage les actionnaires sur ces finalités. Un tel renversement de la gouvernance suppose, comme l'ont montré les travaux menés sur l'entreprise au Collège des Bernardins, une évolution du droit des sociétés.

Car dans le climat actuel des affaires, les ambitions sociales ou environnementales d'une entreprise sont aisément sacrifiées pour en optimiser la profitabilité. Et même lorsque les actionnaires souscrivent un temps aux objectifs extrafinanciers, les actionnaires à venir ne seront aucunement tenus d'avoir la même attitude et tout changement d'actionnaire peut remettre en cause les objectifs de départ. Cette configuration de gouvernance fragilise toute entreprise à vocation sociale, scientifique ou environnementale. Au point parfois de les dissuader.

Pour changer ce climat, de nouvelles formes de société ont été introduites dans plus de trente États américains depuis 2012. Ces sociétés, dites « purpose-with-profit corporations » se caractérisent par l'inscription dans leur statut d'un purpose, c'est-à-dire d'une mission sociale ou environnementale. Elles prévoient en conséquence que les associés ne peuvent modifier la mission que dans des conditions particulières ; et que l'action des dirigeants soit expressément évaluée à l'aune de cette mission. En France, nous proposons que soit créé un statut équivalent de « société à objet social étendu ». Il s'agit de renverser la logique de la gouvernance ; et de restaurer, plus fondamentalement, l'essence même de l'entreprise.

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Yann Queinnec, Directeur général d'Affectio Mutandi

Entreprises et ONG : pour un nouveau climat de confiance

Entre les entreprises qui s'engagent à sauver la planète et éradiquer la pauvreté, les ONG qui promettent la fin des excès du capitalisme, qui perd gagne au jeu des excès de promesses ? Entreprises et ONG ont un objectif commun. Se faire entendre du citoyen, gagner sa confiance pour l'amener à agir. Une quête partagée de la confiance citoyenne qui interroge la responsabilité de ces organisations actrices principales des mutations sociétales à l'œuvre d'où surgit l'Homo Ethicus Numericus qui rode en chacun de nous.

Aujourd'hui, les entreprises, à trop s'engager sur les défis sociaux et environnementaux, s'exposent à des risques juridiques, sociétaux et réputationnels. À l'heure de la révolution digitale où plus rien ou presque n'échappe aux lanceurs d'alerte, les retours de flamme des promesses non tenues sont à la fois plus fréquents et violents, comme les effets du changement climatique... Du récent scandale Volkswagen aux révélations sur les pratiques d'évasion fiscale ou les conditions sociales et environnementales de production, ces travers amènent les entreprises à s'expliquer devant l'opinion et la justice et progressivement devant leurs actionnaires.

Les ONG quant à elles prennent le risque de décevoir, à trop forcer le trait pour convaincre les régulateurs de réguler, à exprimer des attentes souvent hors d'atteinte pour des entreprises confrontées à des compétiteurs déloyaux. L'irremplaçable travail des ONG, s'il force parfois des entreprises à mieux faire, s'il convainc de temps en temps les régulateurs d'établir de nouvelles obligations, ou les juges d'ouvrir des enquêtes concernant des pratiques perpétrées dans les pays de production à gouvernance perfectible, ne peut que laisser un goût d'inachevé. Passée l'adrénaline de l'action, quel est l'impact réel des campagnes des ONG ?

Témoin ou acteur, le citoyen est ainsi au centre du climat de défiance entre ONG et entreprises qui posent une question redoutable : Cette logique de rapport de force est-elle encore de mise devant les défis à relever ? Entre la posture de déni de responsabilité des entreprises et les cris d'orfraie ou de victoire des ONG, un vide sidéral reste à combler. À ce climat de défiance doit succéder aujourd'hui un climat de confiance qui nécessite d'associer le citoyen qui, de plus en plus digitalisé et en pleine recherche de sens, souhaite être le maître de son destin individuel et collectif.

C'est une prise de risque de part et d'autre que de sortir de postures confortables. S'il est parfaitement légitime de critiquer les ratés qui sont légion, il l'est tout autant de reconnaître les avancées qui ne le sont pas moins. Le temps des alliances objectives ONG-entreprises est venu !  Il est déjà à l'œuvre à l'instar du projet Singa qui apporte des solutions concrètes pour l'accueil des réfugiés en mobilisant des institutions, entreprises, acteurs de l'ESS et du digital, autant de Changemakers aux cultures et savoir-faire complémentaires.

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Tony Meloto, Président-fondateur de l'ONG Gawad Kalinga

Susciter un mouvement d'héroïsme collectif pour transformer la société

« Bayanihan » signifie en Philippin « héroïsme collectif ». Traditionnellement ce terme était utilisé lorsque les hommes d'un village se réunissaient pour déplacer la maison de l'un d'entre eux. Mus par un esprit de solidarité, ces hommes unissaient leurs forces pour accomplir quelque chose qu'aucun d'entre eux n'aurait pu accomplir seul.

Lors de ces dix dernières années, cet esprit d'héroïsme collectif a été moteur d'un mouvement de transformation aux répercussions exceptionnelles aux Philippines. Un million de personnes sont sorties de l'extrême pauvreté et ont été logées au sein des 2.500 villages créés par l'ONG Gawad Kalinga avec l'aide de près de 700 entreprises et de 500 maires. Des centaines de chefs de gangs ont radicalement changé de comportement pour se transformer en bâtisseurs de leurs communautés, soudées autour des valeurs du partage et de la solidarité. L'année dernière, Gawad Kalinga a mobilisé pas moins d'1,7 millions de volontaires durant les deux mois consacrés à la reconstruction après le Typhon Yolanda. Le mouvement dépasse désormais largement l'action de l'ONG. Depuis 5 ans, nous œuvrons à construire aux Philippines la Silicon Valley de l'entreprenariat social, dans l'espoir de lever 500.000 entrepreneurs sociaux d'ici 2025 afin de mettre fin à la pauvreté aux Philippines. Symbole de cet élan aux Philippines, l'entreprise sociale Human Nature est devenue le leader national des cosmétiques bio et/ou naturels. L'entreprise emploie près de 400 personnes, dont 60% parmi les plus démunis, rémunérés plus du double des salaires du secteur. L'ONG accompagne également une variété d'entreprises sociales opérant par exemple au sein de l'industrie alimentaire, de l'industrie du jouet, des boissons, ou du tourisme social. La première ferme/village/université en Asie a été créée afin de renforcer le soutien apporté aux entreprises sociales et d'offrir une plateforme solidaire de rencontre et de partenariat entre les plus démunis et les entrepreneurs sociaux occidentaux et asiatiques.

Le monde fait aujourd'hui face à des d'immenses défis. La lutte contre le réchauffement climatique qui sera au cœur de la COP21 en décembre exige des nations des efforts historiques. Les attentats du 13 novembre à Paris sont révélateurs : l'instabilité au Moyen-Orient est plus que jamais un problème mondial. L'interdépendance entre les hommes est plus grande qu'elle n'a jamais été.

Il est plus que jamais temps de s'unir autour de cet esprit d'héroïsme collectif afin de transcender les intérêts particuliers et construire un monde plus juste, un monde meilleur. Chacun d'entre nous peut faire vivre et diffuser cet esprit au quotidien et devenir un acteur du changement.

NB. L'ONG Gawad Kalinga qui a contribué à sortir 1 million de personnes de la pauvreté à travers la création de 2.500 villages pour les pauvres en dix ans. Maintes fois primée pour son modèle innovateur de réduction de la pauvreté, l'ONG ambitionne de contribuer à lever 500.000 entrepreneurs sociaux d'ici 2024 afin de mettre fin à la pauvreté pour 25 millions de personnes.

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Thierry Roche

Thierry Roche, Architecte Urbaniste

Ré-enchantons la ville

Tous les indicateurs environnementaux indiquent que nous avons quitté aujourd'hui la zone d'un retour possible en arrière pour rentrer dans l'ère où notre survie passera par notre capacité à nous adapter ! Notre seul salut passe donc par notre capacité à nous relier les uns aux autres. Il y a donc urgence. « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir ensemble comme des idiots » nous prévenait déjà Martin Luther King. La finalité de l'intégration sociale est bien, pour chacun, de pouvoir jouir de ses droits et d'exercer sa qualité de citoyen. Mais il ne suffit pas de vouloir une ville inclusive, encore faut-il que l'habitant y trouve sa place. Or la ville est composée d'une multitude de tributs, de catégories sociales et intergénérationnelles qui, vivant en un même site, ne partagent pas forcément les mêmes aspirations... et c'est tant mieux. Mettons notre énergie dans l'accueil de l'autre et de la diversité comme facteur de croissance et d'échange

Nous voyons se développer, aujourd'hui, une multitude d'activités économiques dites "alternatives", mais qui exploitent simplement la vocation première du commerce : l'échange et le gout des autres. La création de ces tiers-lieux (cyclo-café, espaces co-working, fab-lab..) pourrait apparaitre comme une vision alternativo-bobo-gentillette d'une activité favorisant la gentrification des quartiers. Ne nous y trompons pas ! Aujourd'hui ce type de développement produit de réelles aventures économiques et des pratiques copiées par les plus grandes entreprises. Travaillant à Montréal, j'ai pu apprécier la liberté donnée sur les espaces publics aux activités d'échanges (give-box, bibliothèques ouvertes, art-street...) ainsi qu'à l'extraordinaire créativité des espaces de co-working. Il sera toujours objecté que cela ne marchera jamais chez nous ! Trop d'incivilités... La violence nait toujours d'un manque de vocabulaire. Quand on n'a pas de mots pour exprimer sa souffrance, sa frustration, on l'exprime par des gestes ou des mots violents. Dans la ville, se côtoie des histoires et des pratiques urbaines différentes, une dichotomie entre la vie de jour et la vie nocturne, la liberté de parole et des incivilités, une économie responsable et du deal de produits illicites... c'est aussi ça la vi(lle)e, mais nous devons favoriser le sentiment si essentiel d'appartenir à une même communauté de destin.

Ne nous y trompons pas, notre culture cartésienne qui produit la ville aujourd'hui nous conduit à une pensée transhumaniste de la ville y compris dans la prise en compte des enjeux environnementaux. Ce mouvement culturel et intellectuel prône l'usage de la science et des technologies afin d'améliorer les capacités physiques et mentales des êtres humains. Les smart grids ou la ville 2.0 ne peut accepter le désordre et l'imprévu. Cette angoisse face à la souffrance et à la mort aveugle les décideurs qui voient en la science et donc dans la mise en place de procédures une solution concrète, vérifiable, quantifiable du risque. Ainsi on en est venu à fabriquer une ville normée, certifiée, sécurisée : la ville propre.

Concepteurs de villes, élus, aménageurs, ayons le souci de favoriser dans l'organisation de nos villes "la sérendipité" (Gestion créative de l'inattendu), favorisons, par des espaces "capables", la création d'histoires, de rencontres inattendues. La ville doit être équitable et durable, mais surtout désirable ! À chacun de prendre sa part pour ré-enchanter la ville et mettre son énergie à créer tout ce qui peut favoriser le lien, même dans notre diversité.

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Catherine Muller

Catherine Muller, Présidente de l'Union Nationale des Entreprises du Paysage

Demain, la ville sera verte ... ou ne sera pas !

À l'heure où plus de la moitié de la population mondiale est constituée de citadins, les espaces de nature en ville ont un rôle déterminant à jouer pour atténuer les effets du réchauffement climatique ! Faut-il rappeler qu'à l'échéance 2060-2100, le Groupe Intergouvernemental d'Experts sur le Climat (GIEC) prévoit une augmentation moyenne de la température terrestre de 4°C ? De quoi laisser penser que les épisodes caniculaires vont se multiplier dans la plupart des villes.

La végétalisation du bâti et l'aménagement d'espaces verts urbains apportent des solutions concrètes aux principaux enjeux climatiques. Les études scientifiques sont unanimes ! Dans les parcs et les rues, sur les murs et les toitures, partout, les végétaux jouent le rôle de climatiseurs urbains. Multiplier les espaces verts permet d'abaisser la température en créant des « îlots de fraîcheur ».

Pour améliorer la qualité de l'air, suivons l'exemple des villes pionnières qui ont adopté le réflexe « 1 habitant = 1 arbre ». Les arbres filtrent les particules polluantes et piègent les gaz à effet de serre. Deux arbres à maturité, ou 200 m² de pelouse, produisent en moyenne l'oxygène nécessaire pour une famille de quatre personnes !

L'investissement moyen en faveur des espaces verts représente 1 % du budget des villes françaises. Pourtant, 1 Français sur 3 considère que ces budgets sont insuffisants et ils sont 7 sur 10 à choisir leur lieu de vie en fonction de la présence d'espaces verts à proximité (Source : Palmarès des villes vertes de France, Unep-Ipsos 2014). Dans ces conditions, qu'attendent nos responsables politiques pour répondre à l'enjeu climatique et aux attentes de nos concitoyens ? À l'heure où la COP21 démarre à Paris, ne parlons pas que de ville connectée, de bâtiments à énergie positive et de circulation douce. Passons de la Smart City à la Green City. Améliorons et intensifions les infrastructures vertes. Sensibilisons les décideurs à cette nécessaire évolution de nos villes. Donnons corps à la « ville végétale » de demain, bioclimatique et durable.

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Emmanuel Druon

Emmanuel Druon, Président de Pocheco

Entreprendre sans détruire

Depuis vingt ans dans notre usine Pocheco de production d'enveloppes en papier, avec 122 collègues nous entreprenons sans détruire. Notre principale ressource : les arbres, 300.000 sont plantés quand 60.000 sont coupés chaque année pour notre activité. Nous récupérons l'eau de pluie et la retraitons après utilisation dans notre bambouseraie de phyto remédiation, nous sommes auto suffisants en ressources hydriques. Nous imprimons avec des encres sans solvant, à base d'eau et de pigments naturels sans métaux lourds. 99% de nos déchets sont recyclés. Nous produisons notre énergie. Nous avons  supprimé toute hiérarchie. Nous démontrons par nos actes qu'il est plus économique de travailler de façon écologique. 9 millions investis dans ces méthodes douces et productives depuis 1997 ont produit 15 millions de revenus et nous ont permis de créer 30 emplois locaux. Collectivement, en s'inspirant de ces méthodes reproductibles, nous pouvons changer le climat dans l'industrie.

Au 21e siècle l'industrie pourrait s'affranchir quasi complètement des énergies fossiles et se refonder en n'exploitant que les ressources naturelles renouvelables à l'échelle du temps humain (les végétaux par exemple), en transformant les déchets des deux premières révolutions industrielles (dans notre région nord près de 100 friches industrielles lourdement polluées à reconcquérir), en recyclant et en développant les mix issus des énergies disponibles le vent, la marée, le soleil. Et en partageant vraiment la connaissance. Accueillir les réfugiés plutôt que dresser les populations les unes contre les autres, privilégier la confiance plutôt que la défiance, la coopération remplace la compétition. Chez Pocheco, ça marche ! Changer de climat, nous pouvons changer tous les climats.

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Laurence Vanhée, Chief Happiness Officer, Happyformance

Patrons, managers, DRH : soyons des développeurs de patrimoine humain !

Qui s'est un jour senti inspiré/e par le fait d'être une ressource humaine ? Qui a déjà éprouvé de la confiance dans le développement de sa carrière en étant qualifié de capital humain ? Il est évident que cette terminologie propre aux manuels de gestion n'a pas pour vocation d'éveiller le respect et l'épanouissement des hommes et des femmes qui composent nos organisations. Au contraire, sachant que l'homme a la fâcheuse tendance d'épuiser les ressources mises à sa disposition et à vouloir faire fructifier à tout prix - la fin justifiant les moyens - le capital qu'il crée ou qu'on lui confie. Notre activité professionnelle serait une triste conclusion si elle se résumait à ce constat.

Heureusement, une nouvelle génération d'organisations est en train de se faire remarquer tant ses réalisations sont prometteuses. Ces organisations se proclament libérées ou "happy". Et parfois, voire souvent, elles n'ont que faire de ces qualificatifs parce qu'elles se contentent d'innover, de tenter, de réinventer une nouvelle façon de vivre et de travailler ensemble. Elles cultivent de façon harmonieuse la performance pérenne et l'épanouissement des collaborateurs. Elles combinent avec intelligence, sincérité et courage ces notions fondamentales de nos démocraties que sont la liberté et la responsabilité. Elles assument leurs ambitions de veiller au bonheur (au travail) de leurs collaborateurs et de leurs clients... et par conséquent, de leurs actionnaires. Leurs indicateurs sont au vert et ce, de façon pérenne. Et c'est bien là toute la différence.

Les managers de ces organisations sont des animateurs, des facilitateurs, des leaders qui enthousiasment les équipes et rendent du sens à l'activité professionnelle. Ils créent une vision qui rassemble et qui sera concrétisée par les suggestions des équipiers. Leur succès se traduit par le succès de leurs équipes. Ils sont conscients qu'ils ne sont ni omnipotents, ni indéboulonnables dans leur fonction. Ils veillent à transmettre leur équipe à leur successeur dans un état de développement au moins aussi bon que celui dans lequel ils en ont pris la charge. Ils refusent de voir les collaborateurs comme un centre de coût, comme un numéro. Ils s'intéressent sincèrement à la singularité de chacun et ils ont ce don d'associer les forces de tous en un tout encore plus créateur de valeurs ajoutées. Si vous êtes ces leaders, vous êtes des développeurs de patrimoine humain. Et nos organisations ont terriblement besoin de vous !

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Dominique Royet directrice de Max Havelaar France

La consommation, un acte citoyen

« L'objectif du commerce équitable est de lutter contre ce que le monde produit en quantité : la pauvreté. »

Cette définition de Juan Eduardo Henriquez, apiculteur chilien engagé dans le commerce équitable, depuis plus de quinze ans, en dit long. À la veille de la COP21, il semble important de rappeler que le changement climatique n'est pas qu'une question d'environnement, mais aussi de pauvreté. Nous constatons que les petits producteurs des pays en développement subissent de plein fouet ce changement climatique, mais ne sont pas les principaux responsables de la situation. Le changement climatique est un exemple de plus de la fracture Nord-Sud.

Depuis plus de 20 ans, le mouvement de commerce équitable permet à des communautés rurales d'enclencher un cercle vertueux de développement en partant d'un principe simple : celui qui travaille la terre doit pouvoir vivre de son travail et transmettre cette possibilité à ses enfants. Pour cela, les cahiers des charges Max Havelaar permettent de fixer les conditions d'une agriculture commercialement durable.

Mais, à la pauvreté, se rajoute les problèmes liés aux changements climatiques. Les petits producteurs sont les premières victimes des changements climatiques : à chaque degré d'augmentation de la température, correspond une chute des rendements agricoles de 10 à 20%. En utilisant la prime de développement du commerce équitable, avec l'appui des équipes de Max Havelaar (Fairtrade International), ils mettent en place des projets pour adapter leurs cultures aux nouvelles conditions climatiques et pour alléger le poids de l'agriculture dans l'addition de CO2. Des producteurs de café engagés dans le commerce équitable, au Pérou, par exemple, après avoir perdu près de la moitié de leur récolte à cause de la rouille, ont identifié la déforestation comme un problème majeur dans la région. Aujourd'hui, avec le soutien de Max Havelaar et des entreprises engagées dans le commerce équitable, ils ont planté 40 000 arbres d'ombrage entre les plants de café, telles des haies vives et des barrières au vent, pour limiter l'érosion.  Ces arbres protègent les plants de café et absorbent du CO2.

En Afrique de l'Est, début 2012, les petits producteurs de thé issu du commerce équitable ont souffert de fortes gelées, inhabituelles, qui ont détruit des milliers d'acres de plants. Depuis, ils ont mis en place un projet de formations sur les pratiques de gestion durable des terres agricoles telles que l'utilisation des résidus de récolte, la diversification des cultures, l'irrigation, ainsi que de meilleures pratiques agronomiques comme la plantation précoce, les cultures intercalaires, et l'utilisation efficace des engrais. Plus de 14 000 cultivateurs de thé engagés dans le commerce équitable ont bénéficié de la formation, dans 21 organisations au Kenya, au Rwanda, en Tanzanie et en Ouganda.

Le commerce équitable permet la mise en place de méthodes agricoles moins impactantes en termes de CO2.  C'est une arme pour lutter contre le changement climatique, une arme qui nous permet à tous d'avoir le pouvoir d'agir. Les citoyens, par leurs choix de consommation, les entreprises, par le changement des pratiques commerciales et les producteurs par leurs pratiques agricoles. Reste aux gouvernements de prendre des engagements forts pour contrôler le réchauffement climatique et pour appuyer les pays du Sud à s'adapter et à lutter contre ce phénomène.

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