Bourgogne-Franche-Comté : une plateforme numérique pour coordonner tous les acteurs de la chaîne de secours

La Bourgogne-Franche-Comté a déployé de manière harmonisée la solution numérique et mobile, Nomadeec, développée par la filiale e-santé d'Orange Business. Cette application accessible sur une tablette permet ainsi à tous les acteurs de la chaîne de secours de travailler ensemble pour faciliter la transmission des bilans des victimes et permettre de mieux orienter les personnes prises en charge.
(De gauche à droite) Thomas Chaussade, Jérôme Cabanne et le docteur Dreyfus, responsable samu 21 CRRA/Centre 15.
(De gauche à droite) Thomas Chaussade, Jérôme Cabanne et le docteur Dreyfus, responsable samu 21 CRRA/Centre 15. (Crédits : Amandine Ibled)

C'est une réponse aux défis de la désertification médicale et de l'engorgement des urgences. Mardi 19 septembre, à Dijon, la filiale e-santé d'Orange Business est venue présenter sa solution numérique et mobile, Nomadeec, pour équiper les services de secours. Une solution que la Bourgogne-Franche-Comté est la première région à partager de manière harmonisée avec l'ensemble des acteurs de la chaîne des secours, publics et privés, que ce soient les SAMU, les pompiers, les ambulanciers, les hôpitaux. Grâce à cette application, les professionnels de santé deviennent ainsi « les yeux du SAMU » à distance.

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Les bilans des victimes envoyés sur une même plateforme

« C'est un gain de temps considérable dans la transmission des bilans », confie Thomas Chaussade, médecin chef adjoint du SDIS 21. En effet, auparavant, lors de la majorité des interventions, les bilans des victimes étaient dressés oralement puis transmis à la régulation médicale pour être consignés sur papier. Désormais, ils sont présentés d'une manière uniformisée et leur parviennent sur une seule et même plateforme.

La Bourgogne-Franche-Comté, soutenue par les conseils départementaux et l'ARS, s'est ainsi équipée de 187 tablettes depuis 2021 pour tester la solution. Concrètement, sur les départements de la Nièvre et de la Côte-d'Or, ce sont plus de 95.000 bilans qui ont été traités en 2022. « L'utilisation de la tablette numérique limite les erreurs humaines de transmission d'informations. Les données de santé sont plus sécurisées », ajoute Thomas Chaussade.

Les bénéfices concrets pour la population sont, en effet, multiples : une orientation plus rapide des patients vers les filières hospitalières adaptées, la réduction des hospitalisations évitables et une meilleure collaboration entre tous les acteurs. « Beaucoup de patients se retrouvent aux urgences médicales par manque de réponses médicales. Notre solution permet de mobiliser des professionnels de santé, comme des infirmiers libéraux, qui se déplacent au chevet des patients avec des tablettes, et des outils de télémédecine qui envoient, en un clic, le bilan au médecin régulateur », explique Jérôme Cabanne, directeur Métier Santé & Secours - Division Télémédecine - Enovacom Nomadeec (filiale Santé d'Orange).

En effet, les professionnels de santé « se rejoignent sur une plateforme de télémédecine commune pour l'urgence de métier, mais également pour la téléconsultation programmée », précise Xavier Maurin, co-fondateur de la plateforme et directeur de la division télémédecine chez Orange. Ainsi, « ces dispositifs médicaux connectés permettent à l'infirmière, par exemple, de faire une auscultation avec un médecin à distance, qui peut écouter le rythme cardiaque ou pulmonaire, ou même réaliser une échographie », détaille-t-il.

L’utilisation de la tablette numérique limite les erreurs humaines de transmission d’informations.

[Cette solution permet « un gain de temps considérable dans la transmission des bilans », confie Thomas Chaussade. Crédit : A.I.]

Un déploiement national

La Bourgogne-Franche-Comté est donc la première à déployer cette solution de manière harmonisée. « Ce sont les premiers à avoir eu l'intelligence de travailler ensemble plutôt que chacun dans son coin, avec un outil différent », se réjouit Xavier Maurin.

Au-delà de la région, Nomadeec a vocation à se développer sur l'ensemble du territoire français. « Le SAMU de Poitiers est le premier à avoir fait confiance à notre solution. Aujourd'hui, nous avons près d'un tiers des Samu qui sont utilisateurs de la solution et autour de ces Samu, nous avons également équipé plus de 200 sociétés d'ambulances et près de 300 établissements médico-sociaux, dont une majorité d'Ehpad », indique Xavier Maurin. La solution intéresse également certains pays européens qui ont déjà contacté la société Enovacom.

Pour un établissement, l'acquisition de la solution Nomadeec peut coûter entre 5.000 et 10.000 euros, en fonction du matériel qui sera associé au logiciel. Par exemple, un électrocardiogramme pour réaliser un tracé sur une douleur thoracique, un tensiomètre, un oxymètre pour mesurer le taux l'oxygène dans le sang, ou encore un stéthoscope.

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Vers le véhicule de santé connecté et l'intelligence artificielle

Après avoir quitté la feuille de papier sur le terrain, remplacée par les tablettes, la prochaine étape est de proposer un véhicule de santé connecté. Tout l'enjeu est d'assurer la connectivité permanente afin de pouvoir transmettre instantanément les bilans, à bord des ambulances qui roulent. Car aujourd'hui, il reste des zones blanches sur les territoires où la transmission via la tablette et l'application est impossible. Le véhicule deviendrait « une box roulante, sorte de hub de connectivité en temps réel », explique Xavier Maurin.

« Nous sommes sur un projet de partenariat avec différents acteurs. Nous apportons la technologie, et les autres acteurs amèneront toute la connectivité en collaboration avec Orange », précise-t-il.

D'autant plus que l'intelligence artificielle devrait également arriver rapidement. « L'objectif est d'avoir des IA qui vont aider les intervenants de terrain et de l'hôpital pour prendre de meilleures décisions », assure-t-il. « Ces IA ne pourront pas tourner sur les tablettes, car elles sont trop puissantes. Il faudra des routeurs qui ont la capacité d'aller chercher le meilleur réseau disponible en permanence, sur du satellitaire si besoin », confie-t-il.

Des enjeux de souveraineté

« Ce projet s'inscrit dans une stratégie verticale d'Orange, qui est hébergeur de données de santé certifié. Nous souhaitons investir dans des solutions techniques qui offrent des services aux citoyens », souligne Éric Faure, directeur entreprises Orange Grand Nord Est. Il y a un an, Orange Business a racheté la société Enovacom pour développer la télémédecine. Ensuite, Enovacom a repris toute la dimension santé d'Orange, auparavant appelée : « Orange Healthcare ». « L'objectif est d'arriver avec une plateforme qui soit la plus pérenne possible, car il y a des enjeux importants de souveraineté des données de santé des Français, face notamment au Cloud des Américains », souligne Xavier Maurin. D'où l'intérêt de créer des écosystèmes locaux entre les éditeurs de dossiers patients à l'hôpital, les établissements médicaux-sociaux, les laboratoires d'analyses, et les pharmacies.

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