C'est le projet politique et culturel phare du nouveau mandat du maire de la nouvelle commune de Dinan (Côtes d'Armor), Didier Lechien, réélu dès le premier tour des élections municipales 2020. La rénovation en cours de l'Hostellerie des moines, un des éléments de l'abbaye Saint-Magloire de Léhon, petite cité de caractère qui a fusionné avec Dinan en 2017, a ouvert la voie.

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Alors que l'abbaye n'a plus de fonction religieuse, mais accueille déjà des expositions, et que les collections du château médiéval sont en réserve depuis juin 2019, la mairie souhaite faire du monument « un lieu culturel de référence mais aussi de création artistique ». Ce lieu réunira une école d'art plastique, une partie musée et un centre de création contemporaine assorti d'une résidence. « Le territoire de Dinan ne dispose pas d'école d'arts plastiques dédiée aux pratiques amateurs, cela a donc un sens. Retrouver des salles d'exposition qui puissent faire vivre nos collections toute l'année est aussi un atout », souligne Joëlle Le Guiffant. Pour l'adjointe au maire, chargée de la Culture, du musée, des bibliothèques et de l'événementiel, ce projet au budget de 5 millions d'euros, en gestation depuis 2014, est destiné à devenir un lieu emblématique de la nouvelle commune de Dinan.

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Travail sur le patrimoine et la visibilité touristique

Joëlle Le Guiffant souhaite le faire aboutir d'ici à la fin de la nouvelle mandature. Avec l'aide d'un cabinet spécialisé, le cahier des charges de ce projet a été formalisé en 2019. Le comité de pilotage reprendra ses travaux en septembre afin de définir le modèle économique du futur ensemble, qui pourrait prendre la forme d'un Établissement public de coopération culturelle (EPCC).

« Ce projet est extrêmement bien reçu, mais il nous faut encore valider les partenaires potentiels et achever la restauration du bâtiment. Dinan est une ville d'art et d'histoire et le lieu se prête admirablement à ce projet mixte. Nos collections sont très variées et traversent les âges. Le musée fera la part belle aux beaux-arts avec des sculptures et des tableaux ou encore des gisants et des chapiteaux du Moyen-âge et proposera en parallèle des expositions temporaires, par exemple autour des arts populaires. Quant à la partie création contemporaine, elle est cohérente avec le fait que Dinan, qui a obtenu le label Ville et Métiers d'arts, abrite de nombreuses galeries et artistes ».

Pour la ville, qui attire chaque année 700 000 visiteurs, ce projet culturel est aussi porteur de sens sur le plan touristique. «  L'abbaye de Léhon, dont l'entrée est libre, est visitée par 13 000 personnes par an. Construite au IXe siècle, reconstruite au XVIIe siècle, elle représente un élément de patrimoine mais souffre d'un manque de visibilité », confirme Joëlle Le Guiffant. « Nous allons aussi travailler dans ce domaine afin d'établir une unité entre le monument, le futur musée et les chemins de halage qui bordent la Rance ».

Au-delà de la seule abbaye, Dinan embrasse un projet de territoire durable : le site est situé au cœur du futur Parc naturel régional Vallée de la Rance-Côte d'Émeraude dont la création est prévue en 2021. Président de Cœur Emeraude, l'association qui porte le dossier, Didier Lechien souhaite faire de sa ville la pilote du futur parc.

TiHub, un incubateur de projets innovants

Les projets d'envergure comme celui de l'abbaye de Léhon ou qui mobilisent les opérateurs de terrain sont appelés à se multiplier. La Région Bretagne engage les collectivités et surtout les professionnels à se mobiliser afin de faire émerger des idées expérimentales au service des territoires. Pour cela, le Conseil régional va créer en septembre une cellule baptisée TiHub, sorte d'accélérateur de projets innovants.

« L'objectif est de renforcer l'ingénierie régionale de développement touristique par la mise en place d'une cellule d'incubation de projets conduits selon un modèle d'open innovation », précise Anne Gallo, vice-présidente régionale en charge du tourisme. « Ces projets seront centrés sur les usages et les besoins de clientèles ciblées. C'est une première en France ».

Un des premiers projets qui ressort est celui de l'itinérance sur le fameux GR 34. Ce sentier de douanier très fréquenté qui borde tout le littoral breton nécessite d'être amélioré en termes d'aménagements et de services aux randonneurs. « Le TiHub suivra deux projets en même temps sur une durée de trois ans. Ces expérimentations doivent déboucher sur des initiatives concrètes », ajoute Anne Gallo.