Quel avenir aura le télétravail au sortir de la crise du Covid-19 ? Les entreprises devront-elles adapter le temps de travail ? Pour connaître le premier sentiment des habitants de Rennes Métropole et des communes environnantes, le Bureau des temps de Rennes a interrogé, entre le 28 avril et le 25 mai 2020, 2 200 personnes dont 96% d'entre elles étaient en télétravail. Le résultat est sans appel : 88% des salariés de l'aire urbaine de Rennes et des communautés d'agglomération de Saint-Malo, Fougères, Vitré, Redon et Dinan (soit plus d'un million d'habitants), souhaitent télétravailler après la crise. Ce chiffre, qui inclut 42 % de personnes ayant déjà une pratique de télétravail avant le confinement, représente un quasi doublement. La proportion grimpe même à 96% parmi les télétravailleurs expérimentés (82% pour les primo-télétravailleurs).
En matière de conciliation des temps, l'avantage identifié comme largement prioritaire, et lié au motif « moins de stress et fatigue », est celui du gain de temps dans les transports pour 69% des habitants en périphérie et banlieue de Rennes Métropole. Le télétravail contraint a aussi changé la vision de 74% des répondants sur cette pratique. Un tiers y est très favorable. 63% évoquent des motifs « équilibre vie personnelle / vie professionnelle » et 58% parlent d'efficacité professionnelle. 35% des personnes interrogées ont pourtant eu à s'occuper de leurs enfants en même temps qu'ils télétravaillaient.
Télétravail avec forfait à raison de 5 à 6 jours par mois
« L'objectif de cette enquête est de porter un regard sur les pratiques, les perceptions et les perspectives en matière de télétravail à l'échelle du territoire et d'obtenir des informations utiles à la poursuite des actions locales en la matière » précisent Catherine Dameron et Nolwenn Le Boulch, responsables du Bureau des temps. Depuis 2002, ce service municipal chasse le temps perdu dans les transports, recherche des solutions pour désengorger la ville et rendre le territoire plus fluide. Forcément, le principe du télétravail l'a interpellé.
Son enquête rapporte que le souhait des personnes interrogées de télétravailler de façon plus régulière à l'avenir profite essentiellement au télétravail avec forfait, à raison de 5 à 6 jours par mois en moyenne, soit 1 à 2 jours par semaine. « En revanche, il n'y a pas de volonté de télétravailler à temps plein, le maintien du travail sur site semble être une nécessité » ajoutent les enquêtrices. Parmi ces convertis, les primo-télétravailleurs, qui ont découvert le télétravail pendant la crise (54 % contre 46 % de télétravailleurs expérimentés) seront majoritaires. Un tiers d'entre eux travaille dans des entreprises où cette pratique n'existait pas.
Féminisation et profils plus variés, rééquilibrage public / privé
D'ailleurs, l'enquête souligne une plus grande diversité des profils. Avec 63% de primo-télétravailleurs, le nombre d'employés en télétravail pendant le confinement est passé à 90%. Cette proportion reste moins importante que chez les cadres (98%) mais l'écart s'est réduit. L'étude relève aussi que 97% de femmes ont télétravaillé pendant le confinement (37% avant) dont 58% pour la première fois, et rattrapé le pourcentage des hommes (97% contre 50%). Enfin, la période du confinement a rééquilibré les différences entre secteurs public et privé : 97% du personnel du public a télétravaillé, dont 59% pour la première fois (38% avant) contre 95% dans le privé (44% avant, 51% primo-télétravailleurs). Le rééquilibrage concerne aussi les encadrants (97% contre 50% avant) et non encadrants (95% contre 39%).
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