Loin du festival « roots », Beauregard prend son rythme de croisière

Le rendez-vous pop rock de Beauregard, qui se tient cette année du 5 au 7 juillet, a réussi à s'imposer dans le circuit des grands festivals estivaux en un temps record. Sa marque ? Une programmation impeccable et un accueil aux petits oignons pour les 7 à 77 ans.
(Crédits : Festival Beauregard / Didrick Launay)

Vingt mille spectateurs en deux jours dès la première édition en 2009, le double l'année suivante et près de 110.000 lors de la 10e édition, cette fois sur quatre jours... Le festival d'Hérouville-Saint-Clair, dans la banlieue caennaise, a atteint son rythme de croisière à la vitesse du son, en dépit de la concurrence débridée en ce début d'été. Entre les Vieilles Charrues et les Eurockéennes de Belfort, le pari n'était pourtant pas gagné d'avance.

Les ingrédients de ce succès tiennent en deux mots : qualité et hospitalité. Le festival Beauregard, c'est d'abord un site magnifique, celui du parc du château éponyme : un domaine boisé d'une vingtaine d'hectares avec arbres centenaires, statues et vastes prairies. Ancienne villégiature d'un riche négociant havrais, le lieu, facile à sécuriser, est devenu propriété de la commune, qui le met gracieusement à disposition pendant les quatre jours que dure la fête. Un intérêt bien compris, explique le maire, Rodolphe Thomas. « Entre les techniciens, les artistes, les 1300 bénévoles et les spectateurs, c'est un véritable écosystème qui fait vivre les entreprises locales une semaine avant et une semaine après. En outre, on incite les touristes des commémorations du Débarquement à prolonger leur séjour. »

Vous ne viendrez pas chez nous par hasard

À la manoeuvre, Paul Langeois, directeur de la scène de musiques actuelles de la ville. Programmateur inspiré, le patron du Big Band Café a mitonné une manifestation qui lui ressemble : une affiche éclectique, mélant superstars et gloires montantes avec ce qu'il faut d'électro passé minuit. Mais surtout, il soigne le confort. « Arrivé à la quarantaine, j'attends d'être bien accueilli, pas sur un site qui pue la pisse et où on me sert une bière chaude. Je veux offrir aux gens une parenthèse enchantée. » Ici, pas d'attente interminable à l'entrée, une alternance fluide entre les concerts, pas de mégots sur les pelouses, une restauration top niveau et, pour les plus chatouilleux, des tentes premium avec lit fait à l'arrivée. Résultat : un événement étonnamment intergénérationnel, où l'on vient souvent en famille. Cette année, l'organisation s'est même payé le luxe d'agrandir le site sans augmenter la jauge afin d'éviter les goulets d'étranglement. Le confort vous dit-on !

Pete Doherty, Gossip... 24 groupes ferrés dès la première édition

Les artistes ne sont pas les moins bichonnés : loges au château, service traiteur gastronomique, balade en bateau sur le canal, visites privées sur le Pegasus Bridge... Une façon de compenser les cachets relativement modestes proposés aux groupes invités. « La qualité de l'accueil ne suffit pas à emporter un arbitrage favorable, mais c'est un critère plus important qu'on ne le pense pour des tourneurs qui cherchent aussi à faire plaisir à leurs artistes », constate Paul Langeois.

De fait, avec un tout petit budget de 900.000 euros, l'intéressé avait réussi à ferrer 24 groupes dès la première édition, dont Pete Doherty, Gossip ou BB Brunes. Pour la onzième, le budget a grimpé à 5 millions d'euros (dont seulement 3 % de subventions publiques) mais reste moins élevé que celui des grands barnums estivaux. Le casting n'en est pas moins relevé : Ben Harper, Cat Power, Tears for Fears, Angèle... Pourvu que ça dure. « Les festivals reposent sur une économie fragile. Comme les artistes ne vendent plus de disques, ils vivent des tournées, d'où une inflation du montant des cachets », explique Rodolphe Thomas. Pour l'instant, l'équipe de Beauregard peut dormir sur ses deux oreilles : les artistes sont sur scène et le public, au rendez-vous : les ventes de pass se sont envolées en quelques jours.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.