Régionales : en Pays de la Loire, une quadrangulaire aux allures de duel

Les Pays de la Loire pourraient être l’une ou la première région française écologiste et rebasculer à gauche. C’est l’espoir porté par l’alliance des Verts et du Parti Socialiste, face à la présidente sortante (LR-UDI) qui préfère remettre son destin aux mains des électeurs plutôt qu’au jeu des alliances. Un pari à hauts risques.
Les candidats (de gauche à droite) : Christelle Morançais (LR), présidente sortante, Matthieu Orphelin (EELV, Génération écologie, Générations, LFI...) et Guillaume Garot (PS) qui vont fusionner leurs listes pour le second tour, Hervé Juvin (RN) et François de Rugy (LREM).
Les candidats (de gauche à droite) : Christelle Morançais (LR), présidente sortante, Matthieu Orphelin (EELV, Génération écologie, Générations, LFI...) et Guillaume Garot (PS) qui vont fusionner leurs listes pour le second tour, Hervé Juvin (RN) et François de Rugy (LREM). (Crédits : DR)

Présidente sortante de la région des Pays de La Loire et candidate LR-Centre droit, Christelle Morançais a viré en tête dimanche avec 34,29% des voix suffrages exprimés. Et en tête, aussi, devant les micros. « Je reste sereine, déterminée, avec beaucoup d'humilité. Parce que ce n'est que le premier tour et que rien n'est joué», s'est, prudente, empressée de préciser Christelle Morançais, à l'issue d'une première manche où a soufflé un vent d'abstention record de 69,2%. De fait, pour affronter la dernière ligne droite, le temps va se durcir. Sur ses talons, l'écologiste Matthieu Orphelin, EELV- Ecologie ensemble citoyenne et solidaire (18,7%) et le socialiste Guillaume Garot (16,3%) n'ont pas attendu des heures pour confirmer leurs intentions à peine voilées et annoncer qu'ils finiraient la course ensemble, sur la même embarcation.

« Deux programmes compatibles »

Dès le lendemain du premier tour, le duo présentait un programme commun, ficelé autour de vingt-cinq engagements puisés dans les programmes de l'un et de l'autre et une liste redessinée de cent-trois candidats, élaborée en proportion des scores obtenus. « C'est un projet fort, ambitieux et sérieux pour convaincre au-delà de la simple addition arithmétique », estime Guillaume Garot (le Printemps des Pays de la Loire).

Parmi les vingt-cinq engagements pris, on retrouve un milliard d'euros investi dans la transition écologique, le lancement d'une épargne verte « Pays de la Loire », la question des déserts médicaux et la création de 150 à 180 postes de médecins salariés, un fonds anti-faillite pour protéger les TPE-PME et leurs emplois, un plan d'urgence pour la jeunesse avec un chèque « Bien manger » de 50 euros par mois, le soutien à l'agriculture de proximité pour une alimentation locale et équitable, un fonds de soutien à l'activité culturelle, l'incitation à l'utilisation des transports collectifs et l'arrêt de l'ouverture à la concurrence de TER, lancée par l'actuelle majorité, etc. « Nous avions deux programmes compatibles. Rien n'a été jeté» , assure Matthieu Orphelin. « Mais certaines actions feront l'objet d'expérimentations, comme la licence sportive à 10 euros, avant d'être lancées. Ce n'est pas juste une addition c'est une multiplication de nos forces et une dynamique. Ce grand rassemblement doit aussi mobiliser ceux qui se sont abstenus », précise Matthieu Orphelin, dont le résultat n'a pas, cependant, atteint les espoirs portés par les écologistes. «Ce sont des engagements qui nous lient pour l'avenir et pour engager les transformations sociales et écologiques dont la région a besoin », mentionne Guillaume Garot, pour qui la clarification du second tour devrait inciter les habitants des Pays de la Loire à se rendre aux urnes. Si les questions de gouvernances n'ont pas été officiellement tranchées, Guillaume Garot a indiqué qu'il assumerait ses responsabilités et s'engageait à siéger dans le prochain conseil régional, si sa liste était élue. Mais, aujourd'hui, l'objectif est surtout de convaincre ceux qui ne se sont pas rendus aux urnes, notamment chez les 18-24 ans où l'abstention aurait parfois atteint 84%.

La novice a endossé l'habit

Préférant laisser dériver un François de Rugy (11,9%) emporté par les redoutables courants de LaRem, la candidate LR a décidé d'affronter seule une mer formée. Seule ou presque. La candidate de Debout La France Cécile Bayle de Jessé (2,9%), qui avait dit que voter « Morançais, c'était voter LaRem et Macron », a finalement annoncé qu'elle soutenait la candidate LR-UDI. Le vent du large, sûrement... Cela sera-t-il suffisant pour affronter le duo rose et vert qui rêve de refaire basculer la région à gauche? La manœuvre est risquée dans une région où sept électeurs sur dix ne sont pas déplacés et que le RN, même s'il est en perte de vitesse rapport à 2015, a raflé 12,5% des suffrages, et se maintient au second tour.

« Nous sommes dans une région où la présidente LR réalise le plus mauvais score de son parti », tacle sèchement Matthieu Orphelin. Novice en politique, elle réalise un score proche de celui de Bruno Retailleau (33,5%) en 2015, qui lui avait cédé sa place deux ans plus tard pour rejoindre le Sénat. Et a, en trois ans, endosser l'habit, en négociant le contrat d'Avenir après l'abandon de l'aéroport Notre Dame des Landes, un contrat de plan Etat-Région de 3,4 milliards euros, en affrontant la crise des gilets jaunes, la pandémie, la mise en place des plans de relance régionaux et nationaux pour limiter la casse sociale et en parcourant plus de 250.000 km pour « aller à la rencontre » des Ligériens, comme elle aime un peu trop le rappeler. Elle a, pour le moins, appris à se faire connaitre.

De Rugy revendique être une force d'équilibre

Mais, c'est surtout le maintien de François de Rugy qui risque de la pénaliser. Au point que l'ancien ministre mayennais Jean Arthuis (LaREM) et Christian Jacob, président des Républicains, invitaient le candidat de LaREM à se retirer... « Une déclaration incongrue et grossière », a tout de suite réagi François de Rugy à l'encontre du président des Républicains. Le candidat nantais dénonce un raccourci électoral consistant à « ramener tout choix électoral des Français à deux blocs, le bloc de droite représenté par LR et le bloc de gauche représenté par le PS et EELV. Toute expression différente de ces deux blocs doit à ses yeux disparaître avant même le vote », dit-il. Or, « c'est justement parce que je crois que cet affrontement de deux blocs est néfaste à la politique régionale pendant les sept prochaines années que j'ai décidé avec mes colistiers de maintenir la liste de la majorité présidentielle. Les futurs élus progressistes constitueront un groupe qui sera une force d'équilibre afin justement d'éviter les excès de la future majorité qu'elle soit dominée par LR ou constituée par l'alliance EELV-PS-La France insoumise... », justifie-t-il.

A quelques jours du second tour, c'est donc vers une quadrangulaire que s'oriente les Pays de La Loire. Une quadrangulaire aux allures de duel entre la droite et la sociale-écologie, soutenu par la maire et présidente de la métropole, Johanna Rolland, et Julie Laernoes, (EELV) qui s'étaient alliées lors des dernières municipales, venues dans l'entre deux tours, s'afficher aux cotés des candidats rose et vert dans des rues de Nantes... cruellement désertes.

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Commentaires 2
à écrit le 24/06/2021 à 9:00
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« Je reste sereine, déterminée, avec beaucoup d'humilité. Parce que ce n'est que le premier tour et que rien n'est joué», s'est, prudente, empressée de préciser Christelle Morançais Ça c'est une déclaration intelligente et agréable à entendre à c...

à écrit le 22/06/2021 à 21:33
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M. Orphelin, le député qui est élu sur une liste LREM, puis qui quitte le groupe LREM pour rejoindre les Verts sans démissionner de son mandat de député. Ils doivent être ravis les électeurs qui ont voté pour lui en tant que LREM. Aucun état d'âme, a...

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