Avec « Ré-inventer Paris II », la Ville acte la fin de l’automobile reine

Ce nouvel appel à projets réservé aux espaces souterrains de la capitale fait la part belle aux sites libérés par la résorption de la place de la voiture. « Les dessous de Paris », qui se distingue par la grande diversité des lieux proposés, associe pour la première fois des partenaires publics et privés.
Dominique Pialot
34 sites souterrains sont proposés dans le cadre de l'appel à projets "Les dessous de Paris"

Des 233 m² de l'ancien cabaret le Caveau des légendes rue Jacob (6ème arrondissement) aux 74.000 de la gare des Gobelins située sous la dalle des Olympiades (13ème), les 34 sites proposés dans le cadre de l'appel à projets « Ré-inventer Paris 2 » présentent une grande diversité. On y trouve aussi bien des quais de stations de métro que les caves d'hôtels particuliers du Marais, en passant par le bâtiment de l'esplanade des Invalides abritant l'aérogare Air France ou encore d'anciens postes de transformation électrique. Mais tous présentent un point commun : ce sont des espaces inutilisés situés dans « Les dessous de Paris ».

Les sous-sols, invisibles mais essentiels au confort de notre quotidien

Forts du succès des précédentes éditions (Ré-inventer Paris, Ré-inventer la Seine et Inventer la Métropole, actuellement en cours), qui ont permis de tester la pertinence de nouvelles méthodes de travail réunissant secteur privé, citoyens, associations, élus, architectes, urbanistes et investisseurs autour de projets mixtes, hybrides, pluridisciplinaires, tournés vers les usages, flexibles et ouverts, Anne Hidalgo et son adjoint Jean-Louis Missika ont lancé ce 23 mai une nouvelle édition encore plus symbolique.

Devant un pavillon de l'Arsenal plein à craquer, la maire a vanté « une ville qui, loin de s'endormir « se ré-invente tous les jours », « capable d'inventer son avenir sans renier son passé », « connectée à la fois à ses habitants et au monde », « capable de prendre en main son destin avec énergie et enthousiasme. »

Jean-Louis Missika, en charge notamment de l'urbanisme, a pour sa part célébré la méthode permettant de « mobiliser un éco-système entier sur un temps court, permettant de retirer le meilleur de l'intelligence collective ».

« C'est bien que les politiques, qui d'habitude contrôlent beaucoup, lâchent un peu la bride, approuve Mathieu Tresseras, jeune architecte au sein d'un cabinet intégré au sein d'une structure grenobloise de promotion du logement social. C'est très positif que ce soit les municipalités plutôt que les promoteurs qui mènent la danse.»

Ce qu'il apprécie surtout, c'est l'occasion offerte de ré-investir des espaces désaffectés, des friches industrielles ou des stations de métro « fantômes ». Et l'émulation qui naît de ces initiatives, même s'il y aura probablement de nouveau beaucoup d'appelés pour peu d'élus.

Les dessous de Paris

[Carte des "Dessoux de Paris". Crédits : Ville de Paris.]

Construire une véritable « ville du dessous »

Le thème choisi pour cette deuxième édition ne doit rien au hasard.

Les sous-sols, rappelle l'adjoint d'Anne Hidalgo,  sont « les grands invisibles qui ont pourtant changé nos vies quotidiennes en nous apportant le chauffage, le gaz, l'électricité, le métro, le téléphone ou encore les égouts. »

Leur « dimension ancillaire » en aurait fait des « zones de relégation » que la Ville a décidé de ré-habiliter.

Ce choix des sous-sols parisiens est également un parti pris urbain. Plutôt que de se lancer dans la course à la hauteur des tours à laquelle se livrent plusieurs pays, Paris fait le choix de « la profondeur ». « Nous avons la volonté de créer une nouvelle relation entre la ville du dessus et celle du dessous », détaille Jean-Louis Missika, qui souligne par ailleurs la connotation de mystère, de poésie et de surprise attachée à ces lieux. Il ne s'agira pas seulement d'agir sur la verticalité de la ville, mais aussi de créer des connexions à l'horizontale permettant d'envisager une véritable « ville du dessous ».

Vers la disparition des parcs de stationnement

Observant que ces zones de relégation, à la surface également, sont toujours situées à proximité des voies de circulation, qu'il s'agisse de fleuves, de voies ferrées ou d'autoroutes urbaines, Jean-Louis Missika révèle combien cet appel à projet s'inscrit dans l'entreprise de restriction de la place de la voiture en ville dans laquelle s'est lancée la capitale française. En effet, les sites proposés reflètent la révolution mondiale à l'œuvre.

« Le véhicule de demain sera électrique, connecté et autonome, affirme Jean-Louis Missika. Et ce véhicule autonome à la demande pourrait circuler dans les rues de la capitale d'ici 2025. Il n'y donc pas de temps à perdre. Selon une étude de l'OCDE, ce sont 100% des parkings souterrains et 80% des places de stationnement en surface qui pourraient disparaître. »

Aussi, on trouve parmi les 34 sites proposés plusieurs tunnels (Pont Neuf, Tuileries, Henri IV et Etoile) ; plusieurs parcs de stationnement (Grenier Saint-Lazare, Procession et Ardennes, « et je préviens, ça n'est qu'un début », insiste Jean-Louis Missika) deux stations-services situées Porte de Champerret ou encore un ancien garage situé rue Amelot (11eme), propriété de Renault.

Selon qu'ils sont souterrains ou non, que la lumière y entre ou pas, qu'il faille en modifier l'affectation et le cas échéant la structure, les parkings peuvent se prêter à toutes sortes d'affectations, des bureaux aux boîtes de nuit en passant par des fermes urbaines.

Une implication inédite de partenaires publics et privés

L'implication de partenaires du secteur privé ou public est d'ailleurs une innovation par rapport aux précédentes éditions. En dehors de Renault, Enedis (pour des postes de transformation), Efidis (logement social), Paris Habitat (parcs de stationnement), la RATP (quais de station de métro) ; la RIVP (Régie immobilière de la ville de Paris) et la SNCF ont souhaité s'associer à l'opération afin de trouver de nouvelles destinations à leurs sites en déshérence. Même si la Ville prend soin de préciser que « le critère de sélection sera plus qualitatif que financier » et que « les destinations des sites restent très ouvertes », au moins pour ces sites on peut supposer que le modèle économique présenté jouera un rôle dans la sélection. Reconnaissant que cet urbanisme des sous-sols est encore émergent, Jean-Louis Missika conclut : « Nous attendons 34 projets manifestes. »

Le dépôt des projets est attendu pour novembre, avec une sélection définitive prévue à l'automne 2018.

Dominique Pialot

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Commentaires 17
à écrit le 24/05/2017 à 14:32
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Il est temps de mettre hors d’état de nuire cette équipe municipale, ou règne le « boboisme » générateur d’idées débiles. Avant de vouloir redonner l’accès de la vile au citoyen, en bannissant l’auto, il faudrait peut-être d’abord, améliorer les tra...

à écrit le 24/05/2017 à 10:25
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C'est merveilleux de rêver éveillé mais qui va payer cette capacité d'inventer son avenir. Des mots des mots encore des mots..

à écrit le 24/05/2017 à 10:07
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Quelle démagogie. Au secours. Arrêtez ces fous.

à écrit le 24/05/2017 à 9:16
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on veux developper Paris avec des "visiteurs" mais on fait tout pour les decourager de venir surtout en venant de province transport en commun "bof" taxi n'en parlons pas et en voiture fermeture de voies sur berge une belle "c....." fermeture du tun...

à écrit le 24/05/2017 à 7:52
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Ces gens sont fou: le peu d 'immeubles qu'ils auront construit et qui sont maintenant là pour 3 siècles n'ont plus de n-1 et n-2 voire n-3 de parking et box en sous sol. C'est du foncier qu'on ne reverra pas de sitôt. En imposant des normes de densif...

à écrit le 24/05/2017 à 7:50
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supprimer l intégralité des parkings souterraines et 80% des places de stationnement, ça laisse songeur.... j'aimerai en savoir plus car cela parait tout à fait irréaliste...

à écrit le 24/05/2017 à 6:33
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La mairie de Paris doit accélérer dans sa lutte pour l'écologie:réintroduire les éspèces d'oiseaux disparus et apprendre aux citadins a mieux communiquer avec eux.Les fonds existent ,cela peut etre mis en place rapidement

à écrit le 23/05/2017 à 21:22
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Hidalgo et consort, ce n'est pas une journaliste baveuse de la Tribune qui vous sauvera de la législative qui s'annonce et 2020 ou on vous attend

le 24/05/2017 à 10:34
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Monsieur (ou Madame ?), Je ne vois pas ce qui vous autorise à me traiter de "journaliste baveuse" et vous prie de rester correct (e) dans vos commentaires, par ailleurs bien peu argumentés ; je ne fais que mon travail en relayant le lancement de ...

à écrit le 23/05/2017 à 21:04
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Réinventer Paris, est-ce investir sur les arc de triomphe dans l'histoire comme étant des valeurs de victoire de l'humanisme sur le crétinisme ou la dictature ? Faudra-t-il en Europe une presse des citoyens pour éviter les enfumages publics?

à écrit le 23/05/2017 à 19:27
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à paris on fait tout pour contraindre l'automobiliste au nom de la pollution mais en même temps on candidate aux jeux olympiques source de pollution directe et indirecte ; vraiment la ville du paradoxe idiot !

à écrit le 23/05/2017 à 19:26
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Si madame le maire a un bon coup de fourchette, artisan décliniste ne connait pas le sens de la croissance ou du genre singulier ou pluriel avec des institutions qui écrivent le terme liberté au singulier par erreur sémantique, n’avons-nous pas de ce...

le 24/05/2017 à 7:34
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Avec de la ponctuation votre texte serait lisible...

à écrit le 23/05/2017 à 18:25
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Vivement 2020 que l'on vire Hidalgo et sa clique de courtisans qui ne cessent de compliquer la vie aux Parisiens, notamment aux travailleurs. D'ici là, espérons que les astuces comptables de l'actuelle équipe pour camoufler un budget en déshérence ex...

le 02/06/2017 à 6:02
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Je suis sur qu'elle sera re-elue. Voir le passe politique de cette pretendue ville lumiere.

à écrit le 23/05/2017 à 18:11
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Faut-il réinventer Paris parce que ça sent mauvais du fait qu'on dénonce trop de fonctionnaires? Ne devrait-on faire un distingo entre le bon grain et l'ivraie? Les français sont-ils astreints à porter ce qu'on appelle un boulet alias 1000 feuilles ...

à écrit le 23/05/2017 à 18:06
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L'Etat a-t-il une forme d'activité de type Edit de Nantes anti français si on publie un Happiness Index au travail inférieur aux USA, existe-t-il de ce fait en Europe une forme de répression du travail, une forme de goulag social anti jeune et anti c...

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