Company Campus, l’accélérateur privé de start-up made in France

Le collectif basé à Nantes veut accompagner les start-up françaises et européennes, de la conception du business model à la sortie du produit. Une première dans l’Hexagone, voulue pour combler les carences des systèmes de financement des entreprises. L’opération repose sur une levée de fonds d’un million d’euros.
Installé dans le quartier de la Création, sur l’île de Nantes, l’incubateur de start-up favorise l’entraide entre les jeunes entrepreneurs. / DR

« En France, l'amorçage, c'est soit un apport personnel, soit la love money ou tes indemnités de chômage… L'accès aux banques et aux aides à la création d'entreprises est compliqué. Et pour la plupart des réseaux d'entrepreneurs, les projets semblent immatures », résume Florian Hervéou, à la tête du collectif nantais de startup Company Campus, qui envisage de lancer un accélérateur de startup inédit en France.

« L'idée vient des incubateurs privés américains comme Y Combinator ou Techstar, où les investisseurs prennent des participations dans des entreprises en devenir. Le modèle a donné naissance à Dropbox, PayPal, etc. », explique Quentin Adam, à l'origine du projet. Le principe ? « Être ouvert à tous, promouvoir les start-up sur un temps court et prendre une participation au capital. »

Calqué sur le modèle américain, l'incubateur nantais veut sélectionner de six à huit candidats en France et en Europe, dans les domaines du Web, du numérique, du hardware… Trois saisons (soit une vingtaine de projets) de quatre mois sont programmées dans un premier temps. Chaque projet recevra une enveloppe de 20.000 euros en capital pour développer sa startup. L'apprenti entrepreneur sera accompagné pour bâtir et consolider son business model, faire éclore son idée jusqu'à la sortie d'une première version du produit, « pour sortir du bois très rapidement ».

L'immersion comprendra l'intervention de mentors, spécialisés en marketing, communication ou RH, des spécialistes de technologies, etc., mais aussi l'acquisition des façons de se présenter… à un investisseur. Car, si les bilans seront hebdomadaires, au terme des quatre mois les porteurs de projets participeront à une "Demo Day" pour convaincre des business angels ou des sociétés de capital-risque.

Le tour de table devrait être clos en novembre

« On veut amener une méthode de travail, et ne pas se limiter au seul développement techno. Alors on ira chercher les intervenants nécessaires pour répondre à des problématiques spécifiques », indique Florian Hervéou, 34 ans, diplômé de Sciences Po, ex-conseiller en patrimoine à la BNP, qui a laissé tomber les dossiers bancaires pour plonger dans la marmite des réseaux sociaux et lancer TuttiVox, une expérience d'edémocratie menée à l'occasion de la dernière élection présidentielle.

« Geek fondu de numérique depuis le primaire », Quentin Adam, 25 ans, a, lui, fondé il y a trois ans la start-up nantaise Clever Cloud, hébergeur et gestionnaire en temps réel de plates-formes numériques. Une consommation intelligente des besoins qui permet de réaliser de sérieuses économies. Si ce duo a réussi à franchir le cap, il est aujourd'hui pressé de combler le déficit de financement des start-up.

Comme le veut le concept, Company Campus prendra 10!% du capital. Un moyen de s'impliquer et de toucher les fruits de cet investissement. Car le montage et le lancement de l'opération reposent sur une levée de fonds d'un million d'euros. Parmi les cinq investisseurs potentiels sollicités, un industriel et un groupe de médias auraient donné leur accord de principe pour intervenir à hauteur de 600.000 euros.

« Ce sont des groupes qui voient des synergies avec leur activité première, indique Florian Hervéou. Il ne s'agit pas d'attirer n'importe qui, mais des investisseurs qui peuvent aussi apporter leurs compétences aux projets. Idéalement, on aimerait avoir un établissement financier pour constituer un triptyque qui ait du sens. » Et sans appel à des fonds publics, pour garder les mains libres.

Depuis la bulle Internet du début des années 2000, les banquiers sont devenus plus réticents à soutenir les jeunes pousses.

« En moyenne, ils financent six projets chaque année. Or le modèle n'est viable qu'à partir de dix projets : l'un d'eux sera super-rentable, deux seront bénéficiaires, trois seront sans histoire et quatre seront des échecs. Mais avec six projets, on casse le modèle », soutiennent les dirigeants de Company Campus.

L'appel à candidatures sera mis en ligne à l'issue de la levée de fonds. Vraisemblablement courant novembre. Les candidats devront répondre à une soixantaine de questions, présenter un business model et convaincre lors d'un entretien. Déjà, les dirigeants du collectif disent avoir identifié une dizaine de projets sérieux.

Avec 18!000 emplois salariés sur l'agglomération nantaise, le terreau numérique nantais est fertile. Selon le président de l'association Atlantic 2.0, qui réunit 270 entreprises du secteur numérique à Nantes, ce secteur aurait généré 450 emplois en 2012 sur l'agglomération. L'idée de développer cet incubateur « à but lucratif » a germé en mai dernier à l'occasion du Web2day, festival nantais du numérique. Trentesix start-up françaises, belges, allemandes, anglaises… se sont affrontées pour un « start-up weekend ». Une sorte de galop d'essai pour Company Campus.

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