Pasqal fait la course en tête dans l'informatique quantique

De quoi demain sera-t-il fait ? Bpifrance s'est lancé le défi de mener une réflexion sur les sujets d'innovation qui révolutionneront notre quotidien dans les années à venir, du point de vue de notre transport, notre alimentation, notre santé, notre façon de commercer et de travailler. Pour cela, Bpifrance anime une démarche collective en mode projet, pilotée par les collaborateurs Bpifrance et associant les acteurs des écosystèmes concernés. L’un des sujets stratégiques récemment traité est celui de l'informatique quantique, avec notamment la start-up deeptech Pasqal. Son but ? Renforcer les capacités de calculs d'ordinateurs à très haute performance. Les avantages sont multiples et les citoyens devraient bientôt en profiter.
Georges-Olivier Reymond, Directeur général de Pasqal.
Georges-Olivier Reymond, Directeur général de Pasqal. (Crédits : DR)

Spin off de l'Institut d'optique de Palaiseau, la start-up Pasqal, lancée en mars 2019, parie sur le temps long... Si demain, l'informatique quantique sera capable d'effectuer des calculs impossibles à réaliser aujourd'hui, « tout dépend de ce qu'on appelle demain..., sourit Georges-Olivier Reymond, le directeur général de la structure. Un objectif raisonnable serait sans doute cinq ans », ajoute-t-il.

Cela fait des décennies que les scientifiques s'arcboutent sur la question quantique. Albert Einstein et le physicien danois Niels Bohr ont eu des débats homériques sur le quantique, qui n'ont été tranchés qu'en 1982 par le Français Alain Aspect, premier scientifique au monde à démontrer que les propriétés quantiques étaient réelles. Et aujourd'hui, les choses s'accélèrent.

« Nous sommes très contents d'avoir lancé Pasqal en mars dernier, sinon, nous n'aurions pas été dans la course », se félicite Georges-Olivier Reymond. Non seulement Pasqal est dans la course, mais dans certains domaines, elle la fait en tête. Ainsi, l'équipe parie sur le fait qu'au lieu de manipuler seulement quelques dizaines de qubits, comme c'est le cas actuellement, elle pourra passer à plus de 100. Un pas de géant qui permettrait de largement renforcer les capacités de calculs d'ordinateurs à très haute performance, dans des data centers.

Lire aussi : « La France doit se mobiliser pour accélérer l'industrialisation de l'informatique quantique »

Un premier contrat avec EDF

Les avantages sont multiples. Depuis les prises de risque des banques, qui seraient calculées au plus près, à l'échelle de la planète et pour tous les portefeuilles, jusqu'aux recherches qu'effectuent les laboratoires pharmaceutiques sur les interactions moléculaires, de nature à accélérer la découverte de nouveaux médicaments. Les citoyens pourront bénéficier de ces avancées scientifiques sous d'autres formes également, à travers une gestion plus fine de l'organisation urbaine, par exemple.

« L'informatique quantique trouve des applications dans de nombreux domaines, pointe le dirigeant de Pasqal, dès qu'il y a une multitude de paramètres ». Et précisément, la start-up de Palaiseau vient de signer un contrat avec EDF, afin d'optimiser la recharge de véhicules électriques.

Un atout dans la lutte contre le réchauffement climatique, auquel s'associe le fait que la consommation électrique d'un ordinateur quantique est plus faible qu'un ordinateur classique, alors que sa puissance de calcul est nettement supérieure. « Jusqu'à présent, les avancées technologiques ont toujours consommé plus d'énergie que les anciens systèmes. Pour la première fois, c'est le contraire », souligne Georges-Olivier Reymond.

Une précieuse expérience industrielle

La technologie optique est le fil rouge de son parcours, qui l'a mené de sa Savoie natale à un doctorat de physique quantique à l'Université Paris XI, en passant par plus d'un an de recherche à l'Institut für Quantenoptik und Quanteninformation d'Innsbruck, en Autriche, pour faire ensuite ses classes dans l'industrie et notamment chez Safran. « J'ai apprécié l'expérience industrielle, l'organisation, la gestion d'équipes et même les contraintes », dit-il. Il a finalement quitté Paris pour retourner en Savoie contrôler les process de fabrication de semi-conducteurs dans une petite structure, Unity SC. Puis il décide de se lancer dans l'entrepreneuriat. Il n'a pas eu de difficulté à rallier plusieurs professionnels et scientifiques à son idée - monter une start-up, la seule en France du domaine de l'informatique quantique spécialisée dans le hardware. « La physique quantique est un petit monde », dit-il. Sur les cinq co-fondateurs, deux chercheurs : Antoine Browaeys, aujourd'hui chief science officer de Pasqal et Thierry Lahaye (chief qubits officer), ainsi que le « gourou » du quantique, Alain Aspect. Enfin, un investisseur, Christophe Jurczak, par ailleurs fondateur du fonds d'investissement Quantonation, premier fonds au monde spécialisé dans les technologies quantiques, s'est joint à l'équipe et au tour de table. « Nous avons également bénéficié des programmes de financement de Bpifrance, la bourse French Tech émergence et le programme French Tech Seed. Tout cela nous a permis d'embaucher trois salariés », précise le nouveau dirigeant.

Actuellement, la start-up recherche des partenariats à l'international, et notamment au Royaume-Uni. « Ma fibre industrielle m'incite à réaliser des produits qui répondent à des besoins, en proposant d'abord des solutions sur mesure », poursuit ce scientifique devenu entrepreneur. La demande devrait être immense dans les années à venir. Décidément, Georges-Olivier Reymond ne peut que se réjouir d'avoir lancé si tôt la start-up Pasqal.

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