Geotrend, l'intelligence artificielle au service de l'intelligence économique

Grand prix du concours d’innovation i-Lab 2019, la rupture technologique de la start-up toulousaine, lancée en mai 2018, a également séduit les investisseurs. Prochaine étape, l'ajout de nouvelles sources d'information et de langues supplémentaires à son outil de veille.
Thomas Binant, CEO et Co-fondateur de Geotrend.
Thomas Binant, CEO et Co-fondateur de Geotrend. (Crédits : DR)

Ingénieur en agronomie, Grégoire Sigel a commencé sa carrière chez Airbus. « Pendant 15 ans, j'ai analysé des images satellites, dans le cadre de services fournis à l'agriculture », explique-t-il. Il y côtoie Thomas Binant, un data scientist qui travaille sur l'architecture du système de traitement d'image. « Nous discutions en permanence de l'idée de lancer une entreprise, se souvient-il, nous avions cela chevillé au corps ! ». Ils se penchent sur plusieurs idées, et finalement, se disent « il y a un truc », lorsqu'ils imaginent un moteur de recherche qui pourra non seulement collecter, à l'instar des outils traditionnels, des informations venues de sources diverses, mais en plus, - et c'est là la valeur ajoutée et la rupture technologique - en analyser tous les mots ou groupes de mots, grâce à l'intelligence artificielle, pour dresser une image fine de la perception d'une entreprise sur le net, l'évolution du marché ou les activités de la concurrence. Autrement dit, faire de la veille stratégique et de l'intelligence économique.

Une technologie très puissante

« Notre technologie, horizontale en ce qui concerne la collecte, et verticale, puisqu'elle peut extraire les informations et les analyser, est très puissante et notre outil ne nécessite pas de paramétrage, long et fastidieux. Nos algorithmes sont programmés pour faire ce travail. Le temps de recherche est quasiment divisé par 10 », déclare Grégoire Sigel.

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Une technologie développée dans un premier temps dans le cadre d'un programme d'Airbus, le BizLab, visant à accélérer aussi bien des intrapreneurs que des start-up extérieures au groupe et pour lequel les deux compères avaient candidaté. « Nous avons affiné la technologie pendant un an et prouvé que notre business model - une offre en direction de grands groupes pour commencer - était 'faisable', le tout dans une situation très confortable pour nous, indique le nouveau chef d'entreprise. Puis, malgré notre CDI, nous avons convenu d'une sortie d'Airbus ». Direction un autre incubateur, celui de Midi-Pyrénées, rebaptisé Nubbo, qui a apporté aux deux ingénieurs du financement, du coaching, et surtout, l'opportunité de candidater pour le concours i-Lab. Entre temps, Nubbo était déjà devenu trop petit pour les équipes de Geotrend, lancée en mai 2018. Et voici la start-up installée au Village by CA, à Toulouse. La société, qui n'a cessé d'embaucher depuis son lancement, pour passer des deux co-fondateurs à ses débuts à dix-huit collaborateurs aujourd'hui, compte parmi sa quinzaine de clients actuels de grands groupes comme Airbus, bien sûr, mais aussi L'Oréal, Total, et Saint-Gobain, tous soucieux, dans les services d'intelligence économique, au marketing, à la R&D et aux achats, d'avoir une image fiable de la société, du marché et des concurrents, de même que quelques grosses PME. « Nous avons commercialisé notre outil dès notre sortie du BizLab », précise d'ailleurs Grégoire Sigel.

Levée de fonds de 1,3 million d'euros

Et Geotrend n'est pas près de s'arrêter ! « La même semaine, nous avons reçu le Grand prix du concours d'innovation i-Lab 2019, et réussi notre levée de fonds, indique Grégoire Sigel, un super été ! ». De fait, i-Lab a primé le programme de recherche de Geotrend, sur trois ans, visant à extraire des données étudiant la relation entre les acteurs d'un secteur, - qui rachète qui, par exemple - à travers la technique de traitement automatique du langage naturel, et extraire, même, les sentiments, positifs ou négatifs, véhiculés par le web vis-à-vis d'une entreprise, dans les documents passés au crible de l'intelligence artificielle. Et cette ambition a également séduit les investisseurs, Irdi Soridec, Bpifrance, ainsi que des business angels, Also Consult et Applied Business Intelligence (ABI), qui ont apporté un total de 1,3 million d'euros à la start-up.

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Une nouvelle attractivité grâce à i-Lab

« Le concours d'innovation i-Lab nous a apporté une belle visibilité, auprès de clients mais aussi en matière de recrutement de nouveaux talents », souligne le co-fondateur de Geotrend. En outre, i-Lab dote les grands prix d'un mentor. Dans le cas de Geotrend, c'est Patrick Constant, spécialiste des moteurs de recherche, co-fondateur de Qwant et CEO de Pertimm, un moteur d'intelligence artificielle multilingue. « Nous avons eu quelques réunions avec lui et il nous a déjà donné des conseils avisés », se félicite Grégoire Sigel, qui ne pouvait pas rêver mieux... « Le mentorat est l'un des grands avantages du concours », conclut-il.

Sans oublier que le dossier soumis à i-Lab a permis à Geotrend de formaliser ses ambitions. « Au-delà du français et de l'anglais, nous allons ajouter de nouvelles langues, notamment l'allemand, le chinois, le russe, le japonais ... », précise Grégoire Sigel. En outre, la R&D prévoit d'ajouter dans l'outil de nouvelles bases de données économiques, comme Factiva, qui explore plus de 30 000 sources d'informations ouvertes et de données d'entreprises. Puis ce sera, si un accord intervient avec LinkedIn, l'ajout de cette source, qui affiche des posts en plus des informations sur les carrières, au système de Geotrend.

Et à un horizon plus lointain ? « Nous avons une marge de progression énorme : nous voulons rajouter de nouveaux usages, en incluant l'analyse d'informations sur les fournisseurs des entreprises clientes et la réglementation, par exemple, et de nouveaux clients, bien sûr, avec une offre ponctuelle, sur plateforme, en direction des PME », précise le start-uppeur. Sans oublier un déploiement à l'étranger - pour 2021, si tout va bien. Il faudra sans doute lever des fonds supplémentaires pour ce faire. Mais Grégoire Sigel et son co-équipier sont confiants. « Nous avons 37 ans tous les deux, nous avons le temps de nous projeter plus avant », sourit-il.

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Commentaires 6
à écrit le 03/05/2020 à 15:08
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L'IA n'existe pas, et encore moins l'intelligence économique, sinon cela se saurait. Tout ceci est un marronnier de mauvaise presse.

à écrit le 01/05/2020 à 0:02
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Le charabia technico-scientifico-autosatisfait du nouveau monde des start up digitalisėes, web surfingėes et interneto-connectėes et autres tech destructrices d'emploi et de compétences est vraiment à gerber. De surcroît, leur seule ambition est d...

à écrit le 30/04/2020 à 1:09
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Il faut être fou ou kamikaze ou les deux pour parler d'intelligence économique en France. Ce n'est même pas dans les dictionnaires français. Parce que, quand on voit ce que tous nos gouvernants successifs ont fait en terme d'abandons de souverainet...

à écrit le 25/02/2020 à 4:09
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Encore une fois utilisation abusive du terme "intelligence artificielle" dans l'article mais ça fait vendre !!! A ce jour il n'existe aucune IA viable dans le vrai sens du mot...Accumuler des pétaoctets de données dans des datas center et les faire m...

le 26/04/2020 à 19:26
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Dans l'ère Paléo. du numérique ces aides prenaient le nom de programmes "experts", c'était la pleine époque du nucléaire du spatial et de concorde..

le 30/04/2020 à 1:03
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C'est de l' IA quoi qu'on dise, à partir du moment où on estime qu'une travail humain peut être supprimé

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