Les actionnaires de Technicolor, le groupe français en difficulté, ont tranché mercredi pour l'offre de recapitalisation présentée par la société d'investissement américaine Vector Capital, la préférant à celle de sa compatriote JPMorgan Chase. Les deux investisseurs, qui s'étaient affrontés par voie de presse dans les semaines précédant l'assemblée générale, ont été invités à préciser les modalités de leur offre lors de l'AG, qui s'est étirée pendant cinq heures. C'est au final une proposition amendée de Vector Capital, précisant que les actions unitaires seront émises à un prix unitaire de 2 euros, qui a été adoptée à 91,61% par les actionnaires du groupe français.

Une offre moins dilutive

"Notre équipe peut relever les défis et les opportunités qui se présentent à votre société", avait indiqué son fondateur, Alex Slusky, qui se retrouve désormais actionnaire de référence de l'ancienne Thomson. Dans les semaines précédentes, la société d'investissement avait proposé deux offres de recapitalisation du groupe français, se disant prête pour la dernière en date à apporter entre 167 à 191 millions d'euros. Vector Capital a assuré que son offre, formulée à 2 euros l'action, était moins dilutive pour les actionnaires actuels du groupe, qui a un urgent besoin de capitaux frais. Elle a souligné qu'elle permettrait à la société française de regonfler ses réserves financières de 33,5 millions d'euros supplémentaires (+21,2%) par rapport à ce que propose JPMorgan. Selon Technicolor, le taux de dilution du capital de l'offre de JPMorgan était de 24% contre 17% pour celle de Vector.

Denis Ranque en faveur de l'offre de JP Morgan, rejetée à 95%

Sa rivale avait aussi présenté deux offres, la première déjà acceptée par le conseil d'administration de Technicolor, à 1,60 euro par action. Une seconde, relevée à 1,90 euro, avait été repoussée par la direction en raison des conditions supplémentaires qui y étaient attachées. Pendant l'assemblée générale, la banque a renoncé à ces conditions sans pour autant réussir à convaincre les actionnaires. Au terme de la présentation des deux offres concurrentes, le président du conseil d'administration Denis Ranque s'était de nouveau prononcé en faveur de celle déposée par JPMorgan, en cohérence avec ses engagements initiaux. Mais elle a été rejetée à 95% par les actionnaires. 

Rembourser une partie de la dette

Avec l'arrivée de Vector, Technicolor, qui vient d'annoncer le dépôt de bilan de son dernier site français de production à Angers, va pouvoir bénéficier d'un actionnariat stable et rembourser une partie de sa dette de 1,13 milliard d'euros. L'entreprise, née de la scission des activités grand public de l'ancien groupe public Thomson, a été le champion français du téléviseur dans les années 1990, avant de se réorienter vers les technologies pour les médias et les services créateurs de contenu pour le cinéma et la télévision. En 2011, elle a accusé une perte nette de plus de 300 millions d'euros. Technicolor a lancé fin 2011 un plan de réduction de ses effectifs en Europe avec 600 suppressions de postes, dont 125 en France (44 à Rennes, le reste à Issy-les-Moulineaux).