Intelligence artificielle : comment la startup Archéon révolutionne les premiers secours

Lors d’un arrêt respiratoire, chaque minute compte… Le bon geste également. Archéon, startup basée à Besançon, a développé une technologie unique au monde, basée sur l’intelligence artificielle, pour des instruments de ventilation artificielle. Un outil d’aide à la décision pour les équipes de premiers secours.
(Crédits : Pierre-Edouard SAILLARD)

Rendre la ventilation plus sécurisée et plus efficace à tous les niveaux de la chaine des urgences vitales : secours pré-hospitaliers, service d'urgence, de réanimation ou de soins intensifs, telle est la mission d'Archeon. Après six ans de recherche à l'Inserm, Alban De Luca décide de quitter le domaine public pour se lancer dans l'entreprenariat. En 2018, il co-fonde avec Pierre-Edouard Saillard, cette startup.

« Nous avons développé des algorithmes d'intelligence artificielle qui - à l'aide des mesures de concentration d'oxygène, de CO2, de débit d'oxygène, de pression intra-thoracique - permettent de définir le profil pulmonaire du patient, et ainsi d'identifier ses besoins en ventilation. L'appareil nommé ÉOlife, donne ensuite l'information aux équipes de soins sur la juste quantité à administrer au patient », explique Alban De Luca, directeur et co-fondateur de Archeon.

Ajuster les besoins respiratoires du patient

Dans les faits, si le patient ne reçoit plus assez d'oxygène, il risque des lésions cérébrales. Et si le patient est en sur ventilation, il risque des lésions pulmonaires qui engendrent ensuite des lésions cérébrales. « C'est un véritable challenge de réussir à ajuster le plus finement possible les besoins respiratoires du patient afin de lui prodiguer le soin le plus adapté », souligne Alban De Luca.

À l'heure actuelle, les services pré-hospitaliers, type pompiers ou ambulances privées, ne disposent d'aucun matériel qui leur permettrait de connaître les besoins précis du patient. Un constat d'autant plus critique que les interventions d'urgences se font dans des conditions stressantes et que le dossier médical du blessé est inconnu.

« Les études américaines montrent qu'en médecine pré-hospitalière, près de 80% des patients reçoivent plus d'oxygène que ce dont ils ont réellement besoin. Cette hyperventilation impacte les chances de survie à cause des lésions pulmonaires. De plus, pour les survivants, 70% passeront deux fois plus de temps en soin intensif. Le coût de ces maladresses peut aller jusqu'à 20.000 euros par patient », précise Alban De Luca.

L'outil EOlife développée par ARCHEON

Des remontées positives

Commercialisé depuis un an dans une quinzaine de pays dans le monde, ÉOlife dispose désormais des premiers retours terrain. Le service départemental d'incendie et de secours du Doubs (SDIS 25) a notamment participé au développement du produit dès le début et envisage d'équiper toutes ses ambulances d'ÉOlife, en 2022.

« Depuis un an, nous avons des modèles en expérimentation à Montbéliard et Besançon. Les retours du terrain sont très positifs. Nous sommes convaincus de la plus-value de ce produit dans nos ambulances aux bénéfices des victimes, en apportant une aide précieuse aux sapeurs-pompiers pour la ventilation lors de la réanimation cardio-pulmonaires des victimes », témoigne Laure-Estelle Piller, médecin cheffe au SDIS de Besançon.

Lors d'urgences vitales (accident, traumatisme crânien), ÉOlife permet de mesurer la qualité de ventilation en temps réel et d'en informer les équipes d'intervention lors d'arrêts cardio-pulmonaires. Ces derniers peuvent ajuster immédiatement la dose d'oxygène envoyée au patient, au lieu de réagir lorsque le patient montre déjà des signes alarmants. « Nous allons démontrer le bénéfice clinique de notre innovation via des études internationales afin de prouver l'amélioration de la survie des patients, jusqu'à ce qu'ÉOlife devienne une pratique obligatoire en médecine respiratoire », confie Alban De Luca.

Exercice en condition réelle

2022 : à la conquête du marché américain

Archeon est référencée par l'INPI pour son innovation afin de répondre à la crise du Covid-19. L'entreprise fait aussi partie des 36 entreprises - parmi plus de 1.400 - financées par le programme Européen EIC Accelerator, sur le traitement des patients atteints du coronavirus.

La jeune entreprise travaille en parallèle sur de nouveaux projets, toujours liés à la respiration, afin de lutter contre les conséquences du Covid-19. « L'idée est de développer une plateforme technologique d'analyse des paramètres ventilatoires. Ensuite, pour chaque produit, nous déclinerons une utilisation et un usage spécifique », précise Alban De Luca.

En 2021, Archeon a généré 500.000 euros de chiffre d'affaires pour sa première année de vente. Deux tiers des produits sont partis à l'export, dont le Royaume-Uni, le Moyen-Orient, l'Allemagne et l'Espagne. Prochaine étape : conquérir le marché américain au premier semestre 2022, puis se déployer en Asie sur la fin de l'année.

Pour réussir cet objectif, Archeon recherche trois millions d'euros auprès de fonds d'investissements. Le co-fondateur ne cache pas ses ambitions : « Notre volonté - d'ici cinq ans - est de développer une gamme de produits complète pour la prise en charge des détresses respiratoires - que ce soit de l'urgence hospitalière jusqu'aux soins intensifs - et d'être parmi les leaders mondiaux de la respiration artificielle ».

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