Facebook : pourquoi les marchés font la fine bouche

Malgré des résultats trimestriels excellents et supérieurs aux attentes au troisième trimestre, le titre Facebook a chuté de 7% à Wall Street dans la nuit du 2 au 3 novembre. La raison : le ralentissement annoncé -et inévitable- de son extraordinaire croissance en 2017, alors que les investissements vont augmenter.
Sylvain Rolland
Les marchés se sont moins réjouis de la croissance exceptionnelle de Facebook qu'ils se sont inquiétés du ralentissement de la croissance annoncé pour le quatrième trimestre et l'année 2017.

Une croissance extraordinaire du chiffre d'affaires et du nombre d'utilisateurs, des bénéfices à donner le tournis, et, malgré tout, une sanction en Bourse. Tel est le paradoxe de Facebook. Le réseau social dirigé par Mark Zuckerberg a perdu 7% dans les échanges électroniques post-clôture à Wall Street, après la publication de ses excellents résultats financiers du troisième trimestre, que même les analystes n'espéraient pas aussi bons.

80 millions de nouveaux amis en seulement 3 mois

Voyez plutôt : lors du trimestre qui vient de s'achever, Facebook a enregistré un chiffre d'affaires de 7 milliards de dollars, soit une augmentation de 9% par rapport au trimestre précédent et de 56% sur un an. Son bénéfice net s'est lui aussi envolé de 166%, à 2,4 milliards de dollars, tandis que son audience est passée de 1,71 à 1,79 milliard d'utilisateurs, ce qui veut dire que le réseau social a recruté pas moins de 80 millions (!) de nouveaux "amis" en trois mois. Autre signal positif, leur intérêt ne semble pas faiblir : 66% (soit 1,18 milliard d'individus) continuent de se connecter quotidiennement, un taux identique aux trimestres précédents.

Ces excellents résultats, supérieurs aux attentes des analystes les plus optimistes, indiquent que le succès de services concurrents comme Snapchat, préféré par la génération des Millennials, ne menace pas l'hégémonie du géant de Menlo Park, qui ne joue clairement pas dans la même cour. Les revenus publicitaires, qui représentent le cœur de son modèle économique (98% du chiffre d'affaires), ont eux aussi progressé de manière spectaculaire : +59% sur un an, à 6,82 milliard d'euros.

Facebook sait mieux que quiconque profiter de la mutation des usages. Ses revenus sur mobile représentent 84% des revenus publicitaires globaux, contre 78% trois mois plus tôt. Le réseau social est donc totalement en phase avec le basculement du PC vers les supports mobiles en ce qui concerne la consultation de sites sur Internet.

     | A lire. Snapchat, l'insolent réseau social qui défie Facebook

Ralentissement en 2017 et investissements en hausse

Mais les marchés se sont moins réjouis de la croissance exceptionnelle de Facebook (le revenu par action, indice de référence à Wall Street, a lui aussi progressé de 165% en un an, à 0,82 dollar) qu'ils se sont inquiétés du ralentissement annoncé pour le quatrième trimestre et l'année 2017.

Depuis deux ans, Facebook affiche une croissance de plus de 50% par trimestre de ses recettes publicitaires, mais il ne peut, en toute logique, soutenir un tel rythme éternellement. A partir du quatrième trimestre 2016, le réseau social ne réussira plus à progresser à de tels niveaux dans la publicité sur mobile, qui tire sa croissance, car le marché va arriver à maturité. David Wehner, le directeur financier, a également prévenu que l'augmentation de la quantité de publicités "jouera un rôle moins important pour soutenir la croissance des revenus", et ce à partir de la mi-2017.

Cette situation, à la fois prévisible et inévitable, a ému les marchés. D'autant plus que Mark Zuckerberg a annoncé que les investissements du groupe flamberont en 2017, ce qui représente le cauchemar de tout actionnaire. Selon David Wehner, leur progression en 2016 s'établira aux alentours de 30%, mais "2017 sera une année d'investissements agressifs".

Pourtant, l'intensification des investissements est plutôt rassurante. Le groupe compte recruter des ingénieurs pour améliorer ses technologies et, surtout, pour travailler sur des projets de moyen et long terme, notamment dans l'intelligence artificielle, la réalité virtuelle, les bots, ou encore pour connecter l'ensemble de la planète à Internet. L'objectif est de diversifier les revenus du groupe et de ne pas rater les prochaines révolutions technologiques. Une stratégie certes coûteuse, mais indispensable pour rester numéro 1 dans les décennies à venir.

*Graphique réalisé par Statista

Sylvain Rolland

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Commentaires 6
à écrit le 03/11/2016 à 13:11
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Face de bouc surfe sur les recettes publicitaires générées par les béotiens qui dévoilent l'intégralité de leurs infos personnelles sur le net. Ce modèle n'est pas viable à long terme, car même les super idiots vont tousser à un moment donné quand il...

à écrit le 03/11/2016 à 11:18
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Qui dit augmentation des investissements dit moins de dividendes pour les actionnaires et ça les maîtres du monde ils n'aiment vraiment pas.

le 03/11/2016 à 15:24
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C'est faux. Un investisseur qui prend des risques, il va se tromper parfois, mais il va réussir parfois aussi, ce qui , en faisant les calculs totaux, peut rapporter beaucoup.

le 03/11/2016 à 19:08
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Et ils sont où vos investisseurs qui prennent des risques je vous prie ? L'économie est mortifère à cause de l'ultra conservatisme de la finance alors oui la finance pourrait être dynamique je suis d'accord mais elle est d'abord et avant tout avi...

le 03/11/2016 à 19:35
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Je like la quantification "parfois", c'est d'une précision, ça mérite une médaille field.

le 04/11/2016 à 11:12
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@citoyen blasé: sauf que de nombreuses entreprises distribuent des dividendes, qui sont en réalité prélevés sur le capital social et ne sont donc pas des bénéfices redistribués aux actionnaires ... et ce pour justement attirer des investisseurs ... j...

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