Changement de cap pour le Conseil national du numérique (CNNum). C'est la promesse faite ce jeudi 11 février par Cédric O, secrétaire d'Etat en charge du numérique, lors de la révélation de la nouvelle composition de l'institution. Pour prendre la tête du CNNum, un tandem formé par Françoise Mercadal-Delassales, directrice générale du Crédit du Nord, et Gilles Babinet, multi-entrepreneur et spécialiste du monde numérique. Ils succèdent ainsi à Salwa Toko, qui avait été nommée en 2018.
Fondée en 2011, l'institution était initialement pensée comme un cercle consultatif sur le numérique afin d'éclairer les choix de politique publique. "Le CNNum a été créé à l'époque comme un agitateur du monde du numérique pour accompagner les gouvernements successifs et traiter concrètement de la transformation numérique de l'action publique", contextualise Cédric O. "Aujourd'hui, ce rôle est rempli par un multitude d'autres acteurs (publics, institutionnels...)."
Fournir une réflexion "anthropologique" du numérique
C'est pourquoi le rôle du nouveau CNNum n'est "plus de recueillir l'avis des startups sur la politique du gouvernement, mais de repenser de façon pluridisciplinaire l'impact du numérique sur la société", estime le secrétaire d'Etat.
Le numérique étant omniprésent, "il pourrait y avoir la tentation de courir vers un solutionnisme technologique sans repenser le bouleversement complexe et général que représente la transformation numérique. Il nous manque aujourd'hui une réflexion plus académique, presque anthropologique, sur le sujet".
Cette nouvelle vision du rôle du CNNum se répercute dans sa composition. La nouvelle mouture a été réduite à 21 membres, contre 30 auparavant.
Une seule membre représentante des startups
Parmi les nouvelles têtes, une surreprésentation des personnalités issues du monde universitaire et académique. Figurent ainsi au casting la philosophe Anne Alombert, la spécialiste des interactions homme-machine Justine Cassell, l'économiste Joëlle Toledano, la directrice de recherche au CNRS et sociologue Dominique Pasquier, l'informaticien et logicien Gilles Dowek, le directeur de la rédaction de Philosophie Magazine Alexandre Lacroix, ou encore le psychiatre Serge Tisseron. Quatre parlementaires (LR, LREM, PS) y siègent toujours de droit, comme cela est prévu par les statuts de l'institution. Une seule membre, Tatiana Jama, coprésidente et cofondatrice du collectif de femmes entrepreneurs du numérique Sista, est issue du monde des startups.
"En ouvrant le débat, nous voulons faire émerger une pensée collective sur le rôle et l'impact du numérique sur notre société", a commenté Françoise Mercadal-Delassales. "Il y a une dissonance entre la vitesse d'évolution de la technologie, et notre capacité à les comprendre, ce qui peut créer des fractures."
Interrogé sur les sujets identifiés comme prioritaires, le tandem s'est refusé à donner son agenda. "L'objet de notre première réunion sera justement de faire émerger ces questions entre nous, pour pouvoir poser les problématiques", a affirmé la nouvelle coprésidente.
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