Les Makers ne sont pas que des férus de robotique et d'informatique

Le mouvement Makers redonne au consommateur le pouvoir sur les objets qu'il utilise. Souvent identifié au premier abord comme un repaire de spécialistes de l'informatique, il regorge de profils différents. La Tribune a profité de la présentation du projet "Paris, cité des Makers" pour rencontrer ces amateurs de bidouilles.
Laszlo Perelstein
Même la mascotte des Makers a de quoi rebuter ceux qui ne s'intéressent pas à la robotique...

Lors des évènements dédiés au mouvement des Makers, ces passionnés de "do it yourself", robot parlant et mains artificiels attirent particulièrement l'attention des visiteurs, comme cela a été le cas lors de la présentation du projet "Paris, cité des Makers". Il faut dire que parmi les objets présentés mercredi 24 février à l'Hôtel de ville, InMoov, premier robot OpenSource à taille humaine entièrement imprimé en 3D, impressionne. Encore plus lorsqu'il se met à parler, du haut de sa plateforme de support à roues -les jambes étant encore à l'état de projet en développement.

En s'arrêtant après ce premier stand vedette, on pouvait également trouver Gladys, un assistant domotique intelligent pouvant être installé sur toutes les plateformes mais destiné au nano-ordinateur Raspberry Pi. Développé depuis trois ans par Pierre-Gilles Leymarie, étudiant de 21 ans à l'Université de technologie de Compiègne, il s'inspire de l'assistant personnel Jarvis de l'entrepreneur milliardaire Tony Stark dans Iron Man. Non loin, des curieux s'amassaient devant une construction Lego composée de différentes étapes entraînant la levée d'un drapeau à l'aide d'une bille. Derrière l'aspect ludique de la chose se cache en fait un outil destiné à améliorer la communication, explique Damien Roquel, facilitateur certifié Lego Serious Play -c'est le nom de ce type d'ateliers de team building- et créateur de l'entreprise Brique24, qui intervient auprès d'autres entreprises.

Damien Roquel explique le but de son atelier de Lego Serious Plays (Brique 24)

Damien Roquet explique le fonctionnement de sa construction en Lego. Crédits : La Tribune/Laszlo Perelstein.

Bec pour instrument à vent et artisanat traditionnel finnois

Le mouvement donne souvent aux observateurs extérieurs l'impression de ne mettre en avant que des créations très portées sur les nouvelles technologies comme l'informatique et la robotique. Mais il intègre aussi en son sein des projets plus axés sur l'artisanat et l'économie circulaire. "Les makers ont cette capacité à voir en chaque chose une ressource", s'enthousiasmait Antoinette Guhl, l'adjointe au Maire chargée de l'économie sociale et solidaire (ESS), de l'innovation sociale et de l'économie circulaire, lors de la présentation de "Paris, cité des Makers".

Cachée derrière des mobiles pyramidaux de toutes tailles en paille de couleur, Nanné Frémont raconte ainsi avoir mis au point des kits -dotés de mode d'emplois dessinés main- et des ateliers pour apprendre à monter ces himmelis -c'est leur nom-, qu'il faut ensuite suspendre. L'auto-entrepreneuse souhaite importer en France ces décorations de Noël d'origine finnoise construites initialement à partir d'un seul fil et de pailles de seigle, mais d'autres matériaux peuvent être utilisés, comme le plastique, plus facile à transporter et surtout imprimable en 3D.

Himmeli de Nanné Frémont

Himmelis réalisés par Nanné Frémont à partir de pailles en plastiques imprimées en 3D. Crédits : La Tribune/Laszlo Perelstein.

L'impression 3D, qui a largement contribué à cette révolution industrielle synonyme de disparition des produits de masse, permet en effet de créer facilement des objets à la demande. Docteur en acoustique, Pauline Eveno a saisi cette opportunité en développant il y a un an et demi des becs de saxophones et des clarinettes personnalisables, promettant de "traduire ce que disent les musiciens". Baptisé Syos (pour "shape your own sound"), son projet a remporté, dans la catégorie en émergence, l'édition 2015 d'i-Lab, concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes du Ministère de l'Education Nationale. Son idée a séduit plusieurs musiciens de jazz de renoms -dernier en date le saxophoniste Samy Thiébaut, pour qui elle a notamment créé un bec en métal- désirant avoir à leur disposition des becs reproductibles pouvant évoluer. Les traditionnels becs étant chacun uniques dans les sons qu'ils permettent de produire -environ 80% du son de l'instrument-, explique Pauline Eveno, désormais à la recherche de fonds pour passer à la vitesse supérieur et optimiser la partie industrielle de sa startup.

Un dernier tour dans les stands de "Paris, cité des Makers" nous a permis de faire la rencontre du Repair Café Paris, association fondée en 2013 qui rassemble des bénévoles deux fois par mois pour des ateliers de réparation participatifs, ainsi que de la structure "Les Parques". Née en mars 2012, cette association, surtout connue pour son opération "Super héros du quotidien", promeut la vie du quartier Masséna en organisant différents ateliers (costume, éco-construction, street-art, etc...) pour lesquels des tutoriels sont ensuite réalisés afin de permettre à tous de les faire. Clairement, il y a de la diversité au sein des Makers ... une fois passé le robot qui garde l'entrée.

Laszlo Perelstein

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