Aux États-Unis, la 5G suscite l'inquiétude de l’industrie de l’aviation

Des compagnies aériennes et les constructeurs Airbus et Boeing ont convaincu les autorités américaines de demander aux opérateurs télécoms un report de la mise en service de nouvelles fréquences 5G. Ils redoutent que ces dernières dérèglent les altimètres des avions. Mais de leur côté, les opérateurs, qui ont payé très cher leurs fréquences, voient rouge.
Pierre Manière
Les industriels de l'aviation craignent que la 5G perturbe les altimètres des avions, notamment pendant les phases d'atterrissage aux instruments.
Les industriels de l'aviation craignent que la 5G perturbe les altimètres des avions, notamment pendant les phases d'atterrissage aux instruments. (Crédits : RANDALL HILL)

Article mis à jour le mardi 4 janvier 2022 à 7h

Au pays de l'Oncle Sam, rien ne va plus entre le monde de l'aérien et celui des télécoms. La pomme de discorde ? L'utilisation par les seconds de nouvelles fréquences 5G, soupçonnées d'interférer avec les altimètres des avions. Au regard de ces inquiétudes, des compagnies aériennes, mais aussi les constructeurs Boeing et Airbus, ont convaincu les autorités de prendre des mesures de précaution. Dans un courrier transmis vendredi à AT&T et Verizon, les deux géants des télécoms outre-Atlantique, Pete Buttigieg, le ministre des Transports, et Steve Dickson, le patron du régulateur américain de l'aviation (FAA), leur ont demandé de repousser l'activation de des nouvelles fréquences 5G. Alors qu'elles s'apprêtaient à déposer un recours en justice afin d'obtenir ce délai, les compagnies ont indiqué lundi soir avoir obtenu une entente de principe pour un délai jusqu'au 19 janvier.

C'est la seconde fois que les opérateurs sont priés de reporter cette mise en service, après une première mesure en novembre dernier. Aujourd'hui, Verizon et AT&T doivent « continuer à suspendre l'introduction du service commercial C-Band [les nouvelles fréquences 3,5 GHz dédiées à la 5G, Ndlr] pour une courte période supplémentaire, n'excédant pas deux semaines au-delà de l'actuelle date de déploiement prévue le 5 janvier ». Les autorités promettent que ce service pourra débuter « comme prévu en janvier, avec certaines exceptions autour des aéroports prioritaires ». Elles affirment vouloir « trouver une solution » pour assurer que la 5G ne compromettra pas la sécurité des avions.

« Une abdication irresponsable »

AT&T et Verizon ont laissé passer quelques jours. Puis ont sorti l'artillerie lourde, laissant éclater leur colère. Dans un courrier envoyé dimanche aux autorités américaines, ils disent tout le mal qu'ils pensent de cette mesure, et balayent la perspective d'un nouveau report. « Accepter votre proposition serait un contournement sans précédent et injustifié de la procédure régulière », fusillent John Stankey et Hans Vestberg, respectivement DG et PDG d'AT&T et de Verizon.

Dans cette missive, les opérateurs voit la manœuvre comme « une abdication irresponsable du contrôle opérationnel requis pour déployer des réseaux de communication », rappelant qu'ils sont « tout aussi essentiels à la vitalité économique, à la sécurité publique, et aux intérêts nationaux [du] pays que l'industrie du transport aérien ». Ils fustigent, par la même occasion, « l'inaction » du secteur aéronautique qui aurait dû, selon eux, anticiper beaucoup plus en amont l'arrivée de la 5G et ses conséquences sur les avions.

Des mesures prises en France

Dans l'Hexagone, des inquiétudes concernant d'éventuels dérèglements des altimètres ont été évoquées il y a plus d'un an. Quelques mesures ont été prises. La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a recommandé, en février dernier, d'éteindre les mobiles 5G à bord des appareils, en raison d'un risque de « brouillage de signal » qui pourrait provoquer des erreurs « particulièrement critiques lors des phases d'atterrissage aux instruments ». Elle avait aussi imposé une limitation de puissance des antennes 5G situées à proximité de certains aéroports.

Fin 2020, Cédric O, le secrétaire d'État au Numérique, avait estimé que ce problème des interférences liées à la 5G serait « vite réglé ».

« Ce n'est pas un phénomène propre à la France, et les études nous diront si ce risque est avéré, avait-il déclaré. Cela dit, nous avions les mêmes inquiétudes avec les fréquences 3G et 4G. Les industriels sont habitués à gérer ces problèmes d'interférences électromagnétiques. Je suis assez confiant. »

(avec AFP)

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 04/01/2022 à 14:42
Signaler
La 5 G c'est dangereux. La semaine passee un avion de la KA devant se poser a Seju en Coree du sud, s'est pose a Seoul. En cause la 5 G. C'est pas vrai.....Bonne annee.

à écrit le 04/01/2022 à 10:51
Signaler
Ne manquez pas de lire "Oxymore" de Jean Tuan chez C.L.C. Edition. L'auteur observateur attentif de la Chine, le pays de son père, nous dévoile les desseins secrets de la Chine avec l'installation de la 5G. Vous découvrirez un très "croustillant" por...

à écrit le 03/01/2022 à 19:06
Signaler
Il faut supprimer la 5 G ou les avions. Personnellement, je supprimerai les 2 😂.

le 03/01/2022 à 22:01
Signaler
Haha, excellent ! Plus mille

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.