Assurances : la Sfam (groupe Indexia) placée en liquidation judiciaire, les consommateurs lésés seront-ils remboursés ?

L'entreprise, fondée en 1999 par le franco-tunisien Sadri Fegaier, avait été assignée par l'Urssaf Rhône-Alpes pour des impayés records, de près de 12 millions d'euros. Dans la foulée, sur un autre volet juridique, la maison mère Indexia doit être à nouveau jugée fin septembre pour pratiques commerciales trompeuses. Des centaines de victimes de prélèvements bancaires abusifs de la Sfam se sont en effet portés partie civile pour obtenir des remboursements. La mise en liquidation judiciaire va « laisser des centaines de personnes sur le carreau », déplore l'avocate Me Leoty.
Le siège d'Indexia, maison mère de la Sfam, Hubside Store, Foriou, Cyrana, Serana...
Le siège d'Indexia, maison mère de la Sfam, Hubside Store, Foriou, Cyrana, Serana... (Crédits : Nicolas Guyonnet / Hans Lucas via Reuters Connect)

C'est l'épilogue d'une affaire longue de plusieurs années. La Sfam, l'ex courtier en assurances affinitaires a été placée ce mercredi en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. L'entreprise, fondée en 1999 par le franco-tunisien Sadri Fegaier, avait été assignée par l'Urssaf Rhône-Alpes pour des impayés records, de près de 12 millions d'euros.  Avant cette décision, Indexia, avait indiqué être en négociation avec l'Urssaf depuis « plusieurs mois », en raison de « divergences entre les calculs présentés par l'Urssaf et [la] compréhension des sommes réellement dues » par le groupe.

En parallèle de cette procédure, le groupe Indexia (ex Sfam) a été maintes fois épinglé pour « pratiques commerciales trompeuses » à la suite de plaintes de milliers de clients qui ont constaté des sommes colossales prélevées de manière indue sur leur compte en banque à la suite d'un achat multimédia.

Alors que cette mise en liquidation judiciaire met fin à l'activité de l'une des filiales de l'ex « licorne française » se pose la question des remboursements des milliers de clients pour lesquels le cauchemar a commencé suite à un achat en boutique, principalement Fnac (mais aussi SFR, Géant Casino), et qui ont constaté des mois durant, jusqu'à des milliers d'euros de prélèvements abusifs pour assurer - parfois sans en avoir eu connaissance - leur smartphone ou autre appareil multimédia.

Le silence du fondateur

La mesure va « laisser des centaines de personnes sur le carreau », des consommateurs réclamant depuis des mois le remboursement de prélèvements indus, s'élevant pour certains à plusieurs dizaines de milliers d'euros, a déploré Maître Emma Leoty, qui défend des plaignants au civil.

« Il faut stopper cette escroquerie à grande échelle, saisir les actifs afin de préserver les créances des consommateurs en liant les diverses sociétés de la nébuleuse créée par le dirigeant. Il faut ensuite le condamner pénalement. Enfin, il faut faciliter les procédures collectives en France (class action) », recommande de son côté l'association UFC-Que Choisir qui a recueilli de très nombreuses plaintes.

L'ex champion du business, fondateur de Sfam, Sadri Fegaier a, quant à lui, quitté le tribunal en refusant de répondre aux questions de l'AFP et à celles de dizaines de consommateurs qui avaient fait le déplacement pour demander le remboursement de prélèvements indus.

Lire aussiAccusé de « pratiques commerciales trompeuses », l'ex courtier Sfam (Indexia) déchaîne toujours la colère des consommateurs

Pour rappel, la Sfam, basée à Romans-sur-Isère (Drôme), et qui, sept ans après le début des faits a encore suscité la colère des victimes la semaine dernière, a été épinglé une première fois, par la répression des fraudes (DGCCRF) en 2018 pour ses pratiques commerciales. Alors qu'elle s'est même vu retirer temporairement le statut de courtier en 2023, certains clients, qui pour la plupart, ne se rappellent pas avoir souscrit ses contrats d'assurance en boutique, ont encore constaté récemment des prélèvements. Leurs demandes de remboursements auprès de la Sfam sont toujours restées lettres mortes.

La fin des activités au siège

Selon Kevin (qui a refusé de donner son nom), membre du CSE, élu CFDT et présent à l'audience à huis clos, la Sfam n'a pas été en mesure de fournir les documents nécessaires pour prouver sa capacité à rembourser sa dette auprès de l'Urssaf, l'organisme de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d'allocations familiales. Le tribunal a interrogé ce représentant qui a raconté « la détresse » des salariés qui sont nombreux à affirmer ne pas avoir été payés ces dernières semaines.

Selon ce membre du comité social et économique, la liquidation judiciaire a des effets immédiats avec la cessation des activités au moins pour les salariés de la Sfam à Romans-sur-Isère.

Les victimes affluent encore

Concernant l'autre affaire, celle des prélèvements abusifs, des centaines de consommateurs risquent de ne jamais pouvoir obtenir réparation. « Je suis encore contactée », constate d'ailleurs Me Leoty, l'avocate qui portera une assignation au civil de plus de 400 consommateurs du groupe Indexia, la maison mère de la Sfam devant le tribunal correctionnel de Paris. La première audience aura lieu le 12 septembre, selon Me Leoty. Indexia, qui a depuis créé de multiples marques (Foriou, Cyrana, Serena...) et même ouvert des magasins physiques de reconditionnement d'appareils multimédia et de services Web (Hubside Store), est assignée avec le groupe Fnac Darty. La Sfam a vendu des assurances pour téléphones et produits multimédia entre 2017 et 2019 dans ses magasins.

En Belgique, l'affaire a même pris un tournant encore plus surprenant. Constatant que l'Etat français avait été actionnaire, via la banque publique d'investissement (BpiFrance) qui a revendu ses parts à l'été 2023, plusieurs dizaines de victimes belges s'étaient rendus devant l'Elysée en février dernier à l'occasion d'une émission télévisée pour demander des comptes, rapporte la RTBF.

(Avec AFP)

Lire aussiAssurances : excédés par les prélèvements bancaires abusifs, les victimes de la Sfam (groupe Indexia) font entendre leur voix au siège

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Commentaires 9
à écrit le 25/04/2024 à 16:15
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Moi aussi victime des prélèvements injustifiés, franchement des entreprises sans scrupules

à écrit le 25/04/2024 à 16:14
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Moi aussi victime des prélèvements injustifiés, franchement des entreprises sans scrupules

à écrit le 25/04/2024 à 9:39
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Est-ce que je vais encore être censuré? Il est souhaitable que Fegaier soit jugé, sanctionné pour ses turpitudes (prison sans sursis), puis pourquoi pas déchu de la nationalité française et expulsé de France (il pourra toujours se faire embaucher che...

le 25/04/2024 à 11:07
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Je partage 100 % de votre post, y compris sur une éventuelle censure

à écrit le 24/04/2024 à 18:27
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Comment a-t-on pu laisser en activité si longtemps cette "entreprise" d'escrocs ? Qui a couvert ?

le 24/04/2024 à 20:43
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@ben non. Je me pose exactement la même question!

le 24/04/2024 à 21:12
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@ben non L'état a été pendant longtemps actionnaire de la SFAM via Bpifrance, c'était encore le cas jusqu'à il y a quelques mois seulement. Il est évident qu'il y a des personnes qui ont les mains sales dans les institutions qui ont eu des liens avec...

à écrit le 24/04/2024 à 17:43
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Des voyous de haut vol, chez moi nous sommes deux victimes mais nous avons pu récupérer les sous. Tout avait été résilié etc... pour moi l'an dernier, pour mon fils c'est plus ancien (pour nous deux suite à achat fnac). Quelle ne fut la surprise de m...

à écrit le 24/04/2024 à 17:31
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Il y a au moins 10 ans que la Sfam aurait dû être liquidée. Pire, la Sfam n'aurait jamais dû voir le jour.

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