2021 devrait marquer un retour prudent du versement des dividendes. Selon la dernière édition de l'étude annuelle d'Allianz Global Investors, les entreprises européennes de l'indice MSCI Europe devraient ainsi verser 330 milliards d'euros, au titre de l'exercice 2020, soit 15% de plus qu'en 2020.
L'an dernier, elles avaient distribué un peu moins que 290 millions d'euros à leurs actionnaires, soit 20 % de moins qu'en 2019. Mais si les dividendes vont reprendre le chemin de la hausse cette année, il est peu probable que le niveau d'avant crise ne soit atteint « avant 2022 », précise l'étude. « A l'image de la situation économique, nous ne nous attendons pas à une évolution en forme de V pour le versement de dividendes de 2021, mais seulement à une reprise partielle », indique Jörg de Vries-Hippen, CIO Equity Europe chez AllianzGI.
3 entreprises sur 4 ont versé des dividendes en 2020
2020 a été une année atypique. Non seulement les bénéfices ont été largement impactés par la crise sanitaire mais de nombreuses entreprises ont suspendu le versement de dividendes, soit par mesure de précaution, soit par contrainte réglementaire, comme pour le secteur bancaire, soit encore parce que certaines entreprises avaient perçu des aides publiques (Renault).
Au total, un peu moins de trois entreprises sur quatre ont versé l'an dernier des dividendes en Europe, contre en moyenne 90 % les années précédentes. Tous les secteurs n'ont pas été touchés de la même manière, les secteurs régulés, les transports et l'aéronautique et l'énergie resteront probablement plus longtemps en-dessous de leurs niveaux de 2019.
Malgré tout, les entreprises européennes restent les championnes du dividende : le rendement du dividende sur la capitalisation du MSCI Europe atteint 2,8 %, un montant bien supérieur aux actions américaines (1,7%) et aux obligations risquées (high yield), alors que les obligations européennes d'Etat restent, à quelques rares exception, à taux négatifs.
Baisse de 40 % des dividendes en 2020 sur le CAC 40
La chute en 2020 a été plus sévère sur la place de Paris. Selon les données compilées par la lettre Vernimmen, les entreprises du CAC 40 ont réduit de plus de 40 % le montant de la redistribution aux actionnaires, soit 35,9 milliards d'euros, dont 28,5 milliards de dividendes et 7,4 milliards de rachat d'actions. « C'est la seconde baisse la plus importante depuis le début de notre étude, après celle de 2009 », soulignent les auteurs, Pascal Quiry et Yan Le Fur.
La crise économique a pourtant été plus forte en 2020 qu'en 2019. Toutefois, la cote de 2020 n'est plus celle de 2009, avec un poids plus élevé dans l'indice des secteurs du luxe et des biens de consommation non cycliques, plus résilients à la crise, et un poids moindre des valeurs financières (mais qui reste relativement important par rapport aux autres indices).
L'absence de dividendes dans le secteur financier a donc pesé lourd : en 2019, les trois grandes banques du CAC 40 (BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale) avaient versé quelque 6,6 milliards d'euros de dividendes et...zéro en 2020. Du coup, trois groupes -Total, Vivendi et Sanofi - représentent, à eux seuls, plus de 35% des dividendes versés en 2020 par les entreprises du CAC 40.
Stress tests pour les banques
Il est donc probable que l'année 2021 marque un rebond des dividendes grâce notamment au retour des banques, traditionnellement généreuses vis-à-vis de leurs actionnaires. La Banque centrale européenne (BCE) les a d'ailleurs autorisé à reprendre le versement des dividendes, du moins « un retour à la normale », mais seulement après le 30 septembre 2021. Les régulateurs bancaires restent en effet prudents sur le secteur, en redoutant notamment une envolée des risques en 2021.
L'Autorité bancaire européenne (EBA) a d'ailleurs lancé, vendredi dernier, une nouvelle vague de tests de résistance (stress tests), une première fois repoussée lors du premier confinement, et basée cette fois-ci sur un scénario de crie sanitaire prolongée. Les résultats de ces tests sont attendus d'ici le 31 juillet prochain. Et ces résultats seront déterminants sur la capacité des banques européennes à redistribuer du capital à leurs actionnaires.
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