Les Etats-Unis sanctionnent 13 dirigeants vénézuéliens

reuters.com  |   |  891  mots
Treize responsables venezueliens vises par des sanctions americaines[reuters.com]
(Crédits : Christian Veron)

par Matt Spetalnick et Alexandra Ulmer

WASHINGTON (Reuters) - L'administration américaine a imposé mercredi des sanctions contre 13 dirigeants vénézuéliens, tandis que l'opposition vénézuélienne lançait deux jours de grève générale, dans le but d'amener le président Nicolas Maduro à renoncer à son projet d'assemblée constituante qui doit être élue dimanche prochain.

Des heurts ont eu lieu dans certaines parties du pays. Un homme de 30 ans a été tué lors d'une manifestation dans l'Etat de Merida, ont annoncé les autorités.

Parmi les personnes sanctionnées par les Etats-Unis pour corruption et violations des droits de l'Homme, figure la présidente de la commission électorale, Tibisay Lucena, accusée par l'opposition vénézuélienne d'avoir bloqué un référendum de révocation du président Maduro, le chef des armées Jesus Suarez et le directeur de la police nationale Carlos Perez.

Mais les sanctions décidées par le président américain Donald Trump épargnent pour l'instant le pétrole, le secteur clé de l'économie vénézuélienne.

De leur coté, les Vénézuéliens ont commencé mercredi dès l'aube à bloquer les routes avec des déchets, des pierres et des matériaux divers, tandis que de nombreux magasins restaient fermés.

Les entreprises publiques, notamment la compagnie pétrolière Petroleos de Venezuela S.A. (PDVSA), sont restés ouvertes tandis que dans certains quartiers ouvriers, l'activité économique restait importante. Dans l'ensemble, l'appel à débrayer semblait moins suivi que la grève de 24 heures de la semaine dernière qui s'est soldée par un bilan de cinq morts.

Dans divers endroits mercredi, la Garde nationale a eu recours aux gaz lacrymogènes contre des jeunes cagoulés qui lançaient des pierres, ont rapporté des témoins.

BALLON D'ESSAI

C'est à l'occasion d'un affrontement entre la Garde nationale et des civils armés d'une part et des manifestants d'autre part qu'il y a eu un mort dans l'Etat de Merida, a déclaré un parlementaire de l'opposition locale à Reuters.

Le président Maduro a dit à plusieurs reprises qu'il comptait maintenir l'élection dimanche d'une assemblée constituante, laquelle pourra rédiger une nouvelle Constitution et écarter l'actuelle Assemblée nationale, où l'opposition est majoritaire depuis les législatives de 2015.

Selon le président socialiste, la Constituante est le seul moyen de ramener la paix au Venezuela après quatre mois de manifestations violentes contre le gouvernement. Plus de 100 personnes y ont laissé la vie.

L'opposition rétorque que le vote de dimanche, qu'elle a appelé à boycotter, est une mascarade visant à donner au président les pleins pouvoirs.

Un responsable américain a expliqué que les sanctions étaient simplement un premier ballon d'essai et que le gouvernement américain préparait des mesures plus dures.

Il pourrait par exemple décider de sanctions financières qui feraient cesser les paiements en dollars pour le pétrole vénézuélien ou alors une interdiction totale des importations de pétrole vénézuélien aux Etats-Unis, qui payent rubis sur l'ongle.

La décision de ne pas toucher le pétrole pour l'heure reflète le débat en cours aux Etats-Unis qui met en regard la nécessité des sanctions avec le risque d'infliger des souffrances supplémentaires au Vénézuéliens déjà malmenés par une grave crise économique, en déclenchant par exemple une hausse du prix de l'essence.

GEL DES AVOIRS

Selon des responsables américains, qui ont requis l'anonymat, les individus visés par les sanctions le sont parce qu'ils sont considérés comme des soutiens à la répression menée par Nicolas Maduro, ou parce qu'ils font du tort aux institutions démocratiques ou encore pratiquent la corruption.

De nouvelles personnalités considérées comme néfastes pourraient être sanctionnées ultérieurement, a-t-on ajouté.

Parmi les personnes sanctionnées, figurent aussi un responsable des finances de la compagnie pétrolière PDVSA, Simon Serpa, un ancien patron du groupe pétrolier, Erik Malpica, ainsi que les anciens ministres Iris Varela et Elias Jaua

Les sanctions auxquelles les 13 sont soumis comprennent un gel de leurs avoirs aux Etats-Unis, une interdiction d'entrée sur le territoire américain et une interdiction faites aux Américains d'être en relation d'affaires avec eux.

Des sanctions ont déjà été prises contre le Venezuela. En mai dernier, l'administration Trump a imposé des sanctions à l'encontre du président de la Cour suprême du Venezuela et de sept de ses juges en représailles à la décision de la haute juridiction de s'attribuer les pouvoirs du Congrès deux mois auparavant.

En février, les Etats-Unis ont infligé des sanctions au vice-président vénézuélien Tareck El Aissami pour des faits liés au trafic de drogue.

Les actifs d'El Aissami et d'un de ses associés à un de gelés par les Etats-Unis totalisent désormais plusieurs centaines de millions de dollars, nettement plus que prévu, a indiqué un responsable américain à Reuters.

(Avec Diego Ore, Andrew Cawthorne, Andreina Aponte, Anggy Polanco, et Fabian Cambero à Caracas, Francisco Aguilar à Barinas, Maria Ramirez à Puerto Ordaz, Mircely Guanipa à Punto Fijo, Isaac Urrutia à Maracaibo et Patricia Zengerle àWashington; Arthur Connan et Danielle Rouquié pour le service français)