Lombardie et Vénétie veulent négocier avec Rome

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Italie: lombardie et venetie ont vote pour plus d'autonomie[reuters.com]
(Crédits : Manuel Silvestri)

par Francesca Landini et Riccardo Bastianello

MILAN/VENISE (Reuters) - Les dirigeants politiques de la Lombardie et de la Vénétie ont revendiqué lundi une écrasante victoire lors des référendums organisés la veille pour obtenir une autonomie renforcée dans ces deux régions du nord de l'Italie et veulent ouvrir des négociations avec Rome.

Lors de cette consultation non contraignante, les habitants de la Lombardie se sont prononcés à plus de 95% pour davantage d'autonomie mais la participation n'a été que d'environ 38%. Le "oui" l'a aussi emporté à 95% en Vénétie, avec une participation de 57%.

Contrairement à la Catalogne, en crise ouverte avec le pouvoir central à Madrid, il ne s'agit pas d'avancer sur la voie de la sécession mais d'obtenir de Rome davantage d'autonomie en matière d'éducation, de protection de l'environnement, de sécurité au travail ou de fiscalité.

Les deux régions sont dirigées par la Ligue du Nord, qui s'est fait connaître dans les années 1990 en réclamant l'indépendance de la "Padanie", vaste zone du nord de l'Italie s'étendant de Milan à Venise, le long du bassin fluvial du Pô.

La "Lega Nord" ne milite plus pour la sécession mais réclame une meilleure répartition des recettes fiscales avec le gouvernement central.

"C'est le 'big bang' des réformes institutionnelles", a déclaré le président de la Vénétie, Luca Zaia, lors d'une conférence de presse. Il a dit son intention d'ouvrir des négociations avec le pouvoir central dans 23 domaines particuliers.

"NOUVELLE PAGE"

Les représentants de la région sont prêts à entamer des discussions avec Rome dans une semaine, a-t-il ajouté.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Angelino Alfano, a assuré que le gouvernement était prêt à discuter tant que l'unité de la nation n'est pas remise en cause.

"Nous pouvons maintenant écrire une nouvelle page: les régions qui demandent plus de pouvoir l'obtiendront", a déclaré Roberto Maroni, le président de la Lombardie, à des journalistes. "Je parle par exemple de la possibilité de discuter des revenus de l'impôt qui normalement reviennent à Rome (...) C'est le premier pas sur la voie de grandes réformes."

D'après lui, la Lombardie reverse chaque année au Trésor italien 54 milliards d'euros de taxes de plus qu'elle n'en reçoit. Il veut réduire cet écart de moitié pour accroître les financements régionaux dans la recherche et le développement en faveur des PME familiales et les start-ups et dans des dispositifs d'exonérations fiscales pour les entreprises étrangères s'installant dans sa région.

"SOLIDARITÉ FISCALE"

Gian Claudio Bressa, secrétaire d'Etat chargé des relations avec les collectivités régionales, estime que l'enjeu dépasse la question de la répartition des impôts.

"L'Italie est un Etat unitaire basé sur la solidarité fiscale entre les régions", a-t-il dit. "Pour obtenir davantage d'argent de l'Etat central, la Lombardie devrait démontrer que les services qu'elle propose sont meilleurs que ceux fournis par l'Etat. Si 27 milliards d'euros devaient servir à financer autre chose que ces services, l'Italie pourrait ne pas y survivre."

Le ministre de l'Agriculture, Maurizio Martina, a confirmé que le gouvernement de Rome était ouvert à la discussion mais a souligné la nécessité de préserver une solidarité fiscale au niveau national.

La riche région lombarde, avec l'important centre financier qu'est Milan, représente environ 20% du PIB de l'Italie, troisième économie de la zone euro. La Vénétie représente 10% de ce PIB.

"Ce vote est un succès pour la Lega, Zaia et Maroni. C'est une victoire importante mais également dangereuse", a estimé Giovanni Orsina, professeur d'histoire à l'université Luiss de Rome.

Pour lui, ces référendums risquent d'accentuer les divisions entre le nord et le sud de la péninsule, alors même que la Ligue cherche à élargir son assise en vue des élections législatives de l'an prochain.

(Avec Giulia Segreti; Henri-Pierre André, Tangi Salaün et Guy Kerivel pour le service français)