"On ne va pas pouvoir éviter une explosion des faillites" : les banques européennes se préparent au choc

Les banques européennes ont toutes mis de côté des réserves de capital supplémentaires afin de parer aux éventuels défauts de paiement de leurs clients. Mais toutes les banques ne mettront pas en oeuvre les mêmes parades, chaque établissement a choisi son scénario avec des hypothèses différentes pour évaluer le niveau du coût du risque.
(Crédits : Ralph Orlowski)

Des provisions en masse et des prévisions peu optimistes: les banques européennes ont subi au premier trimestre les premières secousses de la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19, dont l'essentiel du choc reste encore à venir.

"Il va y avoir de la casse, mais on ne sait pas exactement quand", résume auprès de l'AFP Lorraine Quoirez, analyste chez UBS, interrogée sur les premières conséquences bancaires du confinement qui a freiné les échanges économiques et fait plonger les marchés.

La plus visible sur le premier trimestre: les banques européennes ont toutes mis de côté des réserves de capital supplémentaires en vue de parer aux éventuels défauts de paiements de leurs clients.

Ce "coût du risque" a ainsi flambé entre janvier et mars, amputant lourdement leurs bénéfices voire entraînant des pertes à l'image de celles de la banque italienne Unicredit, plombée par 1,2 milliard d'euros de provisions.

Pour évaluer le niveau du coût du risque, chaque établissement "a choisi son scénario avec des hypothèses différentes", fondées sur de nombreux facteurs tels que les estimations de produit net bancaire et l'évolution des prix du pétrole, explique Mme Quoirez.

Jusqu'ici les provisions réalisées sont essentiellement "collectives" c'est-à-dire qu'elles concernent une certaine catégorie d'entreprises, par exemple les PME, ou des secteurs considérés comme sensibles, poursuit l'analyste.

Les montants annoncés ou prévus par certaines banques sont vertigineux: la britannique Barclays a mis de côté 2,1 milliards de livres (environ 2,4 milliards d'euros), selon ses projections d'impact de la pandémie de Covid-19.

L'espagnole Santander, première banque de la zone euro par sa valeur de marché, a provisionné 1,6 milliard d'euros tandis que la française Société Générale, en perte trimestrielle pour la première fois depuis 2012, prévoit cette année des provisions de 3,5 milliards d'euros selon "le scénario de base Covid" à environ 5 milliards en cas d'"arrêt prolongé".

Explosion des défaillances en vue

"Une explosion des taux de défaut sur les prêts" est à prévoir, avertit Eric Dor, directeur de recherche à l'Institut d'économie scientifique et de gestion (IESEG).

"Partout on essaie de contenir au maximum les dégâts, mais on ne va pas pouvoir éviter tôt ou tard une explosion des faillites".

Certaines banques sont-elles plus exposées que d'autres ? "C'est presque du cas par cas", affirme l'économiste. Selon lui, dans l'ensemble, les banques orientées sur la banque de détail et les services bancaires aux entreprises sont plus exposées.

Les banques de détail qui souffraient déjà des taux d'intérêt négatifs, rognant sur leurs marges, voient désormais s'écarter '"toute perspective de normalisation" de ce côté-là, tout en devant assumer la poussée du coût du risque.

Les services bancaires aux entreprises déjà "laminés" par la rupture des filières d'approvisionnement "risquent de l'être encore assez longtemps car la reprise va être lente, la chronologie étant différente selon les pays", développe M. Dor.

La rentabilité, talon d'Achille des banques européennes

Une certitude: "La faible rentabilité des banques européennes par rapport aux grandes banques américaines les rend plus fragiles, c'est leur grand problème", conclut-il.

Les agences de notation relèvent également ce désavantage mais soulignent toutefois la solidité des banques.

Les abaissements de notation ont été moindres dans la banque que dans d'autres secteurs, mentionne S&P Global Ratings dans une note.

Les banques, à l'origine de la crise financière de 2008-2009, jouent cette fois le rôle d'amortisseur en continuant de financer les entreprises et de soutenir les ménages en difficulté.

Pour y parvenir elles bénéficient d'un apport de liquidités massif de la part des banques centrales et du soutien des régulateurs qui ont temporairement allégé leurs exigences.

Les exigences de fonds propres vont maintenant s'avérer très fondées

La solidité actuelle des banques résulte aussi du renforcement de leurs capitaux intervenu depuis plus de dix ans.

Selon la Banque des règlements internationaux, sorte de banque centrale des banques centrales, entre fin juin 2011 et fin juin 2019, les 100 plus grandes banques ont augmenté de 98% leurs fonds propres de première catégorie, soit d'environ 1.900 milliards d'euros.

"Tous ceux qui se plaignaient dans le secteur (bancaire) des exigences de fonds propres doivent bien admettre maintenant qu'elles étaient fondées" car ces coussins de capitaux "peuvent justement servir au moment où il faut affronter les difficultés", pointe Eric Dor.

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Commentaires 14
à écrit le 13/05/2020 à 19:23
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Nous y voilà

à écrit le 13/05/2020 à 11:28
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45 ans d'expérience dans le droit et la fiscalité expert judiciare...a la retraite...on ne peut qu'etre surpris de la prise de connnaissance avec beaucoup de retard des effets de la crise économique...oui les tribunaux de commerce et tout l'entourage...

le 03/08/2020 à 19:25
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les banques!! marchant de soupe !! demain je retire espece aucune confiance et pas envie de faire la que pourt 100euros

à écrit le 13/05/2020 à 0:06
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Pas de probleme, les gilets jaunes ont préparé leurs masques, ils ressemblent à s'y méprendre à celui d'hannibal lecter.

à écrit le 12/05/2020 à 19:30
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Espérons surtout que ces banques privées finissent par toutes tomber !

à écrit le 12/05/2020 à 18:23
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"Quoi qu'il en coûte" nous disait Jupiter. L'heure des comptes a sonné. Le bilan est catastrophique. Sanitairement c'est un échec, économiquement, socialement: Un désastre ! Pouvait on faire autrement ? Je n'en sais rien, mais je suis par contre cert...

le 13/05/2020 à 13:11
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il n y a qu une seule leçon à tirer. ceux qui ont bu le bouillon changez de vie quitter cette société de folie du toujours plus fragile et qu un malheureux virus peut envoyer au tapis il y a d autres façons d exister au monde que dans la soci...

à écrit le 12/05/2020 à 17:40
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les prets aux pme sont en general cautionnes, ca va donc certainement se transformer en bain de sang humain

le 12/05/2020 à 17:59
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Ça devrait vous plaire. Manque plus qu'une bonne petite guerre civile, et hop, on repart sur des bases saines pour recommencer exactement la même chose.

à écrit le 12/05/2020 à 17:09
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On ne va pas pouvoir éviter une explosion des faillites" : les banques européennes se préparent au choc. Il faut d'urgence que ces banques s'adressent à Bruno Le Maire, il distribue à tour de bras des milliards d'euros à qui les demandent.

le 12/05/2020 à 19:31
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Et que croyez vous que la BCE fasse depuis dix ans ?

à écrit le 12/05/2020 à 16:07
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Quand on met en responsabilité des rêveurs ou des mégalos il ne faut pas s'étonner du résultat. Le pire est à venir et pourtant je ne demande qu'à être optimiste.

le 16/05/2020 à 10:36
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Suite possible à "lecteur" Depuis 1981 le tapis glissant de la débandade à influencé ceux qui nous gouvernent sans limite dans la surenchère (difficile de résister),démocratie oblige sans oublier de remercier la CGT 1er destructeur de la France, p...

à écrit le 12/05/2020 à 15:32
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Et dire que tout cela est de votre faute c'est dingue hein ? Comme quoi le monde repose sur peu de choses. Du crédit pour vous engraisser à l'argent public. Va falloir penser à faire un régime les gars vous êtes tellement obèses que vous n’êtes d...

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