Immobilier : le coliving, un mode de vie en plein essor

Version améliorée de la colocation, le coliving est un style de vie en communauté qui séduit de plus en plus, autant les jeunes actifs que les séniors. De nombreuses entreprises s’emparent de ce nouveau marché au point de créer des lieux uniques. Reportage. (Cet article est issu de T La Revue n°11 - « Habitat : Sommes-nous prêts à (dé)construire ? », actuellement en kiosque).
La société Les Pénates, concept de coliving réservé aux séniors a aussi pour objectif de préserver le patrimoine français, et a rénové il y a quelques mois, une maison de maître à Mazamet dans le Tarn.
La société Les Pénates, concept de coliving réservé aux séniors a aussi pour objectif de préserver le patrimoine français, et a rénové il y a quelques mois, une maison de maître à Mazamet dans le Tarn. (Crédits : Rémi Benoit pour La Tribune)

Qui n'a jamais partagé une partie de son logement avec un ami, un membre de sa famille, une connaissance ou un parfait inconnu, le temps d'une nuit, d'une semaine, voire plus ? Nombreux sont ceux qui ont déjà goûté aux joies et désagréments de la colocation, de manière spontanée et éphémère ou alors organisée, à la suite de la publication d'une annonce sur Internet ou les réseaux sociaux en proposant l'une de ses chambres contre une rémunération. Parfois faite pour des raisons financières, ou pour rompre la solitude, la colocation aurait, selon certains, désormais un sérieux concurrent avec le coliving. En réalité, ce nouveau mode de vie en communauté reprend les grands axes et les avantages de la colocation, tout en tentant de gommer les mauvais côtés de cette dernière.

« Nous n'avons pas inventé grand-chose, les gens vivent ensemble depuis des siècles... Mais le logement est quelque chose qui peut être parfois très anxiogène, avec pour certains des expériences cauchemardesques. Moi et mes deux associés, quand nous étions de jeunes actifs à Paris, avec notre premier emploi en poche, nous avions alors une expérience du logement catastrophique. Soit c'était trop petit, soit trop cher, ou bien mal aménagé, voire mal entretenu », raconte Alexandre Martin. Lui, Amaury Courbon et François Roth ont donc créé la société Colonies à l'issue de leurs mauvaises expériences. « Il se dit que l'union fait la force. Avec Colonies, l'union permet dans ce cas le confort », résume le cofondateur.

Un confort supérieur

Le trio qui est actuellement à la tête de 180 résidences pour 1 100 places de colivers (grands appartements, maisons et immeubles dans onze grandes villes en France, Belgique et Allemagne) veut ainsi combiner les avantages d'avoir son propre studio en proposant un espace privé de plusieurs dizaines de mètres carrés meublé et des espaces partagés qui apportent du confort. « Il peut s'agir d'une salle de sport, d'un rooftop, d'une piscine, d'une salle de télétravail, d'un grand parc et même d'une salle de cinéma... Bref, des équipements qu'il est difficile de s'offrir seul », expose Alexandre Martin. Ainsi, la première différence avec la colocation, à l'avantage du coliving, est que l'espace privé est généralement aussi grand qu'un petit appartement au contraire de la colocation pour laquelle cet espace se résume parfois uniquement à une chambre. Les colivers ont aussi chacun leur salle de bains et des toilettes dans leur appartement privé, par exemple. A contrario, les espaces comme la cuisine, le salon et autres, partagés dans la colocation, le sont aussi dans le coliving, mais avec un standing parfois supérieur au profit du second. « Le coliving permet clairement d'offrir un confort qu'une personne seule ne peut s'offrir à la location », confirme Yves Lapeyre, depuis quatre ans à la tête de la marque Les maisons d'Yves. Après avoir proposé principalement des maisons d'hôtes, en Touraine notamment, sa société fondée à la suite d'une première vie professionnelle dans la pétrochimie se lance également dans le coliving. L'entrepreneur vient d'achever la rénovation d'une grande maison avenue de Lardenne, en plein cœur de Toulouse. Performance, cette demeure de 1920 - qui propose depuis quelques semaines cinq chambres de 20 à 30 m2 - met à disposition de ses colivers un vaste jardin verdoyant et ombragé avec une fontaine à eau. Un certain luxe dans la Ville rose. « Nous sommes sur un positionnement haut de gamme, avec la volonté d'offrir une expérience comme chez soi. C'est un lieu avec aucune contrainte qui permet de vivre de manière raffinée », présente Yves Lapeyre, qui propose la climatisation dans chaque chambre et parfois même une terrasse sur son jardin. Contrairement aux logements de Colonies, assez impersonnels dans leur décoration, l'entrepreneur tourangeau a fait de sa maison de coliving une véritable maison d'art. Chaque pièce, chaque recoin et chaque couleur expose un tableau, un vase ou une sculpture, parfois chiné dans un vide-greniers ou bien acheté à un artiste. « C'est un environnement qui favorise l'échange entre les habitants de cette maison. J'ai envie de créer une émotion chez ceux qui passeront un certain temps ici », décrit l'entrepreneur pratiquant de l'économie circulaire également. Pour meubler son premier logement de coliving, qui a accueilli son premier habitant fin août, Yves a fait appel à son imagination en récupérant, voire en retapant du mobilier déniché un peu partout. Cette tête de lit repeinte dans l'une des chambres de La Villa des Iris à Toulouse, qui est à l'origine un volet de l'ancienne maternité de Tours, en est le parfait exemple. « Le seul MAIS du coliving est qu'il faut être prêt à cohabiter avec des personnes que l'on ne connaît pas. Seulement, nous arrivons à un moment où les gens ont désormais la sensibilité voire l'envie de partager un lieu et de favoriser la rencontre », estime Yves Lapeyre.

Parfois des offres spécialisées

Cette analyse sociologique n'est peut-être pas totalement erronée alors que la population de nombreux pays a dû traverser un confinement, nous privant pendant plusieurs semaines d'interactions sociales. « Avec les confinements successifs et les diverses restrictions administratives par mesure de précaution dans certains établissements, l'isolement de nos séniors a été un sujet pendant cette période de la pandémie. Mais c'était un sujet avant et c'est toujours un sujet aujourd'hui », ajoute Maxime Sauvanet. Pour y remédier, ce jeune entrepreneur a créé la société Les Pénates, qui porte un concept de coliving... réservé aux séniors. Une offre complémentaire des Maisons d'Yves ou de Colonies, qui visent plutôt les actifs, voire les jeunes actifs. Les Pénates, qui ont aussi un objectif de préservation du patrimoine français, viennent de rénover une maison de maître à Mazamet (Tarn) pour y accueillir leurs premiers colivers séniors. Si la bâtisse accueille une douzaine de personnes depuis quelques semaines, le dirigeant avait près d'une cinquantaine de dossiers de personnes prêtes à s'installer dans cette maison de 200 m2 de surface habitable et 2 000 m2 de jardin. « Au sous-sol, nous avons un cabinet de consultation pour des visites à domicile si nécessaire, avec un médecin référent et des infirmiers associés. Un kiné va également s'y installer. Par ailleurs, chaque habitant choisit avant son arrivée un pack d'activités - nature, sport, bien-être, épicurien, arts et culture - qui lui garantit un temps d'activité hebdomadaire. En plus d'un jardinier pour entretenir les espaces extérieurs, une gouvernante est là quatre heures par jour pour assurer l'entretien de la maison, son animation et la buanderie », détaille Emmanuelle qui occupe ce rôle de gouvernante animatrice bien-être (Gabe) à Mazamet. La première maison du réseau Les Pénates propose également une chambre équipée pour les proches qui viendraient rendre visite à un locataire le temps de quelques jours, tout comme la société tient aussi désormais à choisir des maisons dans des localités desservies par une gare TGV pour faciliter les retrouvailles familiales. C'est ainsi que les nouvelles ouvertures des Pénates interviendront dans les prochains mois à Douai (Nord) et Niort (Deux-Sèvres). Pour les Maisons d'Yves, quelques projets de coliving vont se concrétiser dans le Quercy, tandis que la start-up Colonies a officialisé en début d'année 2022 une levée de fonds d'un milliard d'euros pour investir dans 2 000 grands appartements en France, Belgique et Allemagne, avant de les rénover et accueillir 10 000 usagers supplémentaires. Surtout, cette expérience de coliving reste accessible. Contre une somme allant de 1500 à 2000 euros (après crédit d'impôt pour celui réservé aux séniors), ces sociétés proposent une offre clé en main qui comprend le loyer, l'eau, l'électricité, Internet, le ménage des parties communes et en option celui des parties privées et toute la gestion administrative classique d'un logement. Seule l'alimentation reste à la charge des colivers, dans tous les cas de figure. Suffisant pour devenir un mode de vie majoritaire en France, à l'heure où le pays manque de logements ?

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Commentaires 5
à écrit le 21/11/2022 à 0:31
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Le summum de l'évolution capitaliste: l'appartement communautaire.... L'URSS n'est pas morte, les capitalistes l'ont réinventée.....

à écrit le 20/11/2022 à 19:30
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Le coliving, c'est bien mais je voudrais aller plus loin avec un kibboutz, un kolkhoze, un sovkhoze, une grande ferme commune donc, avec habitation, jardin, boulangerie, champs, verger, tout collectif sauf chambre et salle de bains.

à écrit le 19/11/2022 à 23:20
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C'est surtout que les logements sont inadaptés car trop grands, et poussent donc les gens à faire de la colocation

à écrit le 19/11/2022 à 15:03
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Tout semble à croire que l'Ukraine a utilisé ce stratagème pour pousser l'occident et l'OTAN à rentrer en guerre contre la Russie, heureusement les occidents ne sont pas tomber dans le piège.

à écrit le 19/11/2022 à 15:03
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Tout semble à croire que l'Ukraine a utilisé ce stratagème pour pousser l'occident et l'OTAN à rentrer en guerre contre la Russie, heureusement les occidents ne sont pas tomber dans le piège.

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