Les biotechs déplorent "des freins" à l'acquisition d'innovations publiques

Difficultés pour s’entendre sur les prix, transactions longues à mettre en œuvre...Les industries françaises des sciences de la vie déplorent l'existence d'une "défiance" des organismes de recherche publique au moment de licencier les molécules découvertes aux industriels de la santé, en vue d'une commercialisation.
Jean-Yves Paillé
"Le devenir de l'industrie française se joue dans l'articulation entre la recherche fondamentale et la recherche industrielle", selon Hervé Brailly, fondateur de la biotech Innate Pharma.

"Le devenir de l'industrie française se joue dans l'articulation entre la recherche fondamentale et la recherche industrielle."  Lors d'une conférence de presse organisée par le lobby France Biotech, mardi 13 juin, dédiée notamment à 'l'intelligence collective, clé de l'innovation thérapeutique", plusieurs dirigeants de biotechs, dont Hervé Brailly, fondateur d'Innate Pharma, l'auteur de cette phase, ont déploré les difficultés d'échanges et de transactions entre la recherche publique et les industriels de la santé. Les débats ont notamment tourné autour des transferts des technologies des laboratoires public aux entreprises privées, précisément la vente ou la licence d'exploitations des molécules.

"Une certaine défiance"

"Il y a des efforts à faire sur le transfert de technologies entre le monde académique et le monde industriel, du côté des organismes dédiés", lance Michel Goldman, ancien directeur exécutif d'Innovative Medecines Initiatives-partenariat entre la Fédération européenne des industries pharmaceutique et la Commission européenne. Il fait notamment référence aux Sociétés d'accélération du transfert de technologies (SATT), lancée en 2012, et créées par des universités et organismes de recherche publique (plus de 180 travaillent avec des SATT).

Selon le chercheur belge, "ces organismes de transferts négocient avec les sociétés privées avec parfois une certaine défiance". En clair, il estime que les "innovations" découvertes sont vendues souvent trop cher aux entreprises de santé. "Il y a une surestimation de la valeur d'une découverte. Au plan scientifique, elle peut être majeure, mais c'est lors de son transfert vers les industries de la santé qu'on verra sa valeur concrète."

La critique du scientifique rejoint celle de Louis Schweitzer formulée en 2015, lors de la convention nationale des SATT, alors qu'il était Commissaire général à l'investissement. Il avait jugé que les SATT "ne devaient pas être obsédées par la rentabilité à court terme".

Lors de la création de ces infrastructures, le gouvernement a fixé pour règle "lquilibre financier des SATT et des expérimentations complémentaires des SATT", et ce afin de permettre "une valorisation à terme de ces actifs par l'Etat". Néanmoins, cet équilibre financier, qui devait être atteint en 2020 au préalable, a été jugé difficile à tenir, puis remis en question, comme le précise un rapport de France Stratégie en 2016.

Sans donner toutefois de détails sur les sommes totales engrangées par ces sociétés par les SATT. Néanmoins, selon les derniers chiffre, on sait que les SATT, qui ont bénéficié d'un fonds de 856 millions d'euros à leur création, ont accordé 404 licences à des entreprises et déposé 1431 brevets.

Manque de simplification, selon les biotechs

D'après les biotechs, au temps des négociations en vue d'une transaction, s'ajoute également celui induit par les mécanismes administratifs. Hervé Brailly, fondateur d'Innate Pharma déplore là aussi des "blocages", "au niveau opérationnel dans le temps de traitement des accords qui peuvent aller six mois à un an et demi".

Pour Maryvonne Hiance, présidente de France Biotech, et Directrice stratégique d'OSE Immunotherapeutics, l'autre problème administratif est la multiplicité des organismes existants dédiés aux transferts de technologies. "Malgré la création des SATT, les autres organismes dédiés aux transferts de technologies ont été conservées." Selon elle, cela crée une confusion et fait perdre du temps aux industriels de la santé. Elle plaide pour une simplification dans ce domaine.  "Les entreprises de santé, dont la trésorerie est limitée, sont sollicitées par plusieurs organismes, mais ne savent pas où aller. Elles se baladent d'un centre à un autre, et peuvent perdre des mois à naviguer entre tel et tel organismes."

Outre les 14 SATT réparties dans une dizaine de régions, on recense l'Inserm Transfert. L'organisme gère le transfert des connaissances issues des laboratoires de recherche de l'Inserm, qui pourtant travaille également en collaboration avec les SATT. Par ailleurs, le CNRS dispose lui aussi de sa société de transfert de technologies, France Innovation Scientifique et Transfert (FIST). Il existe aussi des centres régionaux de transfert de technologies (CRITT), ou encore le réseau Curie.

Jean-Yves Paillé

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Commentaires 2
à écrit le 14/06/2017 à 7:15
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les SATT sont en effet comme des sociétés financières, trop préoccupées de la rentabilité de leurs accords à court terme, au détriment de la dissémination du fruit de la recherche financée par nos impôts. il en est de même pour d'autres organismes c...

à écrit le 13/06/2017 à 19:15
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" Selon Maryvonne Hiance,(lobbyiste) cela crée une confusion et fait perdre du temps aux industriels de la santé.... Les industriels de la SANTE!!!... Décidément, je ne me ferai jamais aux "industriels" de la SANTE. La vie est éternelle? NON et quand...

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