Marée noire : BP voit sa note de crédit abaissée

Douche écossaise pour le groupe pétrolier britannique. Entre l'abaissement de ses notes par les agences Fitch et Moody's l'opération réussie de coupe du conduit à l'origine de la fuite et l'annonce du financement partiel de la construction d'îles artificielles destinées à protéger la Louisiane de la nappe de pétrole, BP a été encore une fois sur tous les fronts.

BP a annoncé ce jeudi soir une prochaine annonce de son patron opérationnel, le directeur général Tony Hayward, très mobilisé depuis plusieurs semaines dans le Golfe du Mexique face à la marée noire provoquée par le groupe pétrolier britannique. Certains s'attendent à l'annonce d'une démission compte tenu du coût estimé de cette catastrophe pour BP (de un milliard de dollars à... 37 milliards selon les analystes de Crédit Suisse, plus que les profits annuels de la firme) dont la capaitalisation boursière a plongé de plus d'un tiers depuis le début de cette affaire.

En outre, l'agence de notation Fitch a abaissé ce jeudi de AA+ à AA la note de crédit de la compagnie pétrolière britannique BP, avec perspective négative. Les raisons invoquées : les "risques accrus sur le profil d'activité et financier" du groupe, consécutifs à la marée noire qu'il tente d'étancher dans le golfe du Mexique et qui a été provoquée par l'explosion le 20 avril de sa plateforme Deepwater Horizon. Son homologue Moody's lui a emboîté le pas ejn ramenant de Aa1 à Aa2 la note de crédit de BP, avec perspective négative.

Toujours ce jeudi, le commandant des garde-côtes américains, l'amiral Thad Allen, a annoncé que la compagnie BP était parvenue à couper le conduit à l'origine de la fuite de pétrole à l'aide de pinces coupantes actionnées par des robots, une opération réalisée, rappelons par 1.500 mètres de profondeur qui relance l'espoir de parvenir à stopper la fuite de pétrole. "La prochaine étape" sera de mettre un dispositif "sur ce qui reste du conduit", pour contenir et pomper le flot de pétrole, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse. D'après lui, des puits de secours destinés à stopper la fuite de pétrole seront opérationnels à la mi-août.

Jusqu'à présent, près de quatre millions de litres de dispersants ont été utilisés pour lutter contre la marée noire. Or, l'emploi de ces dispersants est controversé en raison des risques possibles pour l'environnement. 

Le groupe a en outre annoncé plus tôt dans la journée qu'il allait débourser 360 millions de dollars pour payer la construction de six sections d'îles artificielles destinées à protéger la Louisiane de la marée noire. La construction de ces îles a été décidée par le gouvernement américain. BP n'a pas l'intention de diriger personnellement la construction ou de passer directement des contrats dans ce cadre, pas plus qu'elle ne souhaite assumer les conséquences imprévues qui pourraient découler du projet.

"Le gouvernement fédéral et l'Etat de Louisiane ont estimé que la construction [d'îles artificielles] était une réponse efficace à la fuite et nous avons hâte de travailler avec eux sur ce projet", assure dans le communiqué Tony Hayward, le directeur général de BP.

Le groupe, qui affirme avoir déjà dépensé au moins un milliard de dollars à réparer les conséquences de la marée noire , précise dans le communiqué avoir consacré 170 millions de dollars à aider la Louisiane, l'Alabama, le Mississippi et la Floride à financer la lutte contre la marée noire et à sauvegarder leur industrie touristique. Elle indique aussi avoir payé environ 42 millions de dédommagement aux populations et aux entreprises affectées par cette pollution.

"Pas préparé" à un tel problème

En attendant, le pétrole continue de s'échapper de la plateforme. Tony Hayward a admis ce jeudi que le groupe n'était pas préparé à un tel problème survenant en haute mer et en eaux profondes.  "Ce qui est incontestable est que nous n'avions pas les instruments qu'il aurait fallu dans notre trousse à outils", a-t-il reconnu dans une interview au Financial Times.

Tout en estimant que BP avait "très bien réussi" à empêcher la marée noire de trop souiller les côtes, il a reconnu "qu'on était parfaitement fondé à faire des critiques à la compagnie" sur son manque de préparation.  Il a noté qu'après la catastrophe provoquée par le pétrolier Exxon Valdez en 1989, le secteur avait mis en place un organisme de réponse approprié aux pollutions de surface, la Marine Spill Response Corporation (MSRC). "Le problème va être de créer la même capacité de réaction [pour une marée noire ] en profondeur", a-t-il dit.

"La situation pour l'environnement est la pire que j'ai jamais vue sans pouvoir évaluer quel en sera l'impact [...] qui se fera certainement ressentir pendant plusieurs années", a résumé Michel Boufadel, président de la chaire d'ingéniérie environnementale à l'Université de Temple en Pennsylvanie, l'un des experts privés consultés par le gouvernement américain.

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