Selon RTE, la France est redevenue exportatrice nette d'électricité en Europe

La filiale de EDF en charge de l'exploitation des lignes haute tension affiche un bénéfice net qui chute de 27,7%. Pour La Tribune, son président Dominique Maillard fait le point sur la capacité de la France à passer la vague de froid, les échanges avec l'Allemagne et la situation des deux « péninsules électriques », la Bretagne et la région PACA.
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Selon RTE (Réseau de transport d'électricité), la baisse de 27,7% de son bénéfice net est très étroitement liée au recul de la consommation d'électricité, qui a diminué de 6,8% en France l'an dernier, notamment sous l'effet de températures particulièrement douces. L'impact sur son chiffre d'affaires n'a été que de 4% car une hausse du tarif d'accès au réseau en août a permis de compenser une partie de cette baisse de volume. RTE est en réalité une entreprise à coûts fixes, voire très fixes. Peu de dépenses sont ajustables. En 2011, l'impact du recul du volume a cependant été minoré. En valeur absolue, la baisse du chiffre d'affaires est de 167 millions d'euros, celle du résultat net est de 103 millions. RTE estime ainsi avoir réussi à faire jouer ses minces marges de man?uvres.

Par ailleurs, en 2011, la rentabilité du capital investi ressort à 6% en 2011 alors que ce ratio est fixé à 7,25% par la Commission de la régulation de l'électricité, chargée de valider les investissements et les tarifs de RTE. Explication : 7,25% est un taux de base moyen sur quatre ans. La CRE a constaté a posteriori que RTE a bénéficié sur la période tarifaire précédente d'une avance sur recette de 800 millions d'euros et la filiale d'EDF rembourse cette somme progressivement (213 millions en 2011), ce qui pèse sur sa rentabilité.

- Allez-vous néanmoins maintenir vos investissements en 2012 ?
- Ils vont même continuer à progresser, à 1,38 milliard d'euros en 2012, contre 1,18 milliard en 2011. Outre la continuation de nos différents programmes de long terme (notamment la sécurisation face au risque de tempêtes et le désenclavement de la Bretagne et de la région Provence Azur), nous menons deux nouveaux projets : l'interconnexion France Espagne, qui sera souterraine, avec un tunnel percé sous les Pyrénées, et une nouvelle ligne haute tension qui partira de Flamanville.

- Vous démarrez la ligne de Flamanville maintenant alors que la mise en service de l'EPR a été repoussée à 2016 ?
- Les travaux commencent effectivement le mois prochain. Cette ligne doit être opérationnelle début 2013 parce qu'elle est intégrée dans le schéma de développement du réseau de l'ouest de la France. A plus long terme, elle pourra être également utilisée pour l'énergie hydrolienne. Cette technologie est en test mais on estime son potentiel, entre Flamanville et Granville, à plusieurs milliers de mégawatts.

- Ces derniers jours, les échanges d'électricité avec l'Allemagne, qui a fermé huit réacteurs nucléaires, ont été scrutés. La France a fini par importer du courant d'outre-Rhin ?
- En 2011, notamment grâce à la meilleure disponibilité du parc nucléaire, les exportations françaises d'électricité ont bondi de 89%. La France est ainsi redevenue exportatrice nette envers tous ses voisins, notamment la Belgique, l'Espagne et l'Allemagne. Début février, lors de la vague de froid, la France a atteint des records de consommation supérieurs à 100.000 MW (précisément 101 700 MW le 8 février) car notre fort taux d'équipement en chauffage électrique rend la consommation électrique française particulièrement sensible au froid. Nous avons alors importé de l'électricité d'Allemagne qui se chauffe au gaz naturel et dont les moyens de substitution (centrales à gaz, à la lignite et éoliennes) ont bien fonctionné, mais aussi de Grande-Bretagne et d'Espagne. Nous avons alors importé 7.800 MW à la pointe (vers 19h) contre 3 à 4.000 MW un jour d'hiver « normal ».

- On se rapproche de la limite physique de notre capacité d'importation qui est de 9.000 MW...

- Effectivement. La capacité maximale d'importations se situe à moins de 10 000 MW, selon les configurations de conduite du réseau. Cependant, notons que, lors de cette vague de froid, les 46 interconnexions ont été exploitées avec une marge de sécurité bien satisfaisante.

- Globalement, quelle conclusion tirez-vous du passage de la vague de froid ?
- L'équilibre s'est fait. Grâce à deux éléments. D'abord une bonne disponibilité de l'ensemble des moyens de production nationaux. Ensuite, une bonne tenue des réseaux, avec des capacités d'importations au rendez-vous, qui ont permis de tenir les prix. Je rappelle que lorsqu'on importe, ce n'est pas parce qu'il y a une pénurie physique d'électricité en France mais parce que les opérateurs trouvent un moyen de production à l'étranger moins cher que de faire démarrer d'anciennes centrales thermiques ici.

- Où en êtes-vous de vos travaux pour désenclaver la Bretagne et la région PACA ?
Nous poursuivons nos programmes dans ces « péninsules électriques ». Non seulement ces deux régions produisent peu d'électricité sur leur territoire, mais en plus elles sont reliées aux autres par des corridors, ce qui les rend particulièrement vulnérables en cas d'aléa. Dans le Var et les Alpes Maritimes, nous avons doublé la capacité de la seule ligne 400.000 volts (le long de la côte). Mais ce renforcement s'effectuant sur les mêmes pylônes, faute d'autorisation pour construire une autre ligne, la vulnérabilité ne sera pas réduite. Nous renforcerons alors le filet de sécurité que constitue le maillage intérieur, par la construction de trois liaisons souterraines à 225.000 volts. En Bretagne, nous créons des postes et installons des batteries de condensateurs pour soutenir la tension. Mais une solution durable viendra aussi d'un « filet de sécurité » à 225 000 volts entre Lorient et Saint-Brieuc ainsi que de nouveaux moyens de production. Dans la région de Brest, le projet d'une centrale à gaz est lancé par les pouvoirs publics, pour une mise en service en 2017 au plus tard. A l'issue de l'appel d'offres, l'opérateur devrait être sélectionné d'ici un mois. Dans ces deux régions, RTE mène en outre des actions d'incitations à la maitrise de la consommation (EcoWatt) qui ont entraîné, à la pointe, une baisse de 2% en Bretagne (100 MW) et de 3% en Paca (70 MW).

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Commentaires 8
à écrit le 20/02/2012 à 18:41
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Que doit-on y voir? - Y a-t-il un sujet de satisfaction ? C'est surtout dans le besoin que nous aurions aimé avoir le potentiel nécessaire à nous subvenir. Pouvoir revendre quand les cours redescendent, ne compense pas les prix que nous avons payé e...

à écrit le 20/02/2012 à 14:26
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La France exporte son courant quand il fait beau et que les grille pains des appartements sont éteints.

à écrit le 20/02/2012 à 14:16
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Pourquoi ne pas coupler au réseau, l'hiver, les réacteurs des sous-marins nucléaire de l'Ile Longue, cela aiderait la Bretagne

à écrit le 20/02/2012 à 11:17
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pour le var et alpes maritimes: zone un peu trop sismique contrainte hydrique trop importantes pas la place ...

à écrit le 20/02/2012 à 9:58
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J'avais en mémoire que le transport d'électricité coûtait de 5 à 10% de la consommation; d'où l'intérêt de produire au plus près de la consommation. Pourquoi pas construire une centrale nucléaire dans le Var ou les Alpes maritime?? Pour la Bretagne q...

le 20/02/2012 à 10:26
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Il y a d'ailleurs plus de 600 MW de puissance installée en éoliennes en Bretagne.

le 20/02/2012 à 12:30
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600 MW utilisable au mieux, 20% du temps, c'est le rendement moyen de l'éolien, donc une simple source d'énergie d'appoint comme les barrages.

le 20/02/2012 à 12:56
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Si les Bretons ne veulent pas de centrale nucléaire, c'est leur droit le plus strict. Personne ne doit le leur imposer. Mais, en contrepartie, isolons-les du réseau et vendons leur des pédaliers couplé à une dynamo.

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