L'Argentine fait chuter Repsol en bourse

L'expropriation de YPF, la filiale pétrolière du groupe Repsol, fait chuter le titre de plus de 8% à la Bourse de Madrid. Le groupe espagnol perd son plus beau fleuron.
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Le bras-de-fer engagé depuis plusieurs semaines par la présidente argentine Cristina Fernández de Kirchner avec Repsol a débouché, ainsi qu'il était prévisible, sur la prise de contrôle de la filiale locale de ce dernier, YPF, détenue à 57 % par le groupe espagnol. Selon le projet de loi présenté par la chef de l'État le 16 avril, qui déclare "d'intérêt public national" la production d'hydrocarbures, 51 % des actions d'YPF seront expropriées. Un organisme d'État déterminera le prix d'achat des titres. En attendant le vote de la loi, qui devrait être approuvée par une large majorité, le ministre de la Planification Julio De Vido a été nommé à la tête de l'entreprise par décret.

De manière prévisible, l'action Repsol à la Bourse de Madrid a chuté drastiquement, ce mardi matin, de plus de 8%. A l'ouverture, l'action Repsol YPF perdait 8,21% à 16,045 euros, reflétant les inquiétudes des investisseurs après l'annonce de cette mesure dénoncée comme "illégale" par Repsol.

Pas une étatisation

La présidente a justifié la mesure par le déclin de la production (YPF représente près de 40 % du pétrole et du gaz extrait dans le pays), imputable selon elle au manque d'investissements de Repsol, qui a conduit l'Argentine, naguère exportateur net d'hydrocarbures, à devoir payer une facture pétrolière de près de 10 milliards de dollars en 2011. Elle a précisé qu'il ne s'agissait pas d'une étatisation, 49 % du capital d'YPF devant demeurer dans le privé (actuellement, aux côtés de Repsol, le groupe local Petersen détient 25,4 % de la société, le solde étant sur le marché), à l'image de ce qu'a fait le Brésil avec Petrobras.

Pour l'Argentine, c'est une renationalisation, YPF, alors compagnie publique, ayant été privatisée au profit de Repsol dans les années 90. Pour le pétrolier espagnol, qui avait acquis une dimension internationale avec cette opération, c'est un coup au c?ur : il perd une filiale qui représente un tiers de ses bénéfices et une part plus importante encore de ses réserves internationales. On comprend dès lors les violentes réactions du gouvernement de Mariano Rajoy, qui a menacé le pays sud-américain de représailles et demande le soutien de l'Union européenne.

Chute des actions d'YPF

Un retour en arrière étant toutefois exclu à Buenos Aires, les prochaines batailles seront juridiques. Repsol s'adressera sans doute au CIRDI (Centre de règlement des différends sur les investissements), tribunal d'arbitrage de la Banque mondiale où les plaintes contre l'Argentine s'accumulent depuis le blocage des tarifs des services publics concédés à des entreprises internationales décidé par le gouvernement après la dévaluation de fin 2001. Est également à prévoir un désaccord sur le prix de cession des actions d'YPF, qui ont chuté de 40 % depuis le début de cette crise. Une dégradation des relations économiques bilatérales semble inéluctable, mais l'Espagne devra néanmoins tenir compte des intérêts de ses entreprises installées en Argentine, notamment dans les télécoms (Telefónica) et la banque (Santander et BBVA).


 

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Commentaires 39
à écrit le 17/04/2012 à 13:43
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Voilà des décennies que l?Argentine vit sous régime socialiste. Plus ou moins brutal selon les époques, ce socialisme a érigé l'immoralité en institution, ce qui condamne le pays à l'appauvrissement progressif. La croissance de ces dernières années e...

le 17/04/2012 à 14:31
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immoralité ? décision innique ? voila des termes qui s'appliquent également au monde financier et aux grandes compagnies pétrolière. La morale n'existe pas à cette échelle, puisque la guerre reste une solution pour les états et la corruption est un d...

le 17/04/2012 à 14:33
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Et hop un petit coup de propagande libérale. Vous avez la mémoire courte. Qui à causé la crise de 2001 monsieur ? Un régime sanguinaire socialiste-communiste-Fasciste (puisque vous osez le dire) ?? Est ce ce régime qui à plonger la moitié du peuple s...

le 17/04/2012 à 15:16
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@ Yurf Mais puisque vous aimez l'histoire, pourquoi ne pas remonter plus loin que cela? Alors que l'Argentine prospere au sortir de la deuxieme guerre mondiale, ses dirigeants ruinent litteralement le pays en nationalisant a tout va et en vidant le...

le 17/04/2012 à 15:31
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Sauf que au sortir de la seconde guerre mondiale, comme vous le dites, le pays n'était pas ce qu'on pouvait appeler une démocratie. Les suites de la colonisation non assumé (comme aucune d'ailleurs). Une situation condamnable autant par les libéraux ...

le 17/04/2012 à 17:47
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Certes, pour autant, la politique economique appliquee a l'epoque (Etat obese, nationalisations) fut un desastre... Voila qqchose qui n'a pas le moins du monde fonctionne non plus, au passage; pourtant, l'Argentine se trouvait economiquement en bonne...

le 17/04/2012 à 19:07
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Nan mais la vous parler d'une dictature pas d'un model économique, bien sur que le TOUT état n'est pas bon, justement parce que trop centralisé. Comparons plutôt la situation dans les années 90, époque où l'argentine n'a jamais été autant libéral (et...

à écrit le 17/04/2012 à 13:25
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Pauvres actionnaires des sociétés pétrolières. C'est vrai quand même, il est bien connu que ces entreprises payes beaucoup d'impôts, ne délocalise pas, ne pollue pas à outrance, et de se font pas des milliards d'euros de bénéfices depuis des années.....

le 17/04/2012 à 14:19
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"ces entreprises payes" ; "Vraiment je les pleins !!" ; "c'est finis" : encore une grande victoire de l'Edulcoration Nationale qui distribue de la pensée aléatoire à destination des faibles d'esprit.

le 17/04/2012 à 14:36
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I'argentine a cru au libéralisme. Si si, ils ont construits un état néo libérale en 80, avec les meilleurs économistes néo libéraux américains. A la bonne pensé libéral fut bien distribué. 20 ans plus tard, ou en est la pays: la moitié du pays sous l...

le 17/04/2012 à 14:49
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"et de se font pas des milliards d'euros de bénéfices depuis des années" Aaaah, les salops... C'est tellement mieux les communes argentines en auto-gestion, non rentables et vivant sous perfusion de l'Etat...

le 17/04/2012 à 15:39
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D'ou est ce que vous tenez cette information ? Savez vous que ces entreprises représentent 10 000 personnes qui allait être laisser sur le carreau parce que les grands groupes trouvait de la main d'oeuvre moins chers en Chine. C'est ça votre idéal? Q...

à écrit le 17/04/2012 à 13:00
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Tres mauvais signe pour les investisseurs. Ils vont fuir le pays ou regarder le profit à tres court terme maintenant. Mauvais calcul pour l'argentine.

le 17/04/2012 à 13:45
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les espagnols n'agissent plus en investisseurs mais en colons propriétaires des meubles. l'argentine a bien besoin de reprendre en main ses actifs stratégiques (énergie, banques, télecoms) largement surexploités par l'espagne qui pompent les liquidit...

à écrit le 17/04/2012 à 12:31
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J'espère qu'ils ont bien fait leur compte car il risque d'y avoir un contre-coup en termes d'investissement étrangers en argentine. Le message est le suivant : "Viens investir chez moi et après je te prends tout en contre-partie d'un prix que je t'i...

le 17/04/2012 à 13:49
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L'investissement dans un pays ne peut se faire au détriment des intérêts economiques et financiers de ce même pays. Tel est le message que l'Argentine fait passer.

le 17/04/2012 à 14:15
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Le message que l'Argentine fait passer est qu'elle fera ce que bon lui semble, et n'hesitera pas a s'approprier des capitaux qui ne lui appartiennent pas. Les marches s'en souviendront pour longtemps. Souhaitons pour l'Argentine que le pays n'ait pas...

le 17/04/2012 à 14:35
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L'investissement dans un pays veut pas dire voler et s'approprier des bénéfices du pays. Je suis d'accord avec moneyfocus, nous en avons marre, les argentins, d'offrir des cadeaux aux pays étrangers quand nous, nous avons besoin des bénéfices pour no...

le 17/04/2012 à 14:38
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C'est l'argentine qui se souvient de ce que le marché leur à fait entre les années 80 et les années 2000. Ne vous trompez pas sur qui à exploité qui ! Relisez vos livres !

le 17/04/2012 à 14:48
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L'Argentine n'emprunte quasiment plus sur les marchés internationaux des capitaux (dont nul se sait s'ils sont positifs ou toxiques pour les pays émergents)... Elle a une certaine habitude de ne pas trop s'intéresser aux intérêts du grand capital (ét...

le 17/04/2012 à 15:03
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@ yurf Si je ne m'abuse, c'est le fait d'avoir pegge le peso au dollar et la crise mexicaine des annees 1990 (meme cause: la hausse du dollar) qui a precipite l'Argentine dans la crise. Nul n'est responsable si ce n'est les decisions politiques de...

le 17/04/2012 à 15:49
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Ahhh Tyler, on commence à se comprendre et non tu n'abuses pas c'est bien à cause de l'indexation du peso sur le dollars que tout à commencer. Mais pourquoi donc ont ils pris cette décisions ? Et bien oui en suivent les conseils avisé du FMI et des c...

le 17/04/2012 à 16:42
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Cela montre que cette politique monetaire (parite fixe) a dramatiquement echoue, c'est un mauvais choix, certes. Pour autant, vu l'etat deplorable du pays a la fin des annees 80 (croissance negative et hyper-inflation), il fallait agir, et vite. ...

le 17/04/2012 à 19:13
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Même si nos avis diverge sur certain point, je vous trouve bien plus raisonnable que beaucoup de messi du libéralisme, c'est agréable. Bien sûr qu'aucun système n'a réellement fonctionné jusque là, sinon on prendrait model. Seulement voila, l'argenti...

à écrit le 17/04/2012 à 12:12
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bravo à l'argentine qui prend en fin en main son destin économique. les conquistadors espagnols, chasseurs d'or et colonisateurs sanglants, ont fait trop de mal aux populations locales, à la faune et à la flore dans les amériques. encore un dernier e...

à écrit le 17/04/2012 à 11:23
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Pas de doute que l'Argentine payera ce genre de coup au quintuple un jour... J'espere pour eux que le cours des matieres premieres va continuer a exploser...

le 17/04/2012 à 13:13
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L'Argentine ne paiera rien. La croissance de l'Argentine est de près de 6% en 2012. Vous pensez réellement que l'Espagne et l'UE sont en position de force. "Borroso" a répliqué par un "je suis déçu" lol.

le 17/04/2012 à 13:38
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Certes, mais je ne parle pas de ceder devant des pressions politiques venant de l'UE ou de l'Espagne. Simplement du fait que ce genre de decision entame la confiance des investisseurs etrangers, ce qui n'est jamais bon... L'Argentine peut sans doute ...

le 17/04/2012 à 15:26
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ou alors ... l'Argentine a simplement anticipé la fin du système actuel dans une gigantesque faillite générale et en a conclu qu'elle n'a plus besoin de nous, donc les argentins récupèrent leurs ressources. Nous devrions certainement faire de même, a...

à écrit le 17/04/2012 à 11:14
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Excellente initiative de la part de Mme Kirchner .... Pas d?investissement dans la pays, facture trop élevée, nationalisation..... C'est fini le temps du "je fais ce que je veux, le marché est libre"

à écrit le 17/04/2012 à 11:07
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L'Argentine serait-elle en train de s'armer pour un bras de fer avec la Grande Bretagne à propos du pétrôle dans le secteur des Malouines/Falklands ?

le 17/04/2012 à 12:49
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Qui sait. En plus avec les coupes budgétaires que connait l'armée britannique, le Royaume Uni ne serait plus capable de reprendre ces îles en cas de nouvelle guerre.

à écrit le 17/04/2012 à 10:44
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Comme quoi être dictateur n'est pas un monopole masculin!

le 17/04/2012 à 11:46
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C'est une nationalisation, décidée en vertu d'une loi, dont le projet est présentée par une présidente élue, loi proposée à l'adoption d'un parlement élu. La dictature est dans votre imagination. Et pour votre gouverne, revoyez l'histoire, par exempl...

le 17/04/2012 à 11:58
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Elle a raison Madame KIRCHNER, et si les Parlementaires UMP avaient été courageux (ils sont plutôt ventre mous repus) Total, les Autoroutes auraient dû être confisqués depuis longtemps, Renault aussi d'ailleurs.

le 17/04/2012 à 12:07
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Cela peut aussi etre vu comme un racket de l'Etat, qui vole purement et simplement les actionnaires de Repsol. Nul doute que l'Argentine payera ce genre de coup au quintuple si elle les multiplie... Il n'y a pas de "free lunch", tout a un cout et des...

le 17/04/2012 à 12:37
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l'Argentine ne craint pas grand chose. les pays occidentaux sont en faillite totale et n'auront bientôt plus les moyens de réagir. les pays émergents vont pouvoir se servir .

le 17/04/2012 à 12:43
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sans pencher du coté gauchiste de base "l argent c est mal nationalisons ce qui en font" qui à la fois ridicule et anachronique ,je pense qu il serait imporant de nationaliser et boucler hermétiquement tous les domaines stratégiques sous controle de...

le 17/04/2012 à 13:03
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je suis tout à fait d'accord avec Mordrakheen. Au vu des catastrophes en cours et des problèmes qui sont devant nous, ces mesures me semblent s'imposer.

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