En pleine transition, Engie supprime 500 emplois au siège

Dans le cadre d’« une nouvelle étape de sa transformation », Engie réorganise son siège social, entraînant la suppression de 20% des effectifs.
La réorganisation du siège social entraîne 500 suppressions de postes

L'information, qui avait fuité lors du Comité d'entreprise européen de mercredi, est officielle après l'information faite aux instances nationales (en France, Belgique et Royaume-Uni) ce jeudi. L'ex GDF-Suez a entamé début 2016 une réorganisation consistant à remplacer les cinq anciennes branches par 24 business units calquées sur des zones géographiques et capables d'offrir plusieurs services à un même client. Cette évolution s'est accompagnée dans un premier temps d'un accroissement des effectifs de son siège social. Mais une deuxième phase a été entreprise à l'automne avec la restructuration de ses fonctions support, visant au contraire à les diminuer.

Premier plan de départs volontaires

Si elle ne constitue pas une surprise en soi, les syndicats se disent étonnés par l'ampleur de la mesure, qui touche 30% de l'effectif du siège français, 50% en Belgique et 100% en Angleterre, dont le bureau est purement et simplement fermé. Près de 620 postes sont supprimés, en parallèle de la création de 114 nouveaux postes, essentiellement en France. Sans compter, rappelle la CGT, les 200 postes gelés depuis l'automne, ce qui fait dire au syndicat qu'il s'agit en réalité de 820 postes supprimés. D'autant plus, souligne son porte-parole Eric Buttazzoni, que rien ne garantit que les 114 recrutements puissent se faire par mobilité interne.

Tout en présentant début mars des résultats pour 2016 toujours négatifs mais en voie d'amélioration (400 millions d'euros contre 4,6 milliards en 2015), Isabelle Kocher avait annoncé une accélération du plan d'économies. L'entreprise a insisté sur l'absence de licenciements au profit de départs volontaires, de mobilités internes et de retraites anticipées d'ici à fin 2018. A cet effet, le budget formation a été multiplié par trois pour le seul siège.

Mais c'est la première fois qu'un plan de départs volontaires (PDV) est ouvert en France au sein d'une entreprise du secteur électrique et gazier. "Et s'il n'y a pas suffisamment de volontaires au départ, rien n'empêche de le transformer en plan de licenciement", observe Eric Buttazzoni.

Les salariés de l'exploration-production dans l'expectative

En décentralisant son organisation, Engie cherche à "gagner en agilité et en proximité avec ses clients", précise dans un communiqué l'entreprise qui emploie 153.000 collaborateurs dans le monde et prévoit d'en recruter 12.000 en 2017, dont 4.000 en France.

Mais d'autres postes sont menacés au sein de la branche Exploration - production internationale (EPI). En amont de sa cession au fonds d'investissement Carlyle, toujours en cours de négociation, une réorganisation a été lancée en mai 2016 pour s'adapter à la conjoncture du marché pétrolier, qui doit être effective au 1er mai de cette année. Environ 40% des 500 salariés sont concernées par ce repli stratégique sur des marchés matures. Faute de réponses satisfaisantes apportés par la direction, et à la suite notamment d'une réunion infructueuse le 20 mars dernier,  le comité d'entreprise a engagé une procédure judiciaire afin d'obtenir des informations.

Les cahots de la transition

Si la cible à moyen terme semble claire aux yeux d'Isabelle Kocher, devenir le leader d'un monde de l'énergie décentralisé, digitalisé et décarboné, les voies pour y parvenir sont semées d'embûches. Tout en reconnaissant que la directrice générale "essaie de bouger les lignes", la CGT estime qu'elle "va trop vite".

"EPI, c'est quand même 1,2 milliards d'euros d'EBITDA, près de 12% de l'EBITDA du groupe, rappelle Eric Buttazzoni. Qu'est-ce qui va prendre le relais après la cession ?"

Ces derniers jours, Engie a annoncé plusieurs succès dans les énergies renouvelables en Asie. En Inde, sa filiale Solairedirect India a remporté un appel d'offres pour un projet solaire de 338 MWc, grâce à un prix ultra compétitif de 3,15 roupies/kWh (environ 48,7 dollars/MWh). En Chine, le groupe vient d'entrer au capital du spécialiste du photovoltaïque Unisun, à hauteur de 30%. Créée en 2014, l'entreprise chinoise possède déjà environ 500 MW de projets en portefeuille et vise une capacité installée de 4 GW de photovoltaïque d'ici 2020.

Sans doute pas de quoi répondre aux inquiétudes des syndicats français, mais des exemples concrets des nouvelles ambitions du groupe dans une énergie décarbonée, numérisée et décentralisée...

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Commentaires 7
à écrit le 22/04/2017 à 11:35
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La gestion de Gérard Mestrallet s'avère désastreuse, et il faut bien redonner un avenir à ce Groupe !

à écrit le 21/04/2017 à 8:10
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Engie aurait pu faire des économies en ne changeant pas de nom ni de logo. Combien a coûté cette opération qui n'apporte RIEN au client ?

à écrit le 21/04/2017 à 7:48
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Engie ex-GDF-Suez a une drôle de façon de faire. Il va baisser le prix du gaz oui, mais à la sortie de l'hiver. Cela montre l'état d'esprit qui règne en France.

à écrit le 20/04/2017 à 21:52
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L'article aurait pu titrer sur le recrutement de 4000 personnes en France, ou sur les 12000 dans le monde, mais c'est la suppression de 620 postes qui a l'air d’étonner. Pour un groupe d'une telle dimension, en pleine phase de réorganisation stratégi...

à écrit le 20/04/2017 à 18:56
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he oui c'est deja dur comme ca pour les industrie energetiques d'ordre general, en france elles ont en plus droit a des insultes en tant qu'industries lourdes, des insultes car elles polluent plus que de raisons, des insultes car elles ne respectent...

le 20/04/2017 à 20:08
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Industriel lourde, elle fabrique, produit quoi GDF ? Achète et revend du gaz que GrDF gère via les compteurs et les tuyaux. EDF produit, oui, en faisant pédaler des turbines avec de la vapeur des cocotes-minute (gaz, charbon, fuel, nucléaire), voire ...

à écrit le 20/04/2017 à 18:45
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Il y a 30% des salariés du siège dont l'entreprise estime qu'elle pourrait se passer. Ce n'est pas très valorisant pour eux ce constat.

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