Les « robo-advisors » veulent démocratiser la gestion de l’épargne

Après Fundshop, Advize ou Marie Quantier, Yomoni vient de se lancer dans l’aide à l’allocation d’actifs, en France. Le marché mondial des robots-conseillers pèse 14 milliards de dollars.
Christine Lejoux
Perdus face à une offre de placements pléthorique, les particuliers font dormir leur épargne dans des fonds en euros.

A Bordeaux Fintech, la première conférence nationale dédiée aux startups de la finance 2.0, qui s'est déroulée mercredi 7 octobre, il y avait bien sûr des plateformes de crowdfunding et des spécialistes des moyens de paiement. Mais également une nouvelle catégorie de « fintech », moins connue car plus récente : celle des « robo-advisors » ou robots-conseillers en bon français. Fundshop est l'une d'elles. Cette startup, lancée en janvier dernier par Léonard de Tilly, un ancien de la Société générale, s'est donné pour mission d'aider les épargnants à placer leurs économies. Et ce, de façon entièrement automatisée, au moyen d'algorithmes de construction de portefeuilles développés avec l'Ecole polytechnique.

« Jusqu'à présent, pour gérer son patrimoine, on pouvait être accompagné (par un conseiller financier), ce qui implique de disposer d'un patrimoine élevé, ou le faire soi-même, ce qui nécessite d'être suffisamment expert en la matière. Notre objectif est de démocratiser l'accès à la performance des marchés financiers », explique Léonard de Tilly.

Un écart de situations que son homologue Nicolas Marchandise, co-fondateur d'Advize, avait très clairement exposé le 23 mars, lors du « Lundigital » organisé au ministère de l'Economie : « Les investisseurs institutionnels disposent de traders et d'analystes financiers pour les aider à placer leur argent. Des services que les clients des banques privées, eux aussi, peuvent s'offrir. Ce qui n'est pas le cas des épargnants lambda. » Conséquence, perdus face à une offre de placements pléthorique, ces derniers vont au plus simple et font dormir leur épargne dans des fonds en euros, au lieu de l'investir dans l'économie et de bénéficier ainsi de rendements plus intéressants.

Wealthfront et Betterment, les pionniers

Si les robo-advisors permettent de démocratiser l'aide à l'allocation d'actifs, c'est parce que leurs décisions d'investissement ne reposent sur aucune intervention humaine, les algorithmes faisant tout le travail, sur la base des tendances de marché du moment, couplées aux objectifs de performance, au degré d'aversion au risque et à la situation financière des épargnants, toutes choses que ces derniers auront renseignées dans un questionnaire à remplir en ligne. « L'innovation réside moins dans les algorithmes que dans le fait de donner accès à tout un chacun à ces algorithmes. Nous essayons d'être très simples car c'est l'expérience-client qui importe avant tout », souligne Léonard de Tilly. Une simplicité qui se retrouve au niveau de la facturation, les utilisateurs de Fundshop - au nombre de 2.950 actuellement - payant un abonnement mensuel de 9 euros. A noter que la fintech ne vend aucun produit financier pour son propre compte, mais référence onze contrats d'assurance-vie distribués par des institutions financières comme Boursorama, Fortuneo ou BNP Paribas.

L'idée de créer Fundshop, Léonard de Tilly l'a eue durant son MBA à l'université de New York, où il a croisé le chemin des fondateurs de Wealthfront. Cette fintech américaine est tout simplement le pionnier des robo-advisors, avec sa compatriote Betterment. Chacune des deux startups gère aujourd'hui quelque 2 milliards de dollars d'actifs, soit la quasi-totalité du marché américain des robo-advisors. Un marché qui s'élève à 14 milliards de dollars, à l'échelle mondiale, selon un rapport publié en juin par le cabinet de consultants Chappuis Halder. A titre de comparaison, le total des actifs sous gestion dans le monde atteint 72.000 milliards de dollars.

La gestion d'actifs traditionnelle s'intéresse de près aux robo-advisors

Certes, le marché des robo-advisors est encore très petit mais, signe de son potentiel, le nombre d'acteurs ne cesse de se multiplier. En France, après Fundshop, Advize ou encore Marie Quantier, Yomoni est venu grossir les rangs du secteur, le mois dernier. Surtout, les acteurs traditionnels de la gestion d'actifs s'intéressent de très près aux robo-advisors. Après le partenariat signé entre Fidelity et Betterment, le géant américain Blackrock, qui gère 4.700 milliards de dollars d'actifs, a racheté le Californien FutureAdvisor, à la fin du mois d'août. Avec pour objectif de permettre aux banques et aux assureurs clients de sa filiale technologique Blackrock Solutions de servir les investisseurs « mass affluent.» Lesquels sont aisés, mais pas suffisamment pour s'offrir des prestations de gestion privée. Il s'agit là d'un marché très significatif.

Autre but de la manœuvre : capter la clientèle de la génération millenium, née avec Internet et les smartphones. « J'ai deux fils d'une vingtaine d'années. A l'ère des textos et du chat, je ne suis pas sûr du tout qu'un rendez-vous de visu avec un conseiller financier leur plaise. Sans doute préfèreront-ils recevoir des conseils (de placement) par le biais des canaux numériques », a récemment expliqué au Financial Times Frank Porcelli, patron de la division américaine de Blackrock spécialisée dans le conseil en gestion de fortune. Sans aller jusqu'à un rachat pur et simple à la façon de Blackrock et de FutureAdvisor, « à terme, Fundshop sera intégré aux acteurs traditionnels de la distribution d'épargne », estime ainsi Léonard de Tilly. Et d'ajouter : « Nous voulons accélérer le processus d'innovation des institutions financières, qui est un peu statique. »

Christine Lejoux

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Commentaire 1
à écrit le 13/10/2015 à 11:46
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Dommage qu'il ne soit pas fait mention de Nutmeg qui selon moi est à la pointe en Europe.

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