L'entrée d'Air France-KLM dans le capital de Virgin Atlantic tombe à l'eau

Air France-KLM a annoncé qu'il renonçait à sa prise de participation de 31% du capital de Virgin Atlantic, comme prévu lors des accords de juillet 2017. L'alliance commerciale sur l'axe transatlantique entre Air France-KLM, Virgin et Delta demeure.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Toby Melville)

C'est officiel. Comme La Tribune l'indiquait la semaine dernière, le rapprochement capitalistique entre Air France-KLM et Virgin Atlantic tombe à l'eau. Annoncée en juillet 2017 dans le cadre d'un vaste schéma d'alliances commerciales et capitalistiques à plusieurs bandes impliquant également la compagnie américaine Delta, la prise de participation du groupe français dans le capital de Virgin Atlantic à hauteur de 31% ne se fera pas. Pour rappel, Virgin Atlantic est détenue par Virgin Group (propriété du milliardaire britannique Richard Branson) à hauteur de 51%, et par Delta à hauteur de 49%.

« Air France-KLM et Virgin ont considéré que l'acquisition d'une participation dans Virgin Atlantic n'était plus nécessaire », a expliqué ce mercredi Air France-KLM dans un communiqué.

Revirement curieux

Selon nos informations, Virgin était à l'initiative de ce revirement. Le groupe dirigé par le milliardaire Richard Branson ne souhait curieusement plus vendre, et Delta soutenait cette position après avoir insisté pendant des années à embarquer Air France-KLM dans cette opération.

L'accord, qui avait été signé à l'été 2017, permet à Air France-KLM d'acheter 31% du capital de Virgin Atlantic au groupe Virgin pour un montant de 220 millions de livres sterling (258 millions d'euros). Pour permettre à Air France-KLM de financer cette opération, Delta avait injecté, en 2017, plus de 325 millions d'euros dans le capital d'Air France-KLM, dans le cadre d'une augmentation de capital réservée, ce qui lui a permis de mettre la main sur plus de 8% du capital du groupe français.

Cette somme permettait à Delta de donner à Air France-KLM les moyens nécessaires pour acheter les 31% de Virgin Atlantic. Cette augmentation de capital a par ailleurs concerné également China Eastern. La compagnie chinoise est en effet entrée au même moment et avec les mêmes montants que Delta dans le capital d'Air France-KLM. Aujourd'hui, ceux qui critiquaient cette opération au motif où elle constituait la première étape de la perte d'indépendance d'Air France-KLM doivent fulminer. D'autant plus que Delta et China Eastern viennent de se voir attribuer des droits de vote double.

S'il n'y aura donc pas de rapprochement capitalistique, il y aura un rapprochement commercial.

Un accord commercial d'envergure

"Air France-KLM et Virgin discutent actuellement un accord selon lequel Air France-KLM ne prendra pas de participation dans Virgin Atlantic, sans impact sur la position d'Air France-KLM dans la coentreprise commerciale associant Delta Air Lines, Virgin Atlantic et Air France-KLM », indique le communiqué de presse du groupe français.

Le partenariat commercial passé entre Air France-KLM, Virgin Atlantic et Delta sur l'axe transatlantique n'est en effet pas remis en cause. Cet accord vise à regrouper le système d'alliance de Delta et de Virgin entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis et celui d'Air France-KLM et de Delta entre le reste de l'Europe et les Etats-Unis. Appelés dans le transport aérien « joint-ventures » (même s'ils ne reposent sur aucun lien capitalistique entre les partenaires), ces systèmes d'alliance constituent le niveau le plus avancé d'une coopération commerciale puisqu'ils permettent aux acteurs qui la composent de partager sur un plan de vols commun les coûts, les recettes, d'harmoniser les forces commerciales, les horaires des vols... Prévue pour débuter en janvier prochain, cette alliance pèsera près de 14 milliards de dollars de chiffre d'affaires.

Faibles marges de manoeuvres

L'échec de cette prise de participation n'est pas une mauvaise chose. Il permet au groupe français de conserver du cash à l'heure où l'environnement économique qui devient difficile. Il traduit aussi les faibles marges de manœuvres financières dont dispose Air France-KLM pour des opérations de croissance externe. La priorité de son directeur génértal Ben Smith est d'abord de restaurer la compétitivité d'Air France. Aujourd'hui, Air France-KLM ne pourrait pas se lancer dans une opération d'envergure, sans recourir à une augmentation de capital. Mais pour cela, il lui faut augmenter son cours de Bourse. Pour autant, tout l'enjeu pour le groupe sera de ne pas se faire distancer par ses concurrents pendant cette phase de restauration des fondamentaux, alors que Lufthansa et IAG (British Airways et Iberia) ont déjà pris un train d'avance en termes d'acquisitions.

Fabrice Gliszczynski

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