Thales et Veolia lancent des « éco-SIM » fabriquées à partir de frigos

Alors que 4,5 milliards de cartes SIM sont vendues chaque années, engendrant la production de 20.000 tonnes de plastique, les deux géants se sont alliés pour intégrer le produit dans une économie circulaire.
Marine Godelier
Les ingénieurs de Thales et les experts de Veolia ont collaboré pendant trois ans pour trouver une formulation compatible avec les certifications existantes.
Les ingénieurs de Thales et les experts de Veolia ont collaboré pendant trois ans pour trouver une formulation compatible avec les certifications existantes. (Crédits : Médiathèque Veolia - Christophe Majani)

Des cartes SIM fabriquées à partir de réfrigérateurs usagés et recyclés. C'est ce que proposent les groupes Thales et Veolia, qui se sont associés pour réduire l'impact environnemental de cette petite puce, intégrée dans chaque téléphone mobile. Car malgré sa taille, son empreinte est non négligeable : elle représente 20.000 tonnes de plastique par an, « soit l'équivalent en poids de quarante Airbus 40 pleins, passagers, bagages et essence compris », souligne Christelle Toureille, directrice Carte SIM chez Thales.

Un défi pour le géant mondial des technologies de pointe, qui couvre le quart de ce marché - soit près d'un milliard de cartes par an. « En utilisant une matière recyclée, nous pouvons éviter la production de 5.000 tonnes de plastique vierge chaque année afin de fournir nos opérateurs », affirme Christelle Toureille. D'autant que, selon elle, l'attente du marché télécom pour pouvoir enfin « proposer des services verts à leurs abonnés » est « forte ».

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Réemploi du polystyrène

Le groupe d'électronique s'est donc rapproché de Veolia, afin d'engager un processus de fabrication industrielle d'une nouvelle « éco-SIM ». Après trois ans de travail des ingénieurs et experts des deux entreprises, « nécessaires pour trouver la bonne formulation, compatible avec les certifications », la chaîne est désormais lancée.

Concrètement, le gestionnaire de l'eau et des déchets se charge de la collecte, du traitement puis in fine, du recyclage de la matière qui servira à façonner les cartes : des frigos en fin de vie. Ceux-ci sont constitués d'environ 17% de polystyrène en moyenne, qui sera entièrement réemployé.

« Dans notre usine de recyclage, nous séparons les différents composants des réfrigérateurs, qui sont ensuite affinés. Puis nous dirigeons ce polystyrène vers des unités de régénération de plastique, qui le reformulent à partir du granulé récupéré », explique Marc-Antoine Belthé, directeur valorisation matières chez Veolia.

Des composants électroniques spécifiques

Le produit entame désormais sa phase de commercialisation. « On a déjà une dizaine de commandes en cours », se félicite Christelle Toureille. Et l'utilisation de cette carte d'un nouveau genre ne diffère pas de toutes les autres. Sa durée de vie non plus : comme pour toutes les puces, elle peut être très variable, « de quelques mois à quelques années », précise la directrice SIM chez Thales. En fin de vie, son plastique « pourra être à nouveau recyclé », assure Christelle Toureille.

Quant à l'emballage qui l'entoure, il est aussi entièrement éco-conçu, assure-t-elle. Reste la question du composant électronique, qui donne à la carte tout son intérêt. « Pour minimiser son impact, nous travaillons avec nos partenaires sur le design de puces spécifiques », assure-t-on chez Thales. « Nous voulons englober l'ensemble de la chaîne dans cette démarche économie circulaire. Et concernant le peu d'éléments non-recyclables, leurs émissions de CO2 associées sont intégralement compensées », ajoute Christelle Toureille. Pour limiter son impact, le groupe affirme participer au financement de projets d'efficacité énergétique, d'installations d'énergie renouvelable et de reforestation dans le monde, via un partenariat avec Natural Capital Partners.

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Coûts élevés

Nouvelles arrivantes sur un marché déjà mature, le prix des « éco-sim » peut représenter un frein pour certains opérateurs. « Elles sont issues d'un processus complexe, avec un investissement significatif engendrant des coûts élevés », développe Christelle Toureille.

Une différence « compensée par leur valeur environnementale supérieure », fait valoir Marc-Antoine Belthé. « Il faut que le consommateur final, ou quelqu'un d'autre dans la chaîne, soit prêt à l'accepter, étant donné les externalités positives du produit », conclut-il.

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Marine Godelier

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Commentaires 2
à écrit le 01/04/2021 à 16:04
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Ma carte SIM a un age canonique (30 ans ? Faut que je cherche ma facture initiale). Quand on achète un smartphone (ou change d'opérateur) on doit changer de carte SIM ? Ça doit se régler au niveau du réseau GSM, ça (logiciel). Espérons que quand on ...

à écrit le 01/04/2021 à 13:19
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Une excellente idée à protéger immédiatemment avec du protectionisme.

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