Quand une friche urbaine se mue en ferme

Dans les Yvelines près de Paris, quatre entreprises ont transformé un terrain vague en lieu de production de fraises, de tomates cerises et de framboises. L'initiative, qui se veut rentable, pourrait faire boule de neige, alors que des milliers d'hectares de friches urbaines délaissées émaillent l'Hexagone.
A Saint-Cyr l’Ecole (Yvelines), le premier démonstrateur d’agriculture urbaine de France sur une ancienne friche de 3,5 hectares.

Jadis, la plaine de Versailles était le domaine de chasse du roi. C'est Louis XIV qui a fait aménager ce territoire - qui s'étend dans le département des Yvelines non loin du château -, pour y tirer des faisans et autres perdrix. Depuis, urbanisation oblige, le domaine a bien changé.

Et l'autoroute A12 vient transpercer cette zone où les ensembles résidentiels côtoient des espaces encore naturels. C'est ici, en périphérie de la commune de Saint-Cyr l'École, qu'apparaît les fermes en ville, une exploitation agricole de 3,5 hectares. Inaugurée le 4 septembre 2014, celle-ci produit plusieurs tonnes de fraises, de framboises, de tomates cerises et des herbes aromatiques. Toutes ces cultures sont « hors sol », c'est-à-dire qu'elles émergent de bacs spécifiques. En clair, rien ne sort directement de la terre, ici infertile.

« C'est comme si on était sur un parking ! », sourit Alexis Lefebvre, chargé de mission en agriculture urbaine.

À côté de ces cultures, quinze ruches ont été installées, ainsi qu'une zone dédiée à la découverte de l'agriculture hors sol pour accueillir des visites pédagogiques et professionnelles.

On y trouve notamment des colonnes hydroponiques. Ces tours de plastique mesurent environ deux mètres et accueillent des bouquets de salades. En outre, un espace de location de jardins pour le grand public verra le jour en 2015. Pourtant, de vieilles photos en témoignent, les lieux ne se prêtaient guère, au premier abord, à l'apparition de ces cultures. Jonché d'ordures ménagères et de carcasses de voitures rouillées, le terrain avait ces dernières années servi de dépôt de terres de chantier, avant de se muer en zone de trafic de drogue et en décharge sauvage. Toutefois, une initiative locale va changer la donne.

Les enjeux de la culture hors sol

Début 2011, une grappe d'entreprises baptisée Le Vivant, et la ville voit le jour. Celle-ci rassemble une vingtaine de sociétés spécialisées dans l'ingénierie écologique, l'aménagement et la réhabilitation des espaces urbains. En son sein, quatre entreprises (Les Jardins de Gally, Sol Paysage, Veolia et Hydrasol) décident d'unir leurs forces dans le projet Les fermes en ville. Leur objectif ? Montrer que l'on peut donner une seconde vie, verte et fertile, à une friche urbaine délaissée. Spécialiste de l'aménagement comme de l'entretien des jardins et espaces publics en ville, Les Jardins de Gally rachètent en 2012 le terrain vague de la plaine de Versailles. En vingt-deux mois seulement, et grâce à l'expertise de ses partenaires, la ferme prend forme. Tout a été pensé pour que le site fonctionne en économie circulaire, en optimisant l'usage des ressources sur place. Un ingénieux système d'alimentation en eau a ainsi été mis en place.

« Le terrain a été refaçonné avec une couche de terre imperméable, explique Alexis Lefebvre.

Elle a été disposée de façon à créer un toit inversé avec une pente à 2 %. De cette façon, on récupère presque intégralement l'eau de pluie et celle des cultures dans un petit canal. » Lequel se jette dans un bassin étanche relié au circuit d'irrigation. Imaginé par Veolia, le recyclage de l'eau permet d'éviter de recourir à un coûteux système d'approvisionnement extérieur.

Quand aux produits, ceux-ci sont écoulés localement.

« On a joué la carte de la proximité via des circuits courts », explique Xavier Laureau, qui mise sur des partenariats avec des supermarchés, et la livraison de corbeilles de fruits en entreprise pour les vendre.

À cela, il faut ajouter un distributeur automatique fermier de fruits et légumes non loin de l'exploitation. Au total, le projet aura coûté 1 million d'euros. La communauté de communes Versailles Grand parc, le Conseil général des Yvelines et la Région Île-de-France y ont investi. Selon Xavier Laureau, un retour sur investissement est attendu d'ici à quatre ou cinq ans. Avec ce « démonstrateur », comme il l'appelle, Xavier Laureau espère ainsi convaincre d'autres collectivités locales de lancer des projets similaires pour valoriser les friches urbaines de l'Hexagone à l'abandon. Certaines sont déjà intéressées, notamment dans le sud. Le vivant et la ville font décidément bon ménage.

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Commentaire 1
à écrit le 31/03/2015 à 12:26
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