Bien que le gaz de schiste leur donne accès à une énergie particulièrement bon marché, les Etats-Unis n'en poursuivent pas moins leurs efforts pour s'affranchir des importations, notamment celles de pétrole issu du Moyen Orient. Cette semaine, l'administration Obama a ainsi annoncé une hausse du standard d'efficacité en carburant pour les automobiles et les poids-lourds.

Doublement de l'efficacité des véhicules d'ici à 2025

Ce type de mesure n'est pas nouveau et a été imposé pour la première fois dans les années 1970 en réaction au premier choc pétrolier. La CAFE (corporate average fuel economy) s'exprime en distance parcourue par gallon (3,78 litres) de carburant. Récemment fixée à 35,5 miles par gallon (soit environ 15 km par litre ou 6,6 litres pour 100 km), elle a à nouveau été relevée cette semaine de façon drastique par l'administration Obama.

L'objectif de 54,5 miles par gallon (23 km/l) fixé à l'horizon 2025 correspond à un quasi doublement de cette efficacité par rapport aux voitures et camions actuellement en circulation. Ces nouveaux standards seront révisés en 2018, le cas échéant à la baisse s'ils s'avéraient qu'ils trop élevés par rapport aux technologies disponibles.

Ces nouvelles exigences auront des conséquences sur l'industrie automobile américaine, qui a été largement associée à la réflexion. Les principaux constructeurs ont d'ailleurs signé un accord avec l'administration, préalablement à l'entrée en vigueur de ces nouveaux standards. Ils étaient eux-mêmes demandeurs d'un standard unique dans tous les Etats, une visibilité indispensable pour procéder aux investissements nécessaires.

12 milliards de barils de pétrole économisés

D'après le département américain aux transports (DOT) et l'agence de protection de l'environnement (EPA) à l'origine de cette réglementation, cela fera économiser au pays 12 milliards de barils de pétrole et 1.700 milliards de dollars. Et aux ménages, pas moins de 8.000 dollars sur la durée de vie de leur véhicule.

Obama lui-même n'a pas hésité à qualifier cette mesure comme étant « la plus importante jamais prise pour réduire notre dépendance au pétrole importé ». De son côté, Lisa Jackson, à la tête de l'EPA, a promis une division par deux des émissions de CO2 liées aux transports routiers de personnes et de marchandises.

Ces standards ne nécessitent pas l'accord du Congrès. En revanche, ils risquent fort d'être remis en cause en cas de victoire de Mitt Romney aux prochaines élections présidentielles. Ce dernier, qui a encore déclaré lors de son investiture « Le président (Obama, ndlr) avait promis de soigner le monde et d'arrêter les océans de s'élever. Je vous promets de vous aider vous et votre famille », s'est d'ailleurs prononcé contre toutes les mesures écologistes prévues par l'administration en place.

Efficacité énergétique tous azimuts

Dans une volonté affichée d'accentuer sa différence avec son concurrent républicain sur les sujets environnementaux, Obama a également ordonné cette même semaine la construction de 40 gigawatts (GW) de cogénération (électricité + chaleur) d'ici à 2020, une technologie qui doit selon l'EPA générer 100 milliards de dollars d'économie pour les énergéticiens et permettre d'éviter l'émission de 150 millions de tonnes de CO2. Il y a quelques mois, l'administration avait déjà imposé à toute nouvelle centrale de recourir exclusivement aux technologies les plus efficaces.