Nicolas Kerbellec, l'expert de la lutte anti-contrefaçon

Olnica, créée en 2010 par Nicolas Kerbellec, propose des solutions de marquage garantissant l'origine d'un produit, grâce à un code unique. La jeune entreprise adresse les secteurs de la plasturgie, de l'aéronautique, de la banque (marquage des billets), de l'emballage ou de la cosmétique (flacons de parfum). Après le Texas, l'entreprise vient d'ouvrir un bureau à Shanghai.
Nicolas Kerbellec, président de Olnica, entreprise positionnée sur la sécurisation par marquage des produits finis et des matériaux.

Dans le domaine de la sécurité des produits, les industriels ont le choix entre quatre niveaux. Au premier, on trouve le code-barres. Pour les autres niveaux, on fait appel à des formules uniques. Une poignée d'entreprises dans le monde se sont spécialisées dans ce domaine, dont une en France : la rennaise Olnica. Positionnée sur la sécurisation par marquage des produits finis et des matériaux, la jeune entreprise adresse les secteurs de la plasturgie, de l'aéronautique, de la banque (marquage des billets), de l'emballage ou de la cosmétique (flacons de parfum). Baptisé u-Trace, son procédé de traceurs par additifs, dérivés des terres rares, permet de lutter contre les contrefaçons ou le vol de matériels.

« Les codes de ces traceurs sont comme l'ADN du produit »

Créée en 2010, l'entreprise est le fruit d'un essaimage de l'INSA Rennes, qui a transformé la thèse de recherche de Nicolas Kerbellec, 36 ans, en projet d'entreprise. En 2004, le futur docteur en chimie inorganique, et actuel président d'Olnica, diplômé du magistère matériaux à l'université de Rennes et titulaire d'un DEA de chimie solide, travaille sur les applications potentielles de ces métaux, devenus stratégiques dans l'économie mondiale.

Via la recherche très appliquée, il entend par la suite se tourner vers le monde industriel.

« Avec mes directeurs de thèse, on s'est rendu compte qu'on pouvait se servir des propriétés des terres rares - notamment luminescentes -, comme traceur de contrefaçon, explique Nicolas Kerbellec. On a commencé à marquer des matériaux comme le béton et le plastique. Il existe plus de 1,3 milliard de combinaisons différentes pouvant être intégrées dans les processus industriels. Les codes de ces traceurs sont comme l'ADN du produit. »

Les brevets de cette technologie sont déposés et Nicolas Kerbellec, rugbyman à ses heures et amateur de plongée sous-marine, fonce : pour créer son entreprise, il s'associe à ses directeurs de thèse, Olivier Guillou et Carole Daiguebonne. La marque Olnica prend vie.

Accompagné par Rennes Atalante via l'incubateur Emergys, le projet des trois associés est lauréat en 2008 et 2009 du concours d'aide à la création d'entreprises innovantes du ministère de la Recherche, dans les catégories émergence, puis création-développement. « J'ai suivi une formation en finances, stratégie, marketing et commercial. La définition du projet m'a aussi permis d'approfondir l'étude de marché », se souvient Nicolas Kerbellec.

Le jeune porteur de projet et ses associés fondent Olnica en avril 2010 à Rennes, où l'INSA leur prête des locaux, et prospectent les fonds d'investissement. Une première levée de 150.000 euros permet d'accrocher un premier business angel, Logoden Participations.

« Notre technologie existait, entrait dans une niche de marché, mais il fallait l'améliorer et permettre la lecture du code du traceur invisible à l'oeil nu », ajoute Nicolas Kerbellec.

Dans la foulée de sa fondation, Olnica crée ses premiers systèmes de lecture et les intègre à son offre. Fin 2010, la société accroche son premier client, la multinationale spécialisée dans la plasturgie, LyondellBasell Industries.

Adepte de la méthode de gestion « au plus juste »

Nicolas Kerbellec accorde sa production aux commandes. En 2013, Olnica passe la barre des 15 millions de produits marqués. La société trace autant les bouteilles de bières, dont les copies échappent à la taxe gouvernementale, en Chine notamment, que les jetons de casino. En 2012-2013, la première levée de fonds est complétée par un nouvel investissement de Logoden Participations. Mais c'est en décembre 2014 qu'un nouveau tour de table de 450.000 euros ouvre le capital à Starquest Capital. Socomore Ventures, filiale du groupe industriel de chimie breton Socomore, entre aussi dans la société. Les trois fondateurs restent majoritaires, mais l'entreprise doit trouver de nouveaux locaux, et agrandir l'équipe.

« Nous offrons aussi du conseil et nous travaillons sur la stratégie à adopter avec nos clients. Après les développements de 2013-2014, il nous fallait étoffer nos équipes spécialisées, souligne Nicolas Kerbellec. Entre janvier et avril 2015, Olnica est passée de 5 à 9 personnes. La société intègre aujourd'hui des ingénieurs, des business développeurs et deux chercheurs. »

L'an passé, elle a investi 500.000 euros dans l'équipement de son nouveau laboratoire de Chantepie.

Revendiquant un portefeuille d'une dizaine de clients, dont les noms restent confidentiels, Olnica, qui réalise 25% de son chiffre d'affaires à l'étranger, vise à cinq ans un chiffre d'affaires de 20 millions d'euros, contre moins de un million d'euros l'an passé. Cette croissance, qui concernera aussi les effectifs, passe par un développement plus soutenu à l'international. Pour accompagner ses clients, l'entreprise s'est d'ailleurs implantée en mai 2015 à Fort Worth, au Texas, au sein d'une filiale de Socomore. Cette collaboration avec le dispositif Breizh Lab, qui aide les startups à s'installer dans les locaux d'entreprises industrielles, vient aussi de déboucher sur l'ouverture d'un bureau à Shangai, alors que se profilent des contrats asiatiques, dans des secteurs comme la plasturgie et l'emballage.

« Le marquage présente un fort intérêt à l'exportation, assure Nicolas Kerbellec, par ailleurs membre du réseau Entreprendre Bretagne. Le marché de la contrefaçon est énorme. Estimé à près de 439 milliards d'euros et à 5% des importations de l'UE selon l'OCDE, il concerne tous les secteurs, toutes les industries. Cela pousse les entreprises à poser un regard proactif sur les questions de sécurisation des produits innovants, et à voir au-delà des simples codes-barres. »

Alors qu'Olnica est entrée en phase de croissance, Nicolas Kerbellec a un peu perdu, faute de temps, le contact avec le stade de rugby et le sport. Mais la lutte contre la contrefaçon est aussi une bataille de terrain.

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MODE D'EMPLOI

  • Où le rencontrer ? Au bureau, à Chantepie, dans le TGV Rennes-Paris, ou dans un avion.
  • Comment l'aborder ? Très simplement, avec un peu de courtoisie.
  • À éviter ! La langue de bois !

TIME LINE

  • 1980 Naissance à Pontivy, en novembre.
  • 2001 Diplômé de l'IUT en mesures physiques de Lannion.
  • 2004 Magister matériaux, université de Rennes. DEA de chimie du solide.
  • 2007 Thèse sur les applications des terres rares.
  • 2009 Le projet Olnica, lauréat du concours du ministère de la Recherche.
  • 2010 Création d'Olnica.
  • 2015 Installation au Texas.
  • 2016 Ouverture d'un bureau à Shangai

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