Merci Google ?

L'accord conclu entre le patron de Google, Eric Schmidt, et François Hollande, sur le soutien aux médias français pose autant de questions qu'il n'en résout.
Copyright Reuters

C?est une petite victoire mais c?en est une tout de même. En concluant vendredi soir à Paris un accord avec Eric Schmidt, le président de Google, François Hollande clôt une semaine qui, sur le plan politique et social, n?aura pas été particulièrement confortable. Et c?est assez savoureux qu?il ait pu le faire avec une multinationale américaine pour qui il ne doit pas avoir une affection particulière. De surcroit, le président de la République n?est pas véritablement un geek et doit être foncièrement agacé par les man?uvres fiscales dont est plus que soupçonné le géant américain.
Si François Hollande peut donc remercier Google, faut-il pour autant se réjouir de cet accord? Ce que l?on en sait, pas grand chose pour le moment, peut apparaître séduisant. D?abord, il est question de mettre en place un partenariat «commercial avec les éditeurs de presse». Ensuite, un fonds doté de 60 millions d?euros sera crée par Google pour aider la presse à «faciliter sa transition vers le numérique». Il n?est donc semble-t-il plus question de rémunérer «les droits voisins» comme le demandaient les éditeurs. Droits dont l?assiette reposait sur les bénéfices que retirait Google de l?utilisation de la production éditoriale des médias référencée sur son site. Un concept nouveau, complexe, dont la firme de Mountain View ne voulait pas entendre car elle considérait qu?elle s?engagerait là sur une pente dangereuse en ce qu?elle bouleversait les fondements mêmes de son modèle: le service et donc, de son point de vue, la promotion qu?elle offrait à l?information créée par des médias mal en point valant largement toutes les taxes et droits du monde, il n?était pas question de toucher à ce principe.

Le risque d'une jurisprudence

De ce point de vue, Google s?en tire à bon compte (60 millions d?euros représentent 2 jours de ses bénéfices annuels). En trouvant un compromis, il fait montre d?une certaine bonne volonté et donne un petit coup d?arrêt à la dégradation de son image des deux côtés de l?Atlantique liée aux attaques multiples sur sa position hyper dominante. En revanche, il doit s?attendre à ce que nombre d?autres pays avec qui il était en conflit, notamment l?Allemagne, demande un traitement au moins équivalent.

Et les médias français (dont fait bien sûr partie La Tribune)? En période de disette budgétaire, ils peuvent évidemment se réjouir de cette petite manne qui pointe à l?horizon (on ne sait pas encore lequel). Pour les aider à cette fameuse «transition numérique», ils étaient jusqu?à présent sur-dépendants de l?argent public, les investisseurs privés ne se précipitant pas pour financer un secteur, il faut bien le dire bien malade et en panne de modèle.
Mais de nombreuses questions restent en suspens. Quels seront les interlocuteurs de Google, sachant que les positions des uns et des autres sont très diverses sur le sujet? Quels seront les critères du même Google sur les attributions de ces aides? Quelles formes prendront ces soutiens? Simples subventions, avances?? Peut-on imaginer qu?une firme biberonnée aux valeurs du marché puisse intégrer dans son logiciel des notions fondamentales comme le nécessaire maintien d?une essentielle diversité d?opinions? Il n?est en tout cas pas banal de constater que l?avenir d?un pan entier du système d?information d?un pays voit une partie de son destin tomber entre les mains d?une multinationale, à qui il ne faut jamais l?oublier, il doit déjà beaucoup de sa visibilité sur le net. Une double contrainte qui peut effrayer. Mais avait-il le choix?
 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 22
à écrit le 16/06/2013 à 2:15
Signaler
merci google, tu as fêté mon anniversaire

à écrit le 03/02/2013 à 18:00
Signaler
Monsieur le journaliste, comment croyez-vous que Google ait obtenu cette position ? En se tournant les pouces ? Ils sont hyperdominants parce que ce sont objectivement les meilleurs et ce n'est pas avec des lois et du racket d'état qu'on va pouvoir f...

à écrit le 02/02/2013 à 17:14
Signaler
Le "droit voisin" au bain, c'est déjà ça. Les médias subventionnés ne méritent pas l'aumône de Google. "Lui, président", se ridiculise en signant un accord avec le grand méchant loup des médias socialisants, qui "facilite le "développement du numériq...

à écrit le 02/02/2013 à 14:21
Signaler
Je ne sais pas du tout comment il a pu obtenir ça de google ? Car, la solutions la plus simple pour google, c'est de ne plus référencer les médias qui ne le veulent plus, ( il faut payer pour être bien référence en général), à moins que les média con...

à écrit le 02/02/2013 à 13:21
Signaler
Je trouve assez "minable" qu'un président de la République s'abaisse à avaliser un accord commercial entre un lobby de la presse et une entreprise commerciale."C'est une sorte de déchéance personnelle que je trouve dommageable", comme un air de répub...

le 10/03/2015 à 11:29
Signaler
La concurrence va mettre en déroute la sncf personne s' en plaindra et mettra fin au monopole du rail et Que du bonheur pour les contribuables français...

le 11/03/2015 à 10:50
Signaler
La sncf va faire un copier-coller de la SOCIÉTÉ de Marseille qui va s' en plaindre personne. Que du bonheur de voir venir la fin du monopole du rail que du bonheur je vous dit adieu les grèves, adieu le cheminot mal luné, adieu les wagons sales, adi...

à écrit le 02/02/2013 à 12:39
Signaler
Google est une belle entreprise, le symbole de la réussite de la web-économie, ce type d'entreprise ne peut émerger que dans des pays où la liberté d'entreprendre est totale, où l'Etat n'est pas tout puissant face aux entrepreneurs, où la fiscalité n...

à écrit le 02/02/2013 à 12:33
Signaler
les éditeurs de presse mécontents devraient se demander pourquoi au bas de leur article on trouve le bouton de Google, tout comme celui de Twitter, Facebook...

à écrit le 02/02/2013 à 10:20
Signaler
C'est du racket. Google ne doit absolument rien aux médias français. Au contraire, il fait vivre ces sites. La plupart du monde va sur google actualité et clique sur le titre le plus racoleur; pour au final tomber sur un article médiocre.

le 02/02/2013 à 10:56
Signaler
Bien sûr que c'est du racket. Mais comme le pouvoir a besoin des médias obéissants, il se finance indirectement ; En France, un journaliste est soit aux ordres, soit à pôle emploi. Quant on sait combien des journaux que plus personne ne lit car ils n...

à écrit le 02/02/2013 à 9:50
Signaler
Même avec de l évasion fiscale, on est loin de ne payer que 5 % d impôts .... Donc les abrutits d entrepreneurs français sont bon pour payer 40 % d impôts et les étrangers 8 fois moins ... Belle leçon de notre président !!! Et le meilleur, c est qu ...

à écrit le 02/02/2013 à 8:12
Signaler
Serions nous face à une presse qui ne vit plus grâce à l'intérêt des lecteurs pour son contenu rédactionnel, mais survit grâce à des taxes, subventions et taxations déguisées en aides. Allez maintenant que la presse se penche sur le "cas" bing actual...

à écrit le 01/02/2013 à 22:51
Signaler
60 millions = 2 jours de bénéfices pour big brother google. Un arrangement de dupes. Pour une firme monopolistique et tentaculaire qui crache sur la liberté et vie privée des utilisateurs et qui pratique l?évasion et la fraude fiscale a l?échelle mo...

le 02/02/2013 à 8:47
Signaler
@aglouglou Ce sont les gens que vous trouvez talentueux qui "pratiquent l'évasion et la fraude fiscale à l'échelle mondiale".

le 02/02/2013 à 10:58
Signaler
Si les gens talentueux que vous citez se trouvent dans les perceptions du trésor, je suis content de ne pas en faire partie. Voler le produit du travail d'autrui pour financer des puissances étrangères et laisser les miens crever m'empêcherait de dor...

à écrit le 01/02/2013 à 21:56
Signaler
Coquillette : "un fonds doté de 60 millions d?euros sera crée par Google" créé

à écrit le 01/02/2013 à 21:31
Signaler
Hier, dans un article publié par Comment Ça Marche (http://www.commentcamarche.net/news/5861904-onemoretab-creer-son-propre-portail-d-actualites), je découvrais onemoretab.com une plateforme de news 100% française très sympa. Aujourd?hui, je me dema...

à écrit le 01/02/2013 à 21:19
Signaler
La honte !!!! Des webmasters sont obligés de faire greve de la faim pour avoir leur salaire non payés par Google. Google a une ardoise d'un mlliard d'euro au FISC . Et le président est content de donner la presse à la pieuvre Google. J'ai voté Hollan...

le 01/02/2013 à 22:34
Signaler
C'est bien beau d'affirmer tout et n'importe quoi, sans référence ça ne veut rien dire... Est-ce que UN seul employé de Google a du faire une grève de la faim pour toucher son SALAIRE ????

le 01/02/2013 à 23:05
Signaler
Joky, tu travailles sans doute chez google. Google pratique la fraude et l?évasion fiscale dans le monde entier et c'est avec tes impôts que la France s?enfonce dans la ruine et l?austérité pendant que Normal 1er et ses acolytes voyagent avec nos sou...

le 01/02/2013 à 23:40
Signaler
Google pratique l'évasion fiscale, mais google fait vivre des milliers d'entreprises françaises qui travaillent sur le web, et qui paye leurs impôts en France. Et ces entreprises là sont contentes des prix pratiqués par Google, qui seraient forcément...

le 02/02/2013 à 10:59
Signaler
En même temps, tout est dit ; tu as voté Hollande. Il ne te reste plus qu'à pleurer maintenant, tant pis pour toi.

le 04/02/2013 à 10:26
Signaler
le vrai pb est la position ultradominante de Google et l'absence de moteur de recherche compétitif français ou européen. et secondo, le modèle économique de la presse sur le numérique, qui n'a à priori pas été trouvé par quiconque; entre de l'info ba...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.