Nos dépenses sociales sont-elles un handicap pour la compétitivité ?

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, nos dépenses sociales sont-elles un handicap pour la compétitivité ?
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

Le poids de son système de protection social est-il le problème numéro 1 de la France ? Et peut-on remettre la France sur les rails de la compétitivité sans en modifier profondément les paramètres ? Commençons d'abord par le constat : La France est championne du monde des dépenses publiques de protection sociale en % de son PIB. La presse fait mine de le redécouvrir chaque année. Mais à vrai dire, le fait n'est pas nouveau. Elle appartient au trio de tête depuis plus d'un quart de siècle.

Partant de là, peu d'économistes en infèrent pourtant, sans autres précautions, que cette charge sociale est nécessairement au cœur de notre handicap de compétitivité.

3 raisons du handicap

  • Premièrement, les dépenses sociales publiques ne donnent qu'une partie de l'information. Un bilan plus exhaustif doit tenir compte du fait qu'il existe des régimes privés d'assurance. Doit tenir compte aussi du fait qu'une partie des prestations sont taxées. Il est donc plus pertinent de comparer les dépenses sociales privées et publiques, nettes des impôts qu'elles procurent à l'Etat. Cela ne change pas la position française, mais la rapproche de la moyenne des pays les plus développés. L'écart avec les grandes économies du G7 est de 5-6 points là où il était de plus de 10 lorsque l'on se focalisait sur la seule composante publique. Nous combattons ainsi à armes moins inégales qu'il n'y paraît en première approche avec les pays anglo-saxons. Ceux qui suggèrent que notre protection est au-dessus de nos moyens  ne sont pas pour autant démentis.
  • Deuxièmement, là où il n'y a ni assurance publique ni privée, les ménages s'auto-assurent, faisant jouer principalement les solidarités familiales, ce que ne chiffre pas le précédent graphique. L'épargne financière, et l'investissement logement permettent d'amortir les risques. Mais s'auto assurer est de loin le système collectivement le plus coûteux et celui qui entraine la plus grosse déperdition de consommation, puisqu'il oblige à provisionner bien plus qu'un système mutualisé.
  • Troisièmement, et cet argument est bien connu, le fait qu'un pays préfère socialiser une part plus grande des besoins, faire plus de redistribution horizontale ou verticale, n'entraine pas nécessairement ou mécaniquement un coût du travail plus élevé pour les entreprises. Cela doit se traduire en théorie par une moindre exigence de salaire, puisqu'une part plus importante de la consommation est financée collectivement par des transferts.

Bref, le poids des dépenses sociales en dit surtout long sur nos choix institutionnels... mais ne permet pas d'en tirer des conclusions hâtives sur la compétitivité.

Le salaire doit jouer le rôle d'amortisseur

Néanmoins, pour une économie de taille et de spécialisation intermédiaire, le prix de vente est largement imposé par le marché. Et le système de protection sera problématique si le salaire net ne joue pas son rôle d'amortisseur. En cela, les indicateurs de coût total du travail nous livrent une information décisive sur le risque de fragilisation de la compétitivité lié à notre système de protection.

Or, si en France le salaire absorbe en partie les écarts de degré de protection observés, le coût total du travail n'en demeure pas moins un des plus élevés des pays développés. Notre niveau élevé de productivité corrige le tir. Mais sur la base d'une forte sélection des activités et d'une rationalisation qui tend à rétrécir notre surface productive. Là est le nœud du problème. Lorsque les parts de marché régressent, que la base productive est étroite, l'argument selon lequel un transfert n'est pas un coût, ne suffit plus à évacuer le sujet de la protection sociale.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 25
à écrit le 03/02/2015 à 13:30
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Il faut basculer la fiscalité du travail sur la fiscalité énergétique. Est-ce vraiment difficile à comprendre?

à écrit le 03/02/2015 à 9:56
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Valeur ajoutée (richesses crées par le travail) = "coût du travail" (salaire brut) + coût du capital (profits) Tout ce qui ne va pas au salaire afin d'alimenter notre protection sociale, va au profit. Il s'agit de redéfinir cet équilibre et de part...

à écrit le 03/02/2015 à 8:55
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ce ne sont pas les dépenses sociales en elles-mêmes qui sont mauvaises, mais plutôt le gaspillage sociale.Le rendement est minable: on paye toujours plus pour toujours moins.

le 03/02/2015 à 9:17
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Exact Sans vouloir stigmatiser le publique, le rendement est plus élevé dans le privé.

le 03/02/2015 à 12:19
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"Sans vouloir stigmatiser le publique, le rendement est plus élevé dans le privé" On voit ca aux Etats Unis...

à écrit le 03/02/2015 à 8:45
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Ce n'est pas le niveau, mais le point d'application; il faut taxer la consommation et pas la production.

à écrit le 03/02/2015 à 7:24
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C'est l'énergie qui nous procure les gains de productivité.

à écrit le 03/02/2015 à 4:28
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Encore une causerie sans chiffre ni références, avec des affirmations péremptoires du style : doit tenir compte qu'il existe des régimes d'assurance privés en discutant de la dépense publique. Ce n'est pas sérieux.

à écrit le 02/02/2015 à 20:04
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L'article est très pédagogique et montre bien que parler du seul taux de prélèvement obligatoire est trop réducteur et donne une fausse idée. Le coût horaire, auquel finit par arriver l'article,n'est un bien meilleur indicateur. Le chroniqueur va plu...

le 03/02/2015 à 10:02
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On peut parler de la pertinence des indicateurs. A l'étranger, l'indicateur pertinent, c'est la réputation: coût du travail, 35 heures, grèves... La réputation des allemands st tout le contraire.

le 03/02/2015 à 13:37
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Encore un petit effort en incorporant l'énergie dans votre raisonnement.

à écrit le 02/02/2015 à 19:11
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Il faut sans doute contrôler et réprimer les abus, mais mieux vaut tout de même un système de protection. Je signale qu'au Canada par exemple, il y a 5 jours de tolérance, et après on est pas payé. Ce qui fait qu'on voit des gens au bureau cracher le...

à écrit le 02/02/2015 à 18:11
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n importe quoi, si nous voulons retrouver une croissance il faut arrêter d importer tout ce que nous avons besoin venant des pays a bas couts. surveiller la fuite des capitaux chaque années , ne plus donner d argent aux grand patrons , mais le mett...

à écrit le 02/02/2015 à 17:16
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Les dépenses sociales, c'est d'abord des prélèvements obligatoires (impôts, taxes, prélèvements, etc) qui pénalisent... ceux qui créent des emplois !! Pas très incitatif, tout ça !

le 02/02/2015 à 21:45
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les autres (donc les pauvres) aimeraient peut etre creer eux aussi des emplois, mais avec des loyers qui bouffent 1 tier du salaire pour payer des vacances au maroc de nos chers retraités, ils ne peuvent pas investir correctement. donc ce n'est pas ...

à écrit le 02/02/2015 à 15:41
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Tant que nous n'aurons pas instaurer des prestations,qui distinguent le monde Salarié du monde des loisirs,nous aurons cet handicap que les anglo-Saxons ,ne supportent pas. est-il normal que la cotisation santé serve à soigner le drogué,et autre...

le 02/02/2015 à 16:59
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"est-il normal que la cotisation santé serve à soigner le drogué,et autres addictions" : moi je suis mince, je pourrais dire "est il normal que les cotisations servent à payer les maladies liées au surpoids ?, ils n'ont qu'à moins manger les obèses"....

à écrit le 02/02/2015 à 14:40
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Pourquoi l'administration française ne laisse t elle pas les fonds de pension français se développer ? Parce que le rôle des syndicats (8% de représentativité des salariés!!) est entre les mains des politiques qui les paient via de fortes subventions...

le 02/02/2015 à 15:09
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@Mais non et non Les fonds de pension, c'est bien si tout roule et qu'il n'y a pas de friture sur la ligne, comme par exemple des crises économiques. Les fonds de pension, c'est la mort des entreprises qui doivent faire toujours plus de résultat ....

à écrit le 02/02/2015 à 14:22
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il y a deux types d'entreprises, celles qui créent de la richesse et celles qui la gaspillent. Honnêtement dans les entreprises françaises, très modernes très automatisées qui créent de la richesse, le coût de la main-d'oeuvre est très très faible, ...

le 02/02/2015 à 17:20
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Pour encore plus créer de la richesse, une entreprise peut sous traiter, importer,... et réduire sa masse salariale: si c'est l'objectif visé, merci de le dire clairement !

à écrit le 02/02/2015 à 12:48
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Les dépenses sociales est un handicap pour la compétitivité seulement si celles là sorte du cadre, des frontières et de ceux qui y participe!

le 02/02/2015 à 17:24
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Les dépenses sociales sont un handicap dès lors que l'oisiveté est aussi bien rémunérée que le travail !!

à écrit le 02/02/2015 à 12:34
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LA MALADIE QUI RONGE NOTRE PAYS est les statuts d une catégorie DE FRANCAIS

le 02/02/2015 à 15:13
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@Emile T'as raison mimile, il y a des bons et des mauvais français, des catégories de bons et de mauvais arabes, des bons et des mauvais électeurs du FN. La maladie est partout... Je suis partout.Souvenirs?

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