Croissance américaine : on sous-estime l'apport de l'innovation technologique !

Les chiffres de croissance économique aux Etats-Unis ont été décevants au premier trimestre. Nombreux sont les experts à y déceler les signes avant-coureurs d'une croissance à long terme plus faible que par le passé. Pourtant, la révolution numérique continue de prospérer. Les startups du High Tech fleurissent à la Silicon Valley et assurent un potentiel de croissance sous-estimé dans les modèles de prévisions. Par Stéphanie Villers, économiste, Humanis

Les success story de startups du secteur du High Tech se ramassent à la pelle. Un des derniers exemples en date vient d'un français installé à San Francisco, Renaud Laplanche, fondateur de Lending Club. Cette plateforme de prêts entre particuliers créée en 2006, vient de faire son entrée au New York Stock Exchange et pèse aujourd'hui plus de 6 milliards de dollars.

Un potentiel de croissance sous estimé

Reste que dans le domaine de l'innovation technologique, les Etats-Unis mènent la danse. L'avance considérable prise par les américains en matière de technologie leur assure un potentiel de croissance bien plus élevé que la zone euro et surtout plus important qu'il n'est actuellement estimé. Si les capacités de production de l'ère industrielle n'ont pas réussi à retrouver leurs niveaux d'antan, en revanche, les progrès technologiques issus de cette révolution numérique permettent d'envisager une dynamique économique soutenue à long terme. Des grappes d'innovation, que ce soit dans la chimie, les services financiers, la santé, la technologie, etc., assurent la poursuite de la phase de reprise américaine enclenchée en 2010. La Silicon Valley, ce terreau bouillonnant au service de l'innovation, permet notamment d'entrevoir un accroissement de la croissance potentielle américaine. Or, ce plus à gagner technologique est resté ignoré dans les modèles de prévisions ou minimisé dans le calcul de la croissance.


Des modèles économiques à la traîne du progrès

Pourtant, le progrès technologique demeure un des principaux moteurs de croissance économique. Mais les modèles statistiques restent, pour la plupart, sur des références passées. La comptabilité nationale traditionnelle n'est pas en mesure d'évaluer la création de richesse de ces jeunes pousses du High Tech. Il semble, en effet, aujourd'hui compliqué d'évaluer l'apport en création de richesse de ce secteur. La nouvelle économie qui se concentre sur l'information et la communication génère des applications qui facilitent notre quotidien et nous rendent indirectement, plus productifs. Or, ces effets positifs indirects sont difficilement quantifiables dans les modèles macro-économiques.

Un retour sur investissement qui ne se trouve pas dans les statistiques, mais devient palpable dans notre quotidien

Pour autant, si le retour sur investissement n'est pas retranscrit dans les chiffres, il est, a contrario, palpable dans notre quotidien. Ainsi, utiliser une application qui permet d'éviter les embouteillages et utiliser le chemin le plus direct pour arriver au travail, a de toute évidence un impact sur notre bien-être, puisqu'il génère moins de stress et nous permet un gain de temps ainsi que d'éventuelles économies en carburant. Si ces effets restent difficilement mesurables, intuitivement, on peut admettre que ces services peuvent améliorer notre qualité de vie, et par effet ricochet, notre productivité au travail.
Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie en 2001, rappelle néanmoins que toute innovation n'est pas bonne à prendre. Ainsi, la vague d'innovations financières qui a précédé la crise économique mondiale, a fait naître des produits financiers ultra sophistiqués aux effets dévastateurs pour l'économie. La prudence reste donc de mise. L'innovation technologique doit rester à la recherche d'un meilleur équilibre et de développement. Et c'est sans doute le chemin emprunté par la grande majorité des entreprises du secteur. Les projets actuels qui émergent des jeunes pousses de la Silicon Valley semblent davantage portés par un idéal de bien-être, d'amélioration de la qualité de vie et d'un allongement de l'espérance de vie.


Generation Y : « Yes we can »

En effet, la génération Y, celle, qui est née entre le début des années 1980 et le début des années 2000, qui représente aujourd'hui près de 50% de la population active, semble portée par de nouvelles valeurs qui prennent davantage en considération l'épanouissement personnel. Les jeunes issus de cette génération ont grandi avec les nouvelles technologies et en ont acquis une maîtrise intuitive. Ils ont développé de nouveaux besoins et ont établi de nouveaux rapports au sein de l'entreprise. Cette génération est beaucoup plus créative et plus innovante que la précédente.

A la recherche de bien-être et d'une meilleure qualité de vie, ces jeunes explorent des champs jusqu'à présent inexploités visant à faciliter leur quotidien et améliorer leur qualité de vie. Cette recherche du bien-être explique en partie le développement exponentiel d'applications sur smartphones. Enfin, cette génération trouve son plein épanouissement aux Etats-Unis, qui offrent la flexibilité, l'autonomie et surtout les financements nécessaires au développement de leurs projets.

Le moteur de la croissance mondiale

Cette génération créative est la source de la révolution numérique américaine et est à l'origine de l'accroissement du potentiel de croissance aux Etats-Unis. Pour l'instant, les curseurs des modèles économiques n'ont pas variés. Les effets de l'innovation technologique n'ont pas encore eu le temps de se diffuser dans les courbes de croissance. Au final, il faudra attendre pour que le progrès soit accessible à l'ensemble de la population pour avoir un impact global et palpable sur les chiffres macro-économiques. En dépit de cette lenteur, force est de constater que l'économie américaine recèle d'un potentiel de croissance qui lui permettra de rester, grâce à cette génération Y, le moteur de la croissance mondiale.

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Commentaire 1
à écrit le 12/06/2015 à 16:52
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Parler d'économie sans parler d'énergie, c'est comme une jolie femme à qui il manque un œil (d'après Brillat Savarin)

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