La maison de demain, le maillon essentiel du système électrique

OPINION. Les énergies fossiles ont dominé le 20e siècle ; le 21e siècle s'imposera comme l'ère de l'électricité. Par Christine Goubet-Milhaud, Président de l'Union Française de l'Electricité (UFE) Frédéric Utzmann, Président d'Effy.
(Crédits : DR)

Cette transition énergétique vers l'électrification des usages est un levier incontournable pour atteindre  nos objectifs climatiques et décarboner notre économie et la société. En France, ce mouvement revêt  une importance particulière, notre électricité étant d'ores et déjà majoritairement produite de  manière décarbonée. Les réseaux de transport et de distribution d'électricité accompagnent cette  politique ambitieuse, à la fois socle et levier d'une transition énergétique réussie.

Le virage vers l'électrification se concrétise du garage à la toiture. En 2023, la France a en effet  enregistré un record avec plus de 2,1 millions de véhicules électriques vendus et 440 000 installations photovoltaïques, témoignant d'une accélération significative de cette tendance auprès des  consommateurs.

Cette évolution marque un changement de paradigme pour les logements français. Les maisons ne  seront bientôt plus de simples lieux de consommation, mais des habitats où se conjugueront le  pilotage, la maitrise de la consommation, le stockage grâce aux véhicules électriques et la production  d'énergie. La maison de demain, celle de 2030 deviendra un maillon actif d'un système électrique plus  décentralisé dans l'intérêt de ses habitants et de la collectivité.

La maison en 2030 doit être avant tout une maison efficiente. La rénovation énergétique et la sobriété  énergétique doivent s'imposer comme piliers prioritaires de la politique publique. Les objectifs sont  ambitieux : dépasser les 2,5 millions de rénovations d'ici 2030. À ce titre, les entreprises du bâtiment  ont besoin de stabilité et de visibilité sur les mécanismes de soutien à la rénovation énergétique. C'est  un impératif climatique, un levier pour le pouvoir d'achat des Français, une condition pour le progrès  énergétique et le confort de tous.

Au-delà de la notion d'efficacité, le débat public intègre désormais la question de la sobriété  énergétique. Faire évoluer les comportements est tout aussi crucial que réaliser des travaux  d'économies d'énergie, comme le montrent les récents tumultes autour du diagnostic de performance  énergétique. Économiser l'énergie peut inciter à en dépenser davantage, d'où la nécessité d'aider les  Français à moins et mieux consommer.

La politique énergétique des bâtiments doit aussi intégrer, dans toutes ses composantes, le principe  d'efficacité climatique afin de démultiplier l'effet des baisses de consommation sur les baisses des  émissions de gaz à effet de serre. La maison efficiente se doit d'être pilotable et d'optimiser les  synergies entre les différents équipements. En utilisant une partie de l'électricité stockée dans un  véhicule ou produite sur le toit, la maison deviendra un élément actif du réseau électrique.

En produisant leur propre électricité, les Français ont l'opportunité de maîtriser l'origine d'une partie  de leur consommation électrique, de réduire une partie de leur facture d'électricité et d'être acteur de la transition énergétique. Enedis constate une augmentation des clients auto-consommateurs. Leur  nombre a quasiment triplé en deux ans pour atteindre 437 000 clients auto-consommateurs fin 2023. Pour que cette dynamique perdure, il est crucial, à l'instar de toutes les politiques soutenant la lutte  contre le réchauffement climatique, d'éviter les messages contradictoires sur le soutien à  l'autoconsommation et de tirer parti de toutes les solutions qui permettront plus de modulation des  consommations pour optimiser l'utilisation du système électrique.

Par ailleurs, l'accélération de l'autoconsommation solaire doit s'accompagner du développement d'une  filière de panneaux photovoltaïques français et européens afin de réduire l'empreinte  environnementale des installations.

La maison de 2030 sera au cœur d'une transition énergétique réussie, pour laquelle l'électricité jouera  un rôle central dans la transformation de nos habitudes et de notre relation à l'énergie. C'est une  évolution inévitable vers des logements plus écologiques, économes et connectés, où chaque foyer  deviendra un acteur clé du changement.

En permettant aux habitants de vivre mieux en consommant moins, la maison efficiente est une maison  d'avenir, un sujet de progrès et de modernité qui seul donnera envie à l'ensemble des Français de se  plonger dans l'amélioration de leur chez eux.

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Commentaires 3
à écrit le 27/03/2024 à 14:02
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Vous allez bien vite en besogne sans savoir de quoi l'avenir sera fait ! On perçoit que l'aspect financier veut tout diriger limitant la véritable adaptation individuelle !

à écrit le 27/03/2024 à 12:24
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"Les objectifs sont ambitieux : dépasser les 2,5 millions de rénovations d'ici 2030" On arrive à combien ? 200 000/an ? Dans 12 ans ça sera peut-être bon, pourquoi 2030 et pas 2035 ? A être trop ambitieux on se déçoit. "développement d'une filière ...

à écrit le 27/03/2024 à 12:04
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Je vois bien le schéma. On branche sa voiture électrique, qui se recharge (par ex la nuit). Et lors d'un pic de consommation (par ex le matin), le fournisseur "pompe" de l'électricité dans votre auto. Pas sûr que la batterie apprécie sur le long term...

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