La presse professionnelle en pleine mutation forcée

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, la mutation forcée de la presse professionnelle

La presse professionnelle est en pleine mutation, d'après l'étude de Xerfi consacrée à ce secteur. D'abord, les éditeurs doivent composer avec des revenus toujours plus minces entre la baisse de la diffusion ou encore la chute du marché publicitaire. Pourtant, malgré le déclin de leur activité, ils sont parvenus à redresser leurs marges. Ainsi, le taux d'excédent brut d'exploitation des éditeurs a gagné plus de 3 points entre 2010 et 2014 d'après les experts de Xerfi. Un tour de force réalisé au prix de drastiques plans d'économies. Des politiques de réduction de coûts liées notamment à l'arrivée massive des fonds d'investissement depuis 2010.  La concentration du secteur a également permis aux éditeurs d'améliorer leur situation économique et financière . Aujourd'hui, deux groupes multicartes dominent le secteur : Infopro Digital et le Néerlandais Wolters Kluwer.

Côté stratégie éditoriale, la montée en gamme est d'actualité. Une montée en gamme qui permet aux éditeurs de rehausser les prix de leurs titres sans faire fuir le lectorat. C'est le sens de la place plus importante accordée aux reportages et à l'analyse. C'est pourquoi la périodicité des publications s'allonge.  La personnalisation de l'offre est aussi une piste explorée. En ciblant un lectorat précis comme la tranche d'âge, la CSP ou la profession par exemple, les opérateurs attirent plus facilement les annonceurs et limitent les risques de flops éditoriaux. Et face au déclin structurel de la presse professionnelle, certains éditeurs optent pour la diversification de leurs activités. Je pense en particulier à l'organisation de salons professionnels et congrès, à l'image du très populaire salon Innov-Agri du Groupe France Agricole, ou encore au développement d'offres de formation professionnelle.

Les éditeurs révisent leur positionnement sur le web

Je veux dire par là qu'ils développent des contenus distincts et complémentaires du print. Ce qui les a amenés à mettre au point de nouveaux modèles économiques. C'est ainsi que le modèle freemium, et ses variantes, est déjà en place chez plusieurs d'entre eux. Avec ce modèle, on trouve d'un côté l'information brute, gratuite et en accès libre et, de l'autre, l'information travaillée, à valeur ajoutée, payante celle-ci. Mais pour développer le web sans sacrifier le print, les éditeurs misent sur la différenciation et la complémentarité. Dit autrement, le print reste le support de l'information à valeur ajoutée, le web étant surtout utilisé pour sa grande réactivité face à l'actualité. Pour enrayer l'érosion de leurs revenus publicitaires, les éditeurs développent également de nouvelles approches publicitaires.  Ils cherchent ainsi à établir des partenariats avec les infomédiaires, c'est-à-dire les fournisseurs d'accès internet, les éditeurs de moteur de recherche ou les plateformes de partage de contenus. Seul problème : le rapport de force avec un Google par exemple est forcément déséquilibré. Quant au native advertising, son efficacité est bien au rendez-vous. Toutefois, ce nouveau mode de publicité pose de nombreuses questions sur l'intégrité éditoriale et la crédibilité des éditeurs qui l'utilisent.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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