Le rebond doit être une valeur centrale des entrepreneurs de la nouvelle génération

OPINION. Alors que de plus en plus de jeunes sont tentés par l'entrepreneuriat, il devient fondamental de les former au rebond autant qu'à la gestion. Car c'est en sachant percevoir et anticiper d'éventuelles difficultés qu'ils sauront faire réussir le projet. Par Fabrice Develay, entrepreneur, porte-parole des Rebondisseurs Français (*)
(Crédits : DR)

L'entrepreneuriat continue d'avoir la cote auprès des jeunes générations. Volonté d'agir sur le monde, d'inventer l'entreprise de demain, de donner du sens à son projet professionnel ou encore d'être autonome : les raisons invoquées ne manquent pas ! La multiplication des dispositifs de soutien et d'accompagnement contribuent à nourrir la dynamique.

La face cachée de l'entrepreneuriat

Mais si tous vous disent savoir que « créer une entreprise n'est pas un long fleuve tranquille », peu sont dans les faits prêts à vivre et à affronter la réalité de la vie d'entrepreneur. Or c'est pourtant l'une des aptitudes clés à développer. Tout entrepreneur connaîtra des revers. Il ne suffit pas d'être enthousiaste, dynamique, engagé, travailleur, etc., il faut aussi développer sa capacité à rebondir. Il faut apprendre à écouter les signaux faibles, à assumer et à regarder les difficultés en face, à ne pas se replier sur soi et à solliciter les bonnes personnes, au bon moment, pour prendre les meilleures décisions possibles.

Autant de points qui sont rarement abordés et travaillés dans les cursus sur l'entrepreneuriat dont une large part est consacrée à la gestion, à la comptabilité, au business plan ou encore à l'internationalisation, au marketing et au management. Mais au bout du compte, de rebond, il n'en est point question dans les formations !

Instiller du rebond dans le contenu des formations

Pour autant, il est possible d'agir rapidement et assez facilement sur certains aspects pour faire avancer cette valeur fondamentale auprès des jeunes aspirants entrepreneurs. Par exemple, inclure des modules qui parlent de rebond dans les cursus de grandes écoles, faire intervenir plus de créateurs d'entreprise aux côtés des cadres dirigeants et du top management de grandes entreprises (qui, au demeurant, sont des salariés), les faire parler de leurs échecs autant que de leurs succès. Et, parce qu'ils touchent la nouvelle génération et sont un de leurs canaux d'information privilégiés, consacrer de courts sujets sur des nouveaux médias sociaux et vidéo au rebond des entrepreneurs.

Restons optimistes : depuis la crise de la Covid, on note une appétence à parler de rebond plutôt que d'échec. La prochaine étape consistera à créer les conditions effectives pour que les entrepreneurs puissent assumer publiquement de ne pas avoir réussi, sans craindre la stigmatisation et le retour de bâton.

Renouveler la parole des entrepreneurs

De leur côté, les entrepreneurs gagneront à apprendre comment montrer et démontrer qu'ils ont tiré les enseignements de leurs échecs et ne vont pas les reproduire. Il leur sera aussi utile de savoir détecter et surtout écouter davantage les alertes qui leurs sont envoyées. Et - ce qui est loin d'être naturel et facile - ils oseront davantage demander des conseils et de l'aide, partager avec des pairs leurs doutes et leurs expériences, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.

Ce n'est pas une marque de faiblesse que d'achopper sur certains points quand on est à la tête d'une entreprise. L'important est de réagir et de rebondir, de mettre en place et d'actionner des plans de rebond A, B et C avant qu'il ne soit trop tard. Plus on attend, plus la chute sera haute, plus il sera laborieux (et éprouvant !) de remonter la pente.

Se préparer à la façon des sportifs pour les JO de Paris

A quelques mois des Jeux de Paris, la comparaison avec le sportif de haut niveau est tentante. Pour viser la médaille olympique, nos champions s'entrainent et participent à des compétitions dont ils ne sortent pas toujours vainqueurs.

Mais ils savent que c'est en se trompant et en ratant à ces étapes qu'ils apprennent comment multiplier leurs chances de gagner - car la seule échéance qui compte vraiment pour eux en ce moment, c'est les JO. Une démarche itérative et d'apprentissage qu'il est plus que temps d'importer et d'appliquer dans l'univers entrepreneurial pour doper dès le départ la capacité de rebond des prochaines générations d'entrepreneurs.

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(*) Fabrice Develay est un serial entrepreneur. Après un début de carrière en tant que huissier de justice (1991-2014), il devient directeur général de Rush Management (2017-2020). En 2020, il fonde la startup GCollect qui propose une plateforme numérique de recouvrement de créances. En 2022, il propose du conseil en numérique. Fin 2023, il lance un nouveau projet de startup dans l'IA.

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Commentaires 3
à écrit le 16/04/2024 à 9:22
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"plateforme numérique de recouvrement de créances". Quel beau métier! Le but essentiel (le seul?) de toutes ces plates-formes est de faire circuler l'argent, tout en étant rémunéré en commissions (là, il n'y a pas de risques). Dans tous les systèmes ...

à écrit le 15/04/2024 à 17:35
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Entreprendre aujourd'hui c'est à celui qui obtient plus en donnant moins ! C'est le monde du chacun pour soi dans un pays sans stabilité, sans avenir et sans confiance !

à écrit le 15/04/2024 à 16:25
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Je lis régulièrement des articles de "spécialistes " sur l'envie d'entreprendre des jeunes générations mais ce qui me stupéfait c'est de ne jamais y voir écrit les mots clients et chiffres d'affaires !!! ce qui me parait être le début du commencement...

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