Tops et flops du Louvre-Lens (1/4) : comment le Louvre a réussi son implantation à Lens

[ Série d'été ] Depuis son ouverture en décembre 2012, le musée du Louvre-Lens a accueilli près de 2 millions de visiteurs. Sa présence est à l'origine de nombreuses initiatives qui changent le devenir de ce territoire affaibli par la fermeture des mines. Les retombées financières directes pour la région s'élèveraient à 84 millions d'euros depuis l'inauguration du musée.
Sur les 430.000 visiteurs accueillis en 2015, près de 17% venaient de l'étranger et représentaient 80 nationalités, avec, en moyenne plus de 4 visiteurs japonais par jour d'ouverture.

Il y a encore cinq ans, à part les amateurs des matchs de football, aucun étranger ou presque ne savait situer Lens sur la carte de France. Aujourd'hui, cette ville fait partie des destinations phares mises en avant par tous les guides touristiques de référence comme le Guide Hachette, le Guide du Routard ou le Guide Vert. Un Lonely Planet sur ce bassin minier du nord de la France vient même de sortir en avril dernier. Cause de ce revirement d'image: l'ouverture du Louvre-Lens en décembre 2012 et l'inscription quelques mois plus tôt du bassin minier du Pas-de-Calais au patrimoine mondial de l'Unesco.

Alors que les prévisions tablaient sur 700.000 visiteurs la première année, puis sur 500.000 par an en vitesse de croisière, ils ont été 900.000 à franchir la porte du musée en 2013. En 2014, ils étaient 530.000. Depuis, leur nombre a diminué, mais pas plus que dans les autres musées de France, la fréquentation touristique ayant baissé suite aux attentats.

Sur les 430.000 visiteurs accueillis en 2015, près de 17% venaient de l'étranger et représentaient 80 nationalités, avec, en moyenne plus de 4 visiteurs japonais par jour d'ouverture. Ces chiffres sont tirés du rapport annuel édité par Euralens, une association visant à accompagner la mutation du territoire consécutive à l'arrivée du Louvre à Lens.

Des retombées de 84 millions d'euros depuis l'ouverture

Il ressort de ce rapport que le panier moyen des visiteurs extrarégionaux est de 94 euros par personne en dehors du transport. Il grimpe à 122 euros chez les visiteurs étrangers et à 209 euros pour ceux qui dorment sur place. En considérant ces chiffres et la proportion de visiteurs vivant en dehors de la région, il ressort que les retombées financières directes pour le territoire s'élèvent à 84 millions d'euros depuis l'inauguration. A savoir 42 millions pour les douze premiers mois, puis un peu plus de 20 millions par an depuis.

« Injecter plus de 80 millions d'euros sur un territoire qui, avec 600.000 habitants, réalise un PIB inférieur à 3 milliards d'euros, ce n'est pas négligeable », avance Benoît Brocq, directeur depuis le 1er juillet 2015 du Pôle métropolitain de l'Artois et anciennement chargé de mission à Euralens.

"Les habitants nous considéraient au départ comme un ovni"

En outre, 1 visiteur sur 10 vient de l'arrondissement de Lens. Catherine Ferrar, administratrice générale du Louvre-Lens s'en félicite.

« C'est important que les gens du coin visitent le musée. Au départ, ils nous voyaient comme un ovni. Il ne fallait pas qu'il y ait de rupture entre un parc paysager facilement accessible et les salles d'exposition. Aussi avons-nous décidé de donner accès gratuitement à la Galerie du temps."

A travers plus de 200 chefs-d'œuvre réunis sur un espace au sol de 3.000 mètres carrés, la "Galerie du temps" permet de parcourir l'histoire de l'art depuis la naissance de l'écriture en Mésopotamie au 4e siècle avant notre ère jusqu'à la révolution industrielle survenue en Europe au milieu du 19e siècle.

Compenser la baisse des recettes de la billetterie

Chaque année, le conseil d'administration du Louvre-Lens décide de maintenir ou non cette gratuité. Pour compenser la baisse des recettes de la billetterie, la cafétéria a été placée en régie directe, et des espaces du musée sont loués à des entreprises pour des manifestations privées. L'accueil a été externalisé auprès d'un prestataire ainsi que la sécurité, le nettoyage et la maintenance. Les expositions temporaires sont payantes mais n'attirent guère plus de 100.000 visiteurs chacune.

La dernière en date, celle sur Charles Le Brun, le peintre du Roi-Soleil, a démarré doucement. Rien d'étonnant sachant les expositions du Louvre n'ont pas pour objectif de traiter de sujets facilement accessibles au grand public. Pas question de faire du « Modigliani ». Il s'agit toujours de traiter le sujet par un prisme inédit capable d'attirer les experts en histoire de l'art.

S'adapter aux conditions saisonnières touristiques

Plus facile d'accès, les expositions du "Pavillon de verre" mettent en avant des œuvres des musées régionaux. Celle à voir actuellement présente des objets et des témoignages des supporters du Racing Club de Lens. Jusqu'à présent, une nouvelle exposition temporaire se tenait chaque hiver et chaque été. Elles se dérouleront dorénavant au printemps et en automne. La direction ayant constaté que l'été n'est pas propice au développement touristique de la région hormis au Touquet et à Boulogne-sur-Mer, elle a laissé tombé son idée de départ de profiter de la période estivale pour attirer davantage de visiteurs dans ses murs. Le constat a été rapide mais la préparation des expositions étant programmée deux à trois ans à l'avance, le nouveau calendrier n'entrera en vigueur qu'à la saison prochaine avec pour objectif d'augmenter les recettes.

Plus de 15 % du budget de fonctionnement en ressources propres

"Nous avons entre 15% et 20% de ressources propres sur les 15 millions d'euros de notre budget de fonctionnement annuel", précise Catherine Ferrar.

Le reste est financé par la région des Hauts-de-France à hauteur de 60%. Le département du Pas-de-Calais et la communauté d'agglomération de Lens-Lieven se partagent le reste. Pas question de demander des ressources publiques supplémentaires. Le Louvre-Lens s'efforce de réduire les dépenses quand les recettes baissent. C'est pourquoi il vient de rapatrier en interne l'entretien du parc en faisant appel à des emplois d'avenir. Quant au coût que doit entraîner l'amélioration de ce parc, il sera financé grâce aux économies dégagées sur d'autres postes de dépenses.

La construction du musée a coûté 150 millions d'euros. Le volume des dépenses budgétées pour son aménagement avait été estimées à 75 millions d'euros. Ce montant n'ayant pas été atteint, c'est là-dessus que Catherine Ferrar compte trouver de quoi financer les travaux d'embellissement du parc paysager. Car, si le bâtiment est digne de la marque du musée du Louvre avec ses murs qui reflètent à merveille les variations du ciel, le parc paysager donne l'impression d'être encore en chantier, surtout à l'entrée du musée.

Reste à savoir ce qu'en dira la nouvelle directrice Marie Lavandier, attendue en septembre prochain pour remplacer Xavier Dectot, lequel a quitté ses fonctions le 31 mars dernier.

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Commentaire 1
à écrit le 28/07/2016 à 11:32
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Peut-on avoir le coût annuel pour la Région ?

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