Tops et flops du Louvre-Lens (2/4) : deuxième étage de la fusée, un cluster numérique

[ Série d'été ] Dédié aux entreprises du "numérique culturel", ce cluster a mis du temps à prendre forme. Il disposera bientôt d'un bâtiment totem à deux pas du Louvre-Lens. Il fédère déjà plusieurs startups et entreprises autour de l'e-tourisme, de l'e-éducation et de la médiation culturelle.
Le site abritera sur 3.000 mètres carrés un incubateur, un hôtel d'entreprises et un Fab Lab d'ores et déjà financé dans le cadre d'un projet du contrat de plan Etat-région obtenu par l'Université de l'Artois.

Le chantier du Louvre-Lens n'avait pas encore démarré que déjà germait l'idée d'associer au musée un "pôle numérique culturel". Daniel Percheron, alors président de la région Nord-Pas-de-Calais et cheville ouvrière de l'arrivée du musée du Louvre à Lens, y était très attaché. Voyant un lien étroit entre l'activité muséale et les enjeux liés à la numérisation des œuvres d'art, il voulait donner à Lens les moyens de se positionner sur la carte mondiale des savoir-faire digitaux.

Piloté dès 2010 par Raouti Chehih, le directeur général du temple lillois du numérique Euratechnologies, ce projet de "pôle numérique culturel" aura eu beaucoup de mal à voir le jour. Originaire de ce bassin minier où son père a travaillé, Raouti Chehih avait pourtant déjà réuni la presse en juin 2011 à la communauté d'agglomération de Lens-Lieven pour le présenter. Il était alors question de créer entre 1.000 et 1.500 emplois sur ce territoire grâce au numérique.

C'était sans compter sur les dissensions entre les élus locaux, puis les changements d'équipes au sein des mairies, des communautés d'agglomérations et de la Région. Il aura fallu attendre juin 2013 pour que l'association de ce "pôle numérique culturel" soit enfin inscrite dans les registres de la préfecture. Mais il manque encore la convention permettant d'avoir l'appui, sur place à Lens, d'un « expert » d'Euratechnologies. Elle dépend d'une commande publique en attente.

Après une période de flottement...

Pour ne rien arranger, l'association s'est retrouvée sans direction durant plusieurs mois, sa directrice Malika Aït Gherbi Palmer ayant été nommée début 2015 à la tête de Pictanovo, le pôle régional de la production audiovisuelle basé à Tourcoing. En mai 2015, Wafâa Maadnous reprenait les rênes du "pôle numérique culturel", entre temps baptisé "Louvre Lens Vallée"(LLV). Avant de prendre le poste, la jeune femme, originaire de Douai et titulaire d'un MBA à l'Edhec , était chargée de la transformation digitale du groupe Bertelsmann.

« Je voulais m'investir dans un projet qui ait du sens, un sens autre que celui de faire seulement du business. Ce poste me permet de participer à la transformation d'un territoire en y développant des activités économiques qui lui donnent une image positive et améliorent son attractivité. C'est très motivant », explique-t-elle.

... la LLV accélère (appel à projets, Connec'TIC Days, CulturAthon...)

Sa première action a été de lancer les "Connec'TIC Days", sorte de job dating du numérique pour créer du lien entre startups, en l'occurrence des jeunes pousses lauréates d'un appel à projets qui avait eu lieu en janvier 2014, bien avant son arrivée.

Six lauréats avaient été primés, dont la société Urbik qui, grâce à la LLV, a remporté un appel d'offres de la Ville de Paris portant sur des bornes connectées touristiques dans le cadre de l'Euro 2016.

Book d'Oreille Studio est, quant à elle, entrée en contact avec Bayard à la suite de cet appel à projets. Cela n'aurait pas été possible sans l'implication du cluster, selon Olivier Carpentier, fondateur de Book d'Oreille, startup spécialisée dans la production et la distribution d'enregistrements adaptés aux spécificités du livre audio:

"Nous seulement, nous avons rencontré les équipes de Bayard avec qui nous sommes toujours en relation, mais nous avons également tissé des liens avec Audace, une agence de Lens à qui nous avons apporté notre expertise de narration longue pour leur projet de jeux pédagogiques. Il y a eu une période de flottement après le départ de l'ancienne directrice. La dynamique a bien repris depuis. Si je devais créer une activité de réalité augmentée en lien avec la muséographie, je le ferais à Lens et nulle part ailleurs."

En plus des Connec'Tic Days, qui ont rassemblé un millier de visiteurs et une quarantaine d'entreprises, s'est tenue une conférence sur l'e-éducation en lien avec Canopé, le réseau des maisons d'édition de l'Education nationale, et Amazon en tant que spécialiste de l'auto-édition. En outre, LLV était présent au dernier Mobile World Congress de Barcelone (22-25 février 2016). En avril, il organisait le premier CulturAthon autour de l'e-tourisme, de l'auto-édition et du sport. Il y a eu plus de 76 participants et 17 projets en compétition: Orange, Canopé, Amazon et Kindle Direct Publishing, le service autoédition d'Amazon, faisaient partie des partenaires.

Un objectif de 70 entreprises et de 500 emplois

Comme aime à le rappeler Wafâa Maadnous,

« le rôle d'un cluster comme le nôtre est de créer du réseau, pour innover et aider à la création de nouvelles entreprises appelées à se développer. Dans cet objectif, nous lançons également le Campus Louvre Lens Vallée, avec des acteurs de l'économie, de l'emploi et de la formation présents sur notre territoire ».

A ce jour, la Louvre Lens Vallée compte 8 startups et porteurs de projets. Elle vise 70 entreprises autour du culturel et du numérique d'ici à cinq ans, totalisant 500 emplois. Bien en deçà du nombre d'emplois annoncé en 2011, certes, mais, entretemps, le cluster est devenu opérationnel et sait de quoi il parle.

Les futurs locaux abriteront incubateur, hôtel d'entreprises et Fab Lab

Hébergé temporairement dans l'ancienne maison du directeur de l'Ecole Paul Bert située à deux pas du Louvre-Lens, le cluster va prochainement déménager dans des bâtiments modulables de 350 mètres carrés, qui resteront à demeure et seront mis plus tard à disposition des startups. Ensuite, fin 2017, il emménagera dans un bâtiment totem qui disposera d'un vaste atrium en verre à l'image de celui d'Euratechnologies et de la Plaine Images. Ce bâtiment sera aménagé afin de favoriser les interactions entre les jeunes entreprises, le quartier et le Louvre-Lens. Le site abritera sur 3.000 mètres carrés un incubateur, un hôtel d'entreprises et un Fab Lab d'ores et déjà financé dans le cadre d'un projet du contrat de plan Etat-région obtenu par l'Université de l'Artois. Le million d'euros nécessaire à la construction et à l'aménagement du bâtiment est financé par la Communauté d'Agglomération de Lens-Lieven (CALL) avec l'aide de fonds Feder.

Tout -ou presque- est donc en ordre de marche pour que Lens arrive à se positionner sur la carte mondiale du savoir-faire digital, comme le souhaitait Daniel Percheron.

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