En Auvergne, l'usine du futur fait phosphorer

L'usine de 2030 prend forme à Clermont-Ferrand, où la filière aéronautique travaille sur des projets concrets utilisant les outils numériques pour permettre à la région de tenir son rang face à l'Aquitaine.

Même si l'Auvergne n'est « que » la 5e région aéronautique de France avec 13.000 emplois, elle compte quelques poids lourds, comme Constellium dans la fonderie d'aluminium, équipementier de rang 1 d'Airbus, et Dassault Aviation. Mais aussi l'incontournable Michelin, leader mondial du pneu pour avion. Sans oublier les Ateliers industriels de l'aéronautique (AIA) de l'armée de l'air.

Pour tenir son rang face à l'Aquitaine, la Région présidée par René Souchon a décidé de mettre le paquet sur l'usine du futur, mise à l'honneur cet été à l'occasion d'un colloque sur le thème : « Quelle sera l'usine de 2030 ? » Cet événement, lancé à l'initiative de l'association Auvergne Nouveau Monde et d'Auvergne Business, met en avant son secteur de pointe, l'aéronautique, où l'impression 3D, l'utilisation intensive des outils de simulation, la numérisation et la connectivité entre les machines se généralisent.

« La plupart des concepts et des briques existent déjà », note Stanislas Le Chevalier, chef de projet stratégie industrielle du groupe Fives.

À Airbus, comme à Dassault Systèmes, on parle d'homme « augmenté » via la cobotique, une alliance entre l'homme et le robot.

« Le travail en plateau avec des outils partagés par tous va se généraliser », annonce Olivier Leteurtre, directeur de la zone Europe de l'Ouest de Dassault Systèmes.

L'usine version 2030 sera envahie par les outils numériques du futur, avec notamment des capteurs capables de corriger automatiquement les erreurs, ou des puces spécialisées dans le biomimétisme pour optimiser les tâches des opérateurs.

Plus prosaïque, Michel Roboam, le viceprésident Manufacturing d'Airbus estime que l'émergence de ces nouvelles technologies et du mode opératoire se fera « de façon incrémentale via l'amélioration continue des modes opératoires ». Pour l'avionneur, ce sont les nouveaux programmes d'avion qui permettent les sauts technologiques.

« Comme il n'y en a pas dans les tuyaux d'ici à 2025, nous allons procéder pas à pas », indique Michel Roboam.

Des robots assistants pilotés par l'Homme

Ainsi, Airbus a un plan de progrès qui vise à réduire de 50 % les temps de cycle et les coûts dans ses usines d'ici à 2030. Et de 80 % son taux de non-qualité... et d'absentéisme. Airbus a toujours eu des robots dans ses usines, mais l'un des objectifs de ce programme est de les connecter entre eux et d'intégrer les fonctions support avec la production, via par exemple des tablettes. De même, les « cobots » vont remplacer les opérateurs dans certaines tâches trop pénibles, mais ils resteront pilotés par l'homme.

Enfin, Airbus, pour ne pas rester à la traîne de Boeing, va développer à fond l'impression 3D.

« Tous les outils que nous mettrons en place devront avoir un retour sur investissement en moyenne d'un an », annonce le patron des usines de l'avionneur européen.

Les concepts futuristes fleurissent. Sur le terrain, on est encore loin de les concrétiser. Ainsi chez Constellium, à Issoire, d'où sortent les tôles en aluminium qui serviront à former les fuselages des avions, l'usine garde un aspect très traditionnel. L'innovation ne se voit pas, mais se niche dans le nouvel alliage d'aluminium-lithium Airware, développé spécialement pour l'aéronautique, qui revendique un gain de masse de 25 % par rapport aux alliages classiques.

« C'est une bonne alternative aux composites », ajoute Renaud Hugues, responsable de la fonderie Airware.

Le sidérurgiste a investi 53 millions d'euros dans cette nouvelle ligne de production, inaugurée en 2013, et prévoit 43 millions supplémentaires pour ouvrir deux autres fonderies d'ici au début de 2016.

D'autres jouent la carte encore moins spectaculaire du lean management, ces techniques issues de Toyota qui permettent d'optimiser l'organisation d'une usine. Ainsi, les AIA de l'armée de l'air ont mis en place un programme lean sur leur site de Clermont-Ferrand, où sont entretenus et modernisés les aéronefs militaires français.

« Nous avons réduit nos temps de cycles et nos coûts de façon significative », lance le général François Cojean, patron du site.

Car l'usine de 2030 c'est aussi une affaire de gros sous.

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Commentaires 2
à écrit le 12/11/2014 à 22:26
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Il me semble que le qualificatif de "sidérurgiste" que vous attribuez à Constellium ne concerne pas l'aluminium, mais plutôt l'acier !....

à écrit le 11/11/2014 à 14:56
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Ne pas citer Aubert&Duval est un énorme oubli !

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