A propos de la Cohésion des Territoires

La création de ce ministère est une avancée en terme d'approche plus holistique de la vie urbaine et territoriale, au cœur de la transformation de la France et des enjeux d'avenir. Par le professeur Carlos Moreno.

Un nouveau gouvernement a vu le jour avec un ministère inédit, en charge de la « cohésion des territoires ». Le spectre de l'extrême-droite et de l'ineptie de son «programme» s'éloignant, une nouvelle page s'ouvre concernant la politique de la République à l'égard des villes et des territoires. Ayant interpellé les candidats à l'élection présidentielle à propos du fait urbain et son expression dans nos territoires, je souhaite saluer le message d'ouverture qui vient d'être lancé avec la composition du gouvernement Philippe. D'une part, il est à remarquer la présence au gouvernement de plusieurs maires et présidents de collectivités, qui siègent en tant que ministres. Au moins 4 parmi eux, étaient à peine, il y a quelques mois, aux importantes Rencontres nationales de France Urbaine en leur qualité de dirigeants de gouvernances locales. Le premier parmi eux, Edouard Philippe, maire du Havre, ville qui fêtera bientôt son bicentenaire. Nous avons pu le côtoyer également dans des réseaux de maires internationaux, telle l'Association internationale des villes-ports (AIVP). Il n'est pas inutile de signaler que cette association, créée à l'initiative de l'ancien maire du Havre, Antoine Ruffenacht, il y a trente ans, est une association respectée dans le monde entier, qui fait force de propositions, dans la relation complexe qu'entretiennent les villes et les ports, et représente l'une des instances internationales où l'influence française est prégnante dans les réflexions et les actions. Basée au Havre, avec son trilinguisme (français, anglais, espagnol), l'AIVP est une association de premier plan sur la scène internationale dont nous pouvons être fiers.

Secrétariat d'Etat fourre-tout

 D'autre part, fait inédit, à la place du secrétariat d'Etat fourre-tout, où la problématique de la ville, souvent réduite « aux quartiers » s'est souvent trouvée, nous avons assisté à la création d'un ministère de plein exercice, en charge de la «cohésion des territoires». Les décrets d'attribution dans les prochains jours permettront d'y voir plus clair sur le rattachement des administrations, pierre angulaire de la force de frappe effective, dont disposera le nouveau ministre Richard Ferrand. De même, que nous pourrons distinguer les complémentarités (ou pas) à l'égard des possibles attributions concernant les villes et territoires qui pourront être portées par le ministre d'Etat Nicolas Hulot, au titre de la Transition écologique et solidaire, ainsi que par Gérard Collomb pour ce qui concerne l'Intérieur.

Il n'en reste pas moins que la création de ce ministère est une avancée en terme d'approche plus holistique de la vie urbaine et territoriale, au cœur de la transformation de la France et des enjeux d'avenir. A de multiples reprises, nous avons pu évoquer dans ces colonnes l'importance de développer dans un monde urbain en mutation, la puissance de l'intelligence collective pour réinventer nos villes, et à la capacité de construire en commun un avenir urbain dans la cohésion sociale et l'innovation au sein de nos territoires sous toutes ses formes, pour que la ville que nous voulons, soit la ville pour tous.

Vision métropolitaine française originale

A propos du Manifeste d'Arras du 24 mars « Pour une République des Territoires » par les élus de France Urbaine, nous évoquions également l'indispensable reconnaissance de la place prise par les villes et le rôle moteur que les présidents de métropoles, maires, élus et écosystèmes urbains vont jouer dans les prochaines décennies. Nous avancions également que, au siècle des villes, l'engagement de gouvernements locaux pour des villes vivantes, humaines et porteuses d'intelligence sociale, urbaine et technologique, est un engagement puissant, qui est au service de la République pour transformer nos territoires, avec cette vision métropolitaine française originale, bien résumée dans l'Alliance des Territoires.

Avec une France urbanisée, comportant au 1er janvier 2017, 13 régions, 101 départements, 14 métropoles, 15 communautés urbaines, 218 communautés d'agglomération, 1.010 Communautés de communes, c'est un total de 1.266 établissements publics de coopération intercommunale (EPCI, disposant d'une fiscalité propre) qui maillent l'ensemble de notre territoire. C'est un mouvement qui continuera à se consolider avec les 3 nouvelles métropoles nées au 1er mai 2017 et les 4 autres en attente pour 2018.

Belle opportunité

La naissance de ce ministère de la Cohésion des Territoires est donc une belle opportunité pour poser une réflexion et une action pour les années à venir, sur les périmètres de cette recomposition territoriale à l'aune des tendances internationales, européennes et de proximité concernant le devenir de nos vies urbaines.

La cohésion territoriale passe par la compréhension des enjeux qui se jouent dans la capacité de projeter une vraie décentralisation territoriale, s'appuyant sur la force de nos métropoles et le soutien, pour que chacune d'elles puisse développer avec puissance une alliance locale territoriale qui soit force de propositions face à des enjeux majeurs : le changement climatique, le rééquilibrage économique par le développement local, l'inclusion sociale par le développement de pactes sociaux pour l'innovation et les territoires zéro chômage, le soutien décidé à l'économie sociale et solidaire, l'appui aux circuits courts,  la création de nouvelles filières locales utilisant les nouvelles technologies, la valorisation de la biodiversité, la diversification par des nouvelles sources énergétiques, la capacité à pouvoir utiliser les leviers de monnaies locales comme source d'encouragement à l'économie de proximité, l'appui à la culture, la formation sous toutes ses formes en particulier pour la jeunesse, les nouvelles formes de solidarité inter générationnelle, la mise à plat de politiques de transport, mobilité et déplacement et, bien sûr, l'élargissement d'une politique audacieuse d'Open Data pour aller vers la valorisation de la Data Urbaine et Territoriale...

Dépasser les clivages

Bref, l'heure est venue de dépasser les clivages, mais aussi de se rendre original dans la conception d'une politique territoriale. Elle se doit d'intégrer le fait urbain français dans la puissance de sa composante métropolitaine, indispensable dans la compétition internationale pour amplifier l'attractivité territoriale. Mais elle doit aussi promouvoir et donner de la capacité d'agir dans les territoires pour les rééquilibrer localement, au service de la qualité de vie et de la création de valeur locale. Lutter contre la pauvreté, l'exclusion, le racisme, la xénophobie, l'isolement, la précarité dans nos territoires, le terreau du vote extrémiste, implique de construire une politique de cohésion sociale, d'inclusion urbaine, de solidarité territoriale, de ré équilibrage énergétique, de mieux vivre dans nos villes, de développer un lien social fort, avec au cœur l'emploi, mais aussi une meilleure redistribution de la valeur créée.

Le défi est de taille, mais l'espoir accomplit ou déçu de construire une France urbaine, territoriale et solidaire pour tous, sera l'un des indicateurs déterminants de réussite ou d'échec des années à venir.

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Commentaires 2
à écrit le 07/06/2017 à 17:54
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aaaahhhhh ! 500 ans c'est un bicentenaire ? cela suffit pour couler tout l'article .....

à écrit le 29/05/2017 à 17:07
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dans le monde des affaires a chaque saint sa chandelle ! dixit d apres france infos pour justifier l embauche de son fils jeter l opprobe sur les BRETONS DU CENTRE BRETAGNE par ses déclarations honteuses

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