Analyzer, le bouclier des données chiffrées

Essaimée de l'Inria, la start-up Cryptosense a développé un logiciel qui repère les failles dans les systèmes informatiques critiques pour prévenir les attaques. Deux banques le testent actuellement.
Graham Steel, fondateur de Cryptosense, lauréat du concours national 2013 d'aide à la création d'entreprises innovantes. / DR

C'est en présentant les résultats de ses recherches en cryptographie à un groupe d'industriels lors d'un atelier académique que Graham Steel, à l'époque chercheur à l'Inria, s'est rendu compte qu'il tenait peutêtre une idée gagnante.

« Sans ces industriels, je n'aurais pas eu l'idée de créer mon entreprise », avoue l'entrepreneur, européen dans l'âme.

Diplômé en mathématiques et en informatique de Cambridge et de l'université d'Édimbourg, il a travaillé en Allemagne, puis en France à l'Inria pendant six ans. Pour lancer Cryptosense en 2013, il a recruté deux associés dont un professeur de l'université de Venise qui a créé le prototype. Sans parler de ses deux premiers clients, deux banques, basées l'une à Londres et l'autre à Francfort.

Jouer à l'attaque pour identifier les failles

« Analyzer est un logiciel qui teste rapidement toutes les possibilités d'attaque contre les systèmes cryptographiques - le chiffrement et la protection des données. Nous nous mettons à la place d'un attaquant, explique le créateur d'entreprise.

Les banques ont de plus en plus de problèmes avec les attaques électroniques. Notre logiciel leur permet de découvrir les failles avant qu'elles ne soient exploitées. »

Les recherches de Graham Steel ont consisté à appliquer dans le monde de la sécurité - et des banques en particulier un modèle, développé par un chercheur français et récompensé par un prix Turing, déjà adopté dans les logiciels de contrôle des avions et dans la conception de puces. Après le secteur bancaire, Cryptosense vise tous les domaines qui se servent de cryptographie : télécommunication, santé, applications pour smartphone... Pour l'instant, deux projets pilotes sont donc en cours, à Londres, où une banque a acheté une licence à Cryptosense, et à Francfort, où la start-up mène les tests pour son client depuis octobre dernier.

« Nous cherchons le bon modèle économique », explique Graham Steel, qui considère ses clients comme des partenaires de recherche. « Nous sommes toujours en train de perfectionner le logiciel et l'intégration avec les systèmes internes. »

Graham Steel a tiré parti de plusieurs dispositifs en place pour encourager la création d'entreprise, particulièrement pour les chercheurs : mis à disposition, puis aujourd'hui en disponibilité, par l'Inria, il peut retourner chez son ex-employeur pendant trois ans, un employeur avec lequel il continue d'ailleurs de collaborer pour innover. Après avoir été, en 2013, lauréat du concours national d'aide à la création d'entreprises de technologies innovantes dans la catégorie émergence (37;000 euros), il vient de récidiver dans la catégorie création-développement (250.000 euros à la clé).

« Le premier prix a permis de prendre un avocat pour les statuts ainsi qu'un expert en rédaction technique, et de financer une étude de marché. Le second va servir à embaucher et à vraiment lancer la société. »

Hébergé au sein de l'incubateur Agoranov à Paris, Cryptosense vient d'ailleurs d'embaucher son premier salarié, un ingénieur. En attendant de recruter les premiers commerciaux...

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