Fusion des rédactions Web et papier du Monde, recherche d'une solution pour le Post.fr qui n'en finit pas de perdre de l'argent, le chantier du Monde Interactif (MIA) n'est pas de tout repos pour Louis Dreyfus, le président du directoire du groupe Le Monde. Industriellement moins lourd que celui de l'imprimerie, le cas du Monde Interactif est tout aussi complexe et stratégique.

Tout d'abord, le Monde n'est pas seul maître à bord. Même s'il est relégué au statut de "sleeping partner", le groupe Lagardère détient 34% du MIA. Il vendrait bien cette participation minoritaire mais Matthieu Pigasse, un des trois propriétaires du Monde, a posé ses conditions au printemps : "nous sommes acheteurs mais pas à n'importe quel prix et pas dans n'importe quelles conditions". Une chose est sûre : Lagardèrerave;re n'a pas été associé aux réflexions sur l'accord avec le Huffington Post. Reste à savoir si c'est Le Monde ou le MIA qui sera actionnaire du futur site au côté d'AOL et de Matthieu Pigasse. "La question n'est pas tranchée", nous affirme Louis Dreyfus, qui ne dévoile pas la répartition du capital.

Le vent a tourné

En s'associant avec le Huffington Post, le Monde tire un trait définitif sur l'aventure le Post, un site né dans le giron du Monde Interactif en 2007. Pourtant, au premier semestre, le PDG de la filiale, Philippe Jannet, avait encore comme mission de trouver un modèle économique au site, qui a perdu 950.000 euros en 2010, pour un chiffre d'affaires de 392.000 euros. Mais le Post n'était déjà plus la priorité des nouveaux actionnaires du Monde. Et c'est sans impliquer Philippe Jannet que ces derniers ont négocié l'accord avec Arianna Huffington. Sentant le vent tourner, les équipes se sont réduites, passant de six CDI à deux. La régie du Monde, qui avait du mal à commercialiser le Post auprès des annonceurs, aura-t-elle plus de succès avec le Huffington Post ? Le Post.fr, qui a construit sa notoriété en partie sur des "coups", avait une mauvaise image. "Nous avons épuré le site des contenus trop racoleurs sans perdre d'audience", assure Philippe Jannet. C'est donc le contenu du Post qui devrait servir de base à la version française du HuffPo, pour lequel Louis Dreyfus et Arianna Huffington cherchent un rédacteur en chef "venu du Web".

Autre dossier sensible, la fusion des rédactions Web et papier du Monde, un des points clés de la stratégie éditioriale du patron des rédactions Erik Izraelewicz. Confiée à Serge Michel, ce chantier complexe "prend forme lentement car ce n'est facile à installer", pointe une journaliste. "Le modèle de fusion des rédactions politiques n'est pas forcément transposable à tous les services", indique Philippe Jannet. Aujourd'hui, un tiers de son audience provient du mobile et le groupe a déjà séduit 20.000 abonnés pour son offre payante lancée en avril 2010 (mobile et journal) à 15 euros par mois. En attendant, 2011 s'annonce meilleure que 2010 pour le deuxième site français d'information derrière lefigaro.fr (source Nielsen). En 2010, le chiffre d'affaires a atteint 17,6 millions d'euros (dont 9 millions de recettes de publicité), pour un résultat d'exploitation de 4 millions d'euros.