Osmos sonde la qualité des bâtiments avec... la fibre optique

Un entrepreneur français utilise la technologie de la fibre optique pour sonder précisément la qualité d’ouvrages immobiliers. Très internationalisé, il compte accroître son influence sur le marché français et vise notamment les petites communes.
Mathias Thépot
La tour Eiffel va très bien, c'est une PME française qui le dit.

Comment savoir précisément si des ouvrages comme la tour Eiffel, le Tunnel sous la Manche ou bien les immeubles entourant le Ground zéro à Manhattan restent en parfaite santé sur la durée? Bernard Hodac, un entrepreneur français qui a fondé la PME Osmos, dit répondre à cette question grâce à la création d'une innovation discrète et, semble-t-il, très efficace nommée Liris. Il a en fait détourné la technologie de la fibre optique qu'il a transformée en capteur multicritères pour récolter des données précises (microfissures, torsions, flexions, vibrations etc.) sur la qualité des bâtiments.

Son idée a rencontré un succès international puisque, partout dans le monde, l'entrepreneur loue sa technologie à de grands bureaux d'études ou à des organismes gestionnaires pour équiper des bâtiments aussi célèbres que la tour Eiffel, ou aussi communs que des écoles ou des immeubles de logements sociaux. Au total, plus de 2.000 ouvrages dans 24 pays sont désormais équipés de la technologie Liris d'Osmos. Intégrée à l'intérieur ou collée sur l'extérieur des murs, elle joue le rôle de "pacemaker" du bâtiment et communique avec l'extérieur à l'instar d'un objet connecté.

Meilleure réalité de la santé bâtiments

Moins basée sur l'image que sur la captation, la technologie Liris révèle, au sens de son inventeur, une meilleure réalité du bâtiment. Ainsi pour prendre une décision de rénovation, cette technologie très précise permet parfois à un gestionnaire d'éviter des réparations inutiles, ou en tout cas de les "dimensionner au juste coût lorsqu'elles sont nécessaires", explique Bernard Hodac. De quoi aussi aider lors "de travaux délicats où la prise de décision s'effectue de façon globale et très fine", ajoute-t-il.

L'aspect sécuritaire joue aussi une rôle important dans l'attractivité des services proposés par Osmos. La PME a notamment permis de prévenir des écroulements de façade dans un centre commercial aux Pays-Bas ou dans une bouche d'égout en France, et d'éviter des dégâts humains. Ce qui intéresse les assureurs, toujours soucieux de prévenir les sinistres.
S'il devait définir un type de bâtiment à risque, Bernard Hodac conseillerait d'ailleurs de porter une attention toute particulière aux ouvrages qui viennent d'être rénovés ou qui sont en cours de réparation. "Si l'on regarde les catastrophes marquantes de ces dernières années, ce sont pour beaucoup des bâtiments qui venaient d'être réparés", constate-t-il.

Se développer en France...

Alors qu'il a initialement développé son activité dans des pays étrangers, Bernard Hodac souhaite désormais se développer plus significativement en France, où il emploie déjà 140 personnes. Il compte pour ce faire convaincre certaines administrations d'utiliser Liris, notamment les collectivités locales en difficultés financières qui peuvent avoir un intérêt à solliciter la technologie d'Osmos pour prévenir de futurs dégâts et optimiser les coûts de rénovation de leur patrimoine.
"Sous certains aspects, nous sommes un produit de pénurie dans une période où les budgets des collectivités locales sont restreints, notamment pour les petites communes", explique le fondateur d'Osmos, qui a par ailleurs reçu le prix de l'innovation au salon des Maires et des collectivités locales en 2013.

...n'est pas plus difficile qu'ailleurs

Dans un climat tendu pour l'entrepreneuriat français où l'idée répandue est de fuir le territoire national, Bernard Hodac s'engage donc à contre courant d'un discours global. Il faut dire qu'il ne sent pas d'agression particulière des pouvoirs publics français envers le monde des entreprises innovantes.

Plutôt que de s'apitoyer sur le traitement que lui réserve Bercy, son obsession est en fait davantage de "protéger [ses] innovations par une politique de brevets permanentes". "La meilleure des barrières à l'entrée de nouveaux concurrents est de continuer à faire de l'innovation en développant de nouveaux brevets", assure-t-il.

En France comme ailleurs, "l'entrepreneur est de toute façon habitué à rencontrer des obstacles. Le parcours du combattant est à peu près le même partout dans le monde", constate-il en connaissance de cause. Et d'ajouter que "l'adversité peut, du reste, être un facteur de succès dans l'innovation".

Mathias Thépot

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