Telecom Italia affirme ne pas vouloir vendre sa division mobile

Après avoir annoncé hier soir la scission de ses activités, l'opérateur historique italien explique que sa division mobile n'est pas à vendre et tente de calmer les rumeurs. Mais sa nouvelle réoganisation inquiète les politiques et les syndicats italiens ainsi que les analystes financiers

Pourquoi Telecom Italia va-t-il scinder en deux ses activités de téléphonie fixe et mobile et a-t-il décidé hier à l'issue d'une réunion de son conseil d'administration de créer deux sociétés distinctes? La question se pose ce matin, alors que l'opérateur de télécoms italien tente de faire taire la rumeur d'une vente de TIM (Telecom Italia Mobile) qui serait facilitée par cette séparation de ses autres activités: des mobiles d'un côté et de la boucle locale, le dernier maillon du réseau fixe pour accèder aux clients, de l'autre. Deux activités qui pèsent 63% du chiffre d'affaires total du groupe italien. Dans un bref communiqué, Telecom Italia explique "qu'il n'a mandaté personne pour la vente de TIM et qu'il n'a reçu aucune offre. Concernant la scission, il indique "qu'il n'a pas encore pris de décision sur la structure financière de ses unités".

Difficile, donc, de décrypter ce qui apparaît comme un discours ambigu, alors que depuis vendredi, la presse italienne se déchaîne, annonce la vente de TIM pour 35 milliards d'euros et cite les opérateurs européens France Télécom, Deutsche Telekom et Telefonica ainsi que des fonds d'investissement parmi les repreneurs potentiels.

Est-il encore prématuré d'annoncer la cession de TIM, un accord de vente n'étant pas conclu? Ou l'idée d'une cession est-elle vraiment infondée? Le fait est que les déclarations de Marco Tronchetti Provera, le président du groupe italien, sont équivoques. Ainsi, il expliquait hier soir devant des analystes financiers que la scission des activités "permettrait de renforcer la flexibilité de Telecom Italia et qu'il étudierait toute offre pour TIM". Même ambiguïté dans le communiqué de presse délivré à l'issue du conseil d'administration qui indiquait "que le groupe se réserve la possibilité d'examiner les opportunités de valorisation des activités de réseau et du mobile qui se présenteraient". En clair, Telecom Italia laissait penser qu'une cession partielle ou totale de l'une, voire de ses deux divisions, n'est pas exclue. Par ailleurs, le patron de Telecom Italia expliquait hier soir son désir de miser à l'avenir sur le haut débit et sur les médias et annonçait la signature d'un accord avec le groupe de médias News Corp du magnat australien de Rupert Murdoch. Telecom Italia pourra diffuser sur son offre de télévision sur haut débit en Italie, les films des studios 20th Century Fox qui appartiennent à News Corp.

Un accord et une nouvelle stratégie qui laissent penser que Telecom Italia veut à l'avenir se transformer en un groupe de médias, mieux valorisé en Bourse que ne le sont les opérateurs de télécoms. Et qu'il est donc prêt à se désengager du mobile, moins générateur de marges. La vente de Telecom Italia Mobile, leader en Italie avec 40% de part de marché, marquerait en tous les cas, un revirement de la stratégie menée par Telecom Italia ces deux dernières années. Après avoir investi 20 milliards d'euros fin 2004 pour acheter 44% du capital de TIM et reprendre ainsi le contrôle de sa division qu'il avait abandonné il y a quelques années, Telecom Italia prônait alors contre vents et marée l'importance de la convergence entre fixe et mobile. Mais il est vrai que Telecom Italia cherche aussi aujourd'hui à réduire sa dette qui est de plus de 41 milliards d'euros.

Reste à faire passer la pilule, ce qui ne sera pas une mince affaire. En effet, la perspective d'une vente de TIM inquiète au plus haut point les politiques et les syndicats en Italie ainsi que les analystes financiers. Au niveau politique, le gouvernement Prodi a exprimé ce matin ses craintes concernant la possible cession de la division mobile de Telecom Italia à un étranger. Il faut dire que TIM est la dernière entreprise italienne parmi les acteurs du mobile dans le pays. Romano Prodi, le chef du gouvernement italien, s'est dit en privé "déconcerté et préoccupé par un nouvel appauvrissement du tissu industriel du pays", rapporte le quotidien La Repubblica. Le ministre des Infrastructures Antonio Di Pietro a exprimé ses craintes en matière d'emploi. Des préoccupations relayées par les syndicats du pays qui ont annoncé qu'ils prévoyaient une grève d'ici à la fin septembre.

Enfin, les analystes financiers ne sont guère optimistes. "Une vente de TIM serait risquée car Telecom Italia perdrait toute occasion de profiter du développement du marché de la 3G, la troisième génération de téléphones mobiles", prédit Goldman Sachs, tandis que JP Morgan fait la moue et considère "que pour l'instant, aucune des propositions de Telecom Italia n'est créatrice de valeur". Bref, le plan de scission annoncé hier soir ne convainc personne.

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