Le grand mariage à trois dans le secteur des poids lourds européens entre l'allemand MAN et le suédois Scania, sous l'égide du groupe Volkswagen (présent dans les camions au Brésil et dans les utilitaires) va-t-il voir le jour? MAN met en tout cas les bouchées doubles pour acquérir son concurrent scandinave. Il annonce en détenir désormais 11,48% du capital et 14,27% des droits de vote. Cela signifie qu'il a acheté plus que prévu sur le marché. Assuré d'emblée d'obtenir les 5,2% du capital de Scania détenus par Renault, il avait en outre annoncé avoir chargé ses banques d'acquérir cinq autres pourcents. Il ne s'en est apparemment pas contenté.

Non content de monter dans le capital de Scania, MAN relève son offre, en la portant, toujours assortie de 0,151 action nouvelle, de 38,35 à 41,12 euros par titre Scania. Le conglomérat plaide toujours pour une opération "amicale". La Bourse de Stockholm apprécie, le titre Scania gagnant quelque 10,62% à la mi-séance.

Toutefois, Investor, l'actionnaire de référence de Scania puisqu'il détient à travers sa holding et sa fondation 29% des droits de vote, indique qu'il rejette cette nouvelle offre, estimant qu'elle reste sous-évaluée. "Compte tenu des résultats publiés jeudi, nous avons un regard très positif sur l'avenir de Scania" souligne Investor.

Scania rejette lui aussi la nouvelle offre de MAN, regrettant son caractère hostile. Le groupe suédois en profite pour estimer que ses perspectives de croissance sont supérieures à celles du marché. Ce matin, le constructeur de camions a annoncé que son bénéfice net pour le troisième trimestre est en hausse de 55% à 1,281 milliard de couronnes, soit 138 millions d'euros.

Le profit d'exploitation du troisième trimestre, selon les résultats préliminaires, atteint un record à 2,017 milliards de couronnes (218 millions d'euros) contre 1,21 milliard il y a un an. Sur la même période, le chiffre d'affaires s'élève à 16,507 milliards. Scania ajoute qu'il prévoit un résultat d'exploitation nettement supérieur à 8 milliards de couronnes en 2006. Il s'attend en outre à des livraisons annuelles d'environ 65.000 véhicules. Scania explique enfin que son conseil d'administration proposera prochainement une modification de la structure du capital.

Selon le Financial Times, l'étau se resserre sur le constructeur suédois. A bout de patience, Volkswagen, qui détient 34% des droits de vote de Scania, et MAN pourraient mener une offensive conjointe.